Les quatre livres des stratagèmes
qui
rapporte ce fait (liv.XXIII, ch. 18), Fabius n’aurait pu réduire
Capoue par famine, puisque cette ville ne fut prise que deux ans
après, ainsi que nous l’apprend le même historien, liv.XXVI, ch. 8
– 14.
[96] Les sept exemples contenus
dans ce chapitre ne parlent pas des lignes de circonvallation et de
contrevallation que les assiégeants établissent pour couvrir les
travaux de siège, et pour tenir en échec les troupes qui peuvent
venir au secours de la place. Il est cependant prouvé que César et
d’autres capitaines de l’antiquité en ont fait usage.
« Il n’y a que deux moyens d’assurer le siège d’une place : l’un,
de commencer par battre l’armée ennemie chargée de couvrir cette
place, l’éloigner du champ d’opérations, et en jeter les débris au
delà de quelque obstacle naturel, tel que des montagnes ou une
grande rivière ; ce premier obstacle vaincu, il faut placer
une armée d’observation derrière cet obstacle naturel, jusqu’à ce
que les travaux du siège soient achevés, et la place prise. Mais,
si l’on veut prendre la place devant une armée de secours, sans
risquer une bataille, il faut être pourvu d’un équipage de siège,
avoir ses munitions et ses vivres pour le temps présumé de la durée
du siège, et former ses lignes de contrevallation et de
circonvallation en s’aidant des localités, telles que hauteurs,
bois, marais, inondations. N’ayant plus alors besoin d’entretenir
aucunes communications avec les places de dépôt, il n’est plus
besoin que de contenir l’armée de secours ; dans ce cas, on
forme une armée d’observation qui ne la perd pas de vue, et qui,
lui barrant le chemin de la place, a toujours le temps d’arriver
sur ses flancs ou sur ses derrières, si elle lui dérobait une
marche. En profitant des lignes de contrevallation, on peut
employer une partie du corps assiégeant pour livrer bataille à
l’armée de secours. Ainsi, pour assiéger une place devant une armée
ennemie, il faut en couvrir le siège par des lignes de
circonvallation. Si l’armée est assez forte pour qu’après avoir
laissé devant la place un corps quadruple de la garnison, elle soit
encore aussi nombreuse que l’armée de secours, elle peut s’éloigner
de plus d’une marche ; si elle reste inférieure après ce
détachement, elle doit se placer à une petite journée de marche du
siège, afin de pouvoir se replier sur les lignes, ou bien recevoir
du secours en cas d’attaque. Si les deux armées de siège et
d’observation ensemble ne sont qu’égales à l’armée de secours,
l’armée assiégeante doit tout entière rester dans les lignes ou
près des lignes, et s’occuper des travaux de siège, pour le pousser
avec toute l’activité possible.
« Feuquières a dit qu’on ne doit jamais attendre son ennemi dans
les lignes de circonvallation, et qu’on doit en sortir pour
l’attaque. Il est dans l’erreur ; rien ne peut être absolu à
la guerre, et on ne doit pas proscrire le parti d’attendre son
ennemi dans les lignes de circonvallation.
« Ceux qui proscrivent les lignes de circonvallation et tous les
secours que l’art de l’ingénieur peut donner, se privent
gratuitement d’une force et d’un moyen auxiliaire qui ne sont
jamais nuisibles, presque toujours utiles, et souvent
indispensables. Cependant les principes de la fortification de
campagne ont besoin d’être améliorés ; cette partie importante
de l’art de la guerre n’a fait aucuns progrès depuis les anciens :
elle est même aujourd’hui au-dessous de ce qu’elle était il y a
deux mille ans. Il faut donc encourager les officiers du génie à
perfectionner cette partie de leur art, et à la porter au niveau
des autres. » (Napoléon.)
[97] Les Crotoniates, qui
sans doute avaient une citadelle, ainsi que les Épirotes et les
habitants de Delminium, dont il est question dans les deux exemples
précédents, ont péché contre la maxime suivante :
« Les circonstances ne permettant pas de laisser une garnison
suffisante pour défendre une ville de guerre où l’on aurait un
hôpital et des magasins, on doit au moins employer tous les moyens
possibles pour mettre la citadelle à l’abri d’un coup de
main. » (Napoléon.)
[98] Polyen (liv. I, ch.
4o. § 5) attribue, comme Frontin, cette ruse à Alcibiade ;
mais Thucydide, qui entre dans les plus grands détails sur cette
expédition en Sicile, dit positivement (liv. VI, ch. 64) qu’elle
fut
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