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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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interminable,
au cours de laquelle Brahim rassasia à maintes reprises le désir qu’il avait
d’elle. Fatima résista en silence. Fatima obéit en silence. Fatima se soumit en
silence. Elle pleura seulement, pour la deuxième et dernière fois de la journée,
lorsque Brahim lui téta les seins.

 
20.
    À la fin du mois d’octobre, à la tête de dix mille hommes,
Abén Aboo attaqua Órgiva, la plus importante ville sous contrôle chrétien de
toutes les Alpujarras. Après plusieurs tentatives que les assiégés repoussèrent,
à cause de la faim et de la soif, le roi catholique se disposa à rendre les
armes.
    L’inactivité, qui allait de pair avec le siège, sema l’ennui
dans le camp maure. Hernando, chevilles enchaînées, suivit l’armée au côté des
inutiles et effectua le chemin jusqu’à Órgiva monté sur la Vieille : en
amazone, comme une femme, ainsi que le lui avait ordonné Ubaid, il sentait
entrer dans sa chair les os de la mule famélique. Au cours du trajet il fut
constamment l’objet de railleries de la part des femmes et des enfants qui
accompagnaient l’armée. Seul Yusuf, qui avait suivi les mules comme si elles
faisaient partie du marché conclu entre Brahim et le muletier, lui témoignait
de la sympathie et chassait les gamins qui, sitôt qu’Ubaid n’était pas aux
aguets, s’approchaient de lui pour se moquer. Malgré l’inconfort de sa position
et sa honte, il tenta, sans succès, de distinguer Fatima ou sa mère sur le
chemin, parmi la foule. Il y parvint seulement quelques jours après qu’ils se
furent installés aux abords de la ville.
     
    — Humiliez-le, avait ordonné Barrax à ses deux garçons.
Ne le maltraitez pas, sauf en cas d’absolue nécessité. Humiliez-le en présence
de commandants, de janissaires et de soldats, mais surtout en présence de cette
Mauresque. Faites-lui perdre son orgueil. Tâchez de lui faire oublier cette
honnêteté qui l’aveugle.
    Dans le camp, les mignons revêtirent Hernando d’une délicate
tunique en soie verte et d’une culotte bouffante de la même couleur, toutes
deux brodées de pierreries. Ces vêtements appartenaient au plus âgé des deux.
Hernando tenta de s’opposer, mais l’aide de plusieurs Barbaresques oisifs qui
s’amusèrent à le déshabiller et à l’attifer ainsi rendit ses efforts inutiles.
Il essaya d’arracher ses habits mais ils lui lièrent les mains par-devant. Les
garçons décidèrent ensuite de le promener dans le camp attaché, enchaîné et
vêtu de soie verte, parmi les tentes et les huttes de fortune, les soldats et
les femmes qui cuisinaient.
    Ils purent à peine faire deux pas : Hernando se laissa
tomber par terre. L’aîné des garçons le frappa plusieurs fois, au moyen d’un
fin bâton, mais Hernando lui présenta son visage.
    — Vas-y, frappe-moi ! le provoqua-t-il.
    Soldats, femmes et enfants observaient la scène. Le garçon
leva son bâton, mais au moment de lui asséner un nouveau coup, le plus petit,
paré d’une djellaba en lin rouge sang, l’arrêta.
    — Attends, dit-il en lui faisant un clin d’œil.
    Alors il s’agenouilla à côté d’Hernando et se mit à lui lécher
la joue. Après un instant de silence, et devant le visage furieux d’Hernando,
certains curieux applaudirent et poussèrent des cris, d’autres sifflèrent. De
nombreuses femmes montrèrent leur désapprobation par des gestes et des
insultes, tandis que les enfants se contentaient de regarder l’étrange scène,
les yeux exorbités. L’aîné des mignons éclata de rire et posa son bâton.
L’autre continua et fit glisser sa langue de la joue d’Hernando à son cou, tout
en pelotant de sa main droite son entrejambe. À ce seul contact Hernando se
retourna mais, attaché comme il l’était, il lui fut impossible d’éviter ce
tripotage. Il essaya de mordre le garçon. En vain. Il n’entendait que des cris
et des rires. L’aîné s’approcha également de lui en souriant.
    — Assez ! cria alors Hernando. C’est bon !
    Les deux mignons l’aidèrent à se relever, et reprirent leur
promenade.
    Il déambula dans le camp, aussi vite que le lui permettait
la chaîne qui liait ses chevilles. Il ne leur fallut guère de temps pour tomber
sur Aisha et Fatima, dont le visage était voilé. Hernando les reconnut, même
sans Humam et Musa à leur côté. Ce dernier courut rejoindre les gamins qui se
moquaient du petit cortège. Cette rencontre n’était pas le fruit du
hasard : les garçons

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