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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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besoin d’argent, répondit Brahim avec franchise.
    El Sobahet sourit avec cynisme.
    — Tous les Maures en ont besoin.
    — Mais combien d’entre eux s’échappent de Cordoue,
pénètrent dans la Sierra Morena et viennent jusqu’à toi ?
    Le monfí réfléchit aux paroles de Brahim. À quelques mètres
de là, Aisha tentait d’écouter la conversation. L’enfant s’était enfin apaisé.
    — Les chrétiens paieraient cher pour m’arrêter, moi et
mes hommes. Qui me dit que tu n’es pas un espion ?
    — Voilà ma femme et mon fils, répondit Brahim en
désignant Aisha. Je mets leurs vies entre tes mains.
    — Et que pourrais-tu faire pour moi ? demanda El
Sobahet, satisfait par la réponse.
    — Je suis muletier de profession. J’ai participé au
soulèvement et j’ai été lieutenant d’Ibn Abbu dans les Alpujarras. Je m’y
connais en troupeaux, et d’un seul coup d’œil à leurs harnais et équipements,
je peux dire ce qu’ils transportent et quels sont leurs défauts. Je peux me
déplacer n’importe où avec un troupeau de mules, même dans les coins les plus
dangereux, de jour comme de nuit.
    — Nous avons déjà un muletier avec nous, mon second,
mon homme de confiance, l’interrompit El Sobahet.
    Brahim se tourna vers les esclaves.
    — Non. Il n’est pas là. Nous l’attendons. Et nous avons
déjà envisagé la possibilité d’avoir quelques mules avec nous pour nous aider,
mais nous bougeons très rapidement. Les mules ne feraient que gêner nos
déplacements.
    — Avec de bons animaux je peux me déplacer aussi
rapidement que n’importe lequel de tes monfíes, et dans des endroits où n’irait
jamais un homme. Tu devrais en avoir, ils multiplieraient tes bénéfices.
    — Non, dit le monfí en accompagnant son refus d’un geste
de la main. Ça ne m’intéresse pas…, commença-t-il, comme s’il estimait la
conversation terminée.
    — Laisse-moi te le prouver ! insista Brahim. Quel
risque cours-tu ?
    — Mettre entre tes mains notre butin, muletier. Voilà
le risque. Que se passerait-il si tu restais en arrière avec tes mules
chargées ? Nous serions obligés de t’attendre et de risquer nos vies… ou
de te faire confiance.
    — Je ne te décevrai pas.
    — J’ai trop souvent entendu cette promesse, allégua El
Sobahet avec une grimace.
    — Je pourrais te servir d’espion…
    — J’ai déjà des espions à Cordoue et dans les villages
alentour. Je suis informé de toutes les caravanes qui empruntent le chemin de
las Ventas. Si tu veux rejoindre ma bande, je te mettrai à l’épreuve, comme je
le fais avec chacun. C’est tout ce que je peux t’offrir.
    Au même moment, un autre groupe de monfíes apparut entre les
arbres.
    — Allons-y ! cria El Sobahet. Réfléchis à ce que
je t’ai dit, muletier, et viens avec nous si tu veux. Mais tout seul, sans ta
femme et ton fils.
    — Chienne ! Que fait cette pute ici ?
    Le cri résonna parmi les hommes qui s’affairaient et se
préparaient à partir. El Sobahet sursauta. Brahim se tourna vers l’endroit où
se trouvait Aisha.
    Ubaid ! Aisha restait pétrifiée devant le muletier de
Narila, qui venait d’arriver dans le camp. Un silence soudain s’ensuivit. Ubaid
se tourna vers Brahim, comme s’il avait deviné sa présence.
    Les deux muletiers se toisèrent avec défi.
    — Il manque juste le nazaréen pour que s’accomplisse
mon plus beau rêve, sourit le Manchot.
    Brahim quêta du regard l’aide du chef des monfíes.
    — C’est l’homme dont je t’ai tant de fois parlé.
    El Sobahet eut une expression plus dure.
    — C’est lui qui m’a coupé la main.
    — Alors il est à toi, Manchot. Lui et sa famille,
cracha-t-il en désignant Aisha et le bébé. Mais fais vite. Nous devons partir.
    — Quel dommage que le nazaréen ne soit pas là !
Tranchez-lui la main, ordonna Ubaid. À lui et à son fils. Que sa descendance se
souvienne toujours pourquoi on m’appelle Ubaid de Narila le Manchot.
    Avant même qu’Ubaid ait fini de parler, deux hommes se
saisirent de Brahim. Aisha se mit à hurler, tentant de protéger Shamir, alors
que d’autres monfíes s’efforçaient de le lui arracher. Le petit éclata de
nouveau en sanglots, et pendant qu’Aisha le défendait, le protégeant à terre de
son corps, les monfíes qui se battaient avec Brahim l’obligèrent à
s’agenouiller. Ce dernier criait, lançait des insultes et se débattait. Ils
étendirent l’un de ses bras et le

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