Les révoltés de Cordoue
chrétiennes, par leur exécution en masse en présence de don Juan
d’Autriche en personne, qui ordonna ensuite la destruction de la ville. Galera
fut dévastée, incendiée et parsemée de sel.
Au cours du siège, le prince décida également le massacre
des femmes et des enfants, sans tenir compte ni des âges ni des conditions. En
dépit du carnage, l’armée repartit avec quatre mille cinq cents femmes et enfants
réduits en esclavage, de l’or, des perles, de la soie, des richesses de tout
type, et assez de blé et d’orge pour subvenir à ses besoins pendant toute une
année.
Abén Aboo ne vint pas défendre Galera et les milliers de
Maures qui s’étaient réfugiés dans la ville. Après la reddition d’Órgiva, il
attaqua Almuñecar et Salobreña, où il fut vaincu. Il dispersa ensuite ses
forces dans toutes les Alpujarras, avec l’ordre de combattre par escarmouches
contre l’ennemi en attendant l’aide de la Sublime Porte, qui n’arriverait
jamais, erreur qui permit au duc de Sesa d’entrer dans la région et de prendre
toutes les places entre el Padul et Ugíjar. De son côté, don Juan d’Autriche
continua à exterminer des villages entiers.
La mort, la faim – conséquences de la stratégie
chrétienne de la terre brûlée – et le froid, les montagnes déjà enneigées,
commencèrent à creuser une brèche dans l’esprit des Maures et de leurs alliés
au-delà du détroit.
La défaite de Salobreña offrit une mince satisfaction à
Hernando. Lorsque le gouverneur de la ville, don Diego Ramírez de Haro repoussa
l’attaque, les Maures s’enfuirent précipitamment vers les montagnes. Les gens
inutiles qui accompagnaient l’armée avec les bagages – femmes, enfants et
anciens – partirent dans la confusion, emportant leur équipement, tandis
qu’à l’avant, le roi, Brahim, Barrax, les autres commandants et la soldatesque,
libres de toute entrave, se souciaient seulement de leur vie.
Hernando, chevilles enchaînées mais aidé par Yusuf, profita
du désordre ambiant pour sauter jusqu’à la Vieille. À côté de cette mule se
trouvait celle qui transportait les vêtements, parures et autres accoutrements
des deux mignons. Les gens criaient et se hâtaient ; personne ne lui
prêtait attention. Il pouvait tenter de… Pourquoi pas ? Il vit Aisha et
Fatima qui s’enfuyaient. Il aperçut aussi les garçons, dans leurs tuniques
éblouissantes, qui couraient perdus dans la foule, à la recherche de cette
mule. Les mignons adoraient leur garde-robe ; Hernando les avait vus se
parfumer et prendre soin de leurs habits et ornements comme des femmes… Plus
encore ! Peut-être que… Que feraient-ils en voyant tous leurs trésors en
danger ?
Il fit signe à Yusuf de les surveiller. Juste avant que les
garçons n’arrivent jusqu’à eux, offusqués et haletants, Hernando dénoua les
attaches des sacs ainsi que la sangle qui les maintenait aux flancs de
l’animal. Ubaid donna l’ordre d’avancer et le troupeau se mit en route. Alors
les sacs se renversèrent, éparpillant à terre le trésor des garçons qui
couraient après la mule pour ramasser leurs affaires. Ubaid s’en aperçut mais
ne s’arrêta pas ; l’armée maure s’enfuyait à toute vitesse devant eux.
Yusuf souriait en tournant la tête vers les garçons, puis en direction
d’Hernando.
Les amants du corsaire firent tout leur possible pour
récupérer les vêtements, flacons et bijoux qui s’étalaient sur le chemin,
ramassant les uns et perdant les autres. Dans leurs tenues colorées qui se
détachaient comme des fanaux, ils crièrent et supplièrent Ubaid de les
attendre.
Personne ne leur vint en aide.
Hernando contempla la scène juché sur la Vieille, fuyant au
côté du troupeau : une matrone poussa l’un des mignons lorsqu’elle le vit
accroupi en train de ramasser un vêtement ; le garçon tomba à plat ventre et
perdit tout ce qu’il tenait entre ses bras. Le second mignon accourut
rapidement à son aide, glapissant des malédictions, et une autre femme lui fit
un croche-pied. La suivante lui cracha dessus et une autre encore lui donna un
coup. Ils perdirent leurs jolies babouches, dont plusieurs morveux s’emparèrent
pour jouer. À mesure que la colonne d’inutiles s’échappait, les femmes et les
enfants ramassaient quelque chose sur le chemin. La dernière fois qu’Hernando
put voir les garçons, ils étaient déjà loin derrière la file de gens, debout,
pieds nus et sales,
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