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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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trésor de ses frères, mais il avait ensuite été réduit en esclavage,
taxé une fois encore de chrétien, et il avait dû refuser de renier une religion
qui n’était pas la sienne pour ne pas devenir le mignon de Barrax. À Cordoue,
dans la cathédrale, il avait travaillé pour le conseil religieux et recopié des
milliers de fois le Livre révélé, alors qu’au même moment l’Inquisition le
forçait à assister, en tant que bon chrétien qui collaborait avec le
Saint-Office, à la torture et à la mort de Karim. Et à présent qu’il venait de
trouver l’étrange et mystérieux évangile de Barnabé, l’Église réapparaissait
pour lui imposer une nouvelle collaboration. Pourtant, il savait qui était son
Dieu, l’Unique, le Miséricordieux… Qu’aurait pensé de lui le bon Hamid en le
voyant dans cette situation ?
    — Je suis désolé, je ne sais pas danser, dit-il, sans
réfléchir, devant le visage interrogateur de la dame en bleu qui, toujours à
ses côtés, semblait attendre une réponse.
    Il n’avait pas entendu sa question. La réponse fournie
n’était peut-être pas la bonne, conclut-il face à l’air offensé de la femme,
qui lui tourna le dos sans un mot.
    Le bal se prolongea jusque tard dans la nuit. Don Sancho
ressurgit, en sueur, sur la terrasse, lorsque la musique s’arrêta à la demande
de don Ponce. Les danses étaient terminées.
    — Pour clore la fête, cria le juge du haut de la petite
estrade où avaient joué les musiciens, je vous invite à venir voir le feu
d’artifice que nous avons préparé en l’honneur de notre invité. Je vous prie de
vous rendre sur les terrasses et dans les jardins.
    Don Ponce chercha son épouse et alla trouver Hernando.
    — Accompagnez-nous, s’il vous plaît, le pria-t-il.
    Ils s’installèrent au premier rang, sur la balustrade qui
délimitait la terrasse du salon principal. Isabel tournait le dos à Hernando et
au doyen Fonseca. Quelqu’un émit un signal lumineux depuis la villa, et une
partie des remparts de l’Alhambra s’éclaira d’un feu jaune intense. Les gens,
entassés les uns derrière les autres, se répandirent en exclamations dès que
des boules de feu sillonnèrent le ciel étoilé. Sans le vouloir, ils se
pressèrent tous contre la balustrade pour mieux assister au spectacle. Une
succession de rayons traversa le ciel nocturne et Hernando sentit la chaleur du
corps d’Isabel. Le fracas des explosions de poudre se confondit en lui avec la
respiration chaude, entrecoupée, d’Isabel à son oreille. La jeune femme ne
bougeait pas, n’esquivait pas le contact. Les invités étaient absorbés par le
feu d’artifice ; nul ne remarqua le geste, mais Hernando sentit une main
effleurer la sienne. Il tourna la tête. Isabel ébaucha un sourire timide. Alors
il pressa doucement cette main. Collés dans la foule des invités regroupés sur
la terrasse, ils s’amusèrent à entremêler leurs doigts, approchèrent leurs
corps l’un contre l’autre, jusqu’au moment où un chapelet de pétards conclut le
feu d’artifice. Alors, applaudissements et vivats éclatèrent.
    Puis les invités commencèrent à quitter la villa. Cette
fois, Hernando n’eut plus aucun doute : au milieu des personnes qui
prenaient congé, Isabel soutint son regard lorsqu’il rechercha le sien.

 
48.
    — Que s’est-il passé à Juviles ?
    Le notaire du conseil religieux s’était empressé de formuler
cette question, une fois les présentations formelles effectuées, prêt à
retranscrire dès que possible la réponse d’Hernando. Ils se trouvaient dans une
petite pièce, près des archives de la cathédrale.
    C’était au lendemain de la fête. À la première heure, alors
que la maison dormait encore – à l’exception du juge, que rien ni personne
n’aurait fait manquer à ses obligations –, Hernando avait dû se rendre à
la convocation du doyen. Monté sur Volador et flanqué d’un serviteur, il avait
traversé l’Albaicín jusqu’à la calle de San Juan. Il était passé près de
l’ermitage de San Gregorio et, de là, était arrivé à la calle de la Cárcel, qui
longeait la cathédrale. Cette dernière, comme celle de Cordoue, se trouvait
alors en travaux : ceux du sanctuaire étaient terminés et on s’attaquait
aux tours. Seulement, à la différence de celui de Cordoue, le temple grenadin
n’était pas érigé sur l’ancienne grande mosquée, mais à ses côtés. La Grande
Mosquée de Grenade avec son

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