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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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poignardé don Martín.
    — Je n’aime pas les voir mourir, se rappelait-il avoir
dit à Hamid, devant la file de chrétiens nus et attachés qui se dirigeaient vers
leur fin. Pourquoi faut-il les tuer ?
    — Moi non plus, lui avait répondu l’uléma. Mais nous
devons le faire. Ils nous ont obligés à devenir chrétiens sous peine d’exil, ce
qui est une autre façon de mourir, loin de sa terre et de sa famille. Ils n’ont
pas voulu reconnaître le Dieu unique ; ils n’ont pas saisi l’opportunité
qu’on leur offrait. Ils ont choisi la mort.
    Comment aurait-il pu retranscrire les paroles d’Hamid dans
un rapport destiné à l’archevêque ? Quant à Isabel, elle semblait avoir
surmonté la honte avec laquelle elle avait abandonné sa chambre après leur
seule étreinte, allant et venant dans la maison avec une feinte désinvolture.
Cependant, le doute assaillait Hernando dès qu’il rencontrait le regard de la
jeune femme : parfois elle soutenait le sien quelques instants, parfois
elle baissait rapidement les yeux. Sa jeune camériste en revanche était moins
discrète ; elle s’était même permis de lui sourire d’un air coquin. C’est
elle qui avait dû ramasser les vêtements de sa maîtresse.
    Le matin même du jour où Hernando devait se rendre chez les
Granada Venegas, il s’était une fois de plus retrouvé en même temps qu’Isabel
sur la terrasse. Un désir mutuel les avait envahis tandis qu’un silence gênant
s’installait entre eux. Mais Hernando, malgré la passion qu’il ressentait, ne
voulait pas répéter une expérience qui avait seulement satisfait son côté le
plus instinctif, sans lui faire atteindre l’extase espérée.
    — Tu dois apprendre à jouir de ton corps, avait-il
murmuré à la jeune femme, la sentant frissonner à ses paroles.
    Isabel avait rougi, mais elle n’avait pas protesté et
s’était laissé conduire une deuxième fois dans la chambre d’Hernando.
    Il aurait voulu lui dire qu’on pouvait accéder à Dieu par le
plaisir, mais il s’était contenté de lui en donner, tâchant de ne pas
l’effrayer dès qu’elle s’était tendue, retenant ses gémissements. Isabel lui
avait permis de caresser ses seins, sans toutefois les découvrir, lui tournant
le dos, cambrée, se mordant la lèvre inférieure chaque fois qu’il pinçait ses
tétons dressés. Mais elle s’était échappée, comme si elle avait fui le diable,
abandonnant de nouveau ses habits, quand Hernando avait glissé sa main entre
ses jambes.
    — Nous sommes arrivés, dit l’hidalgo, interrompant les
pensées du Maure.
    Hernando se trouvait devant une grosse tour carrée,
surmontée de créneaux, avec deux balcons et, sur plusieurs niveaux, cinq
sculptures représentant de plain-pied des personnages de l’Antiquité. Derrière
la tour qui donnait sur la rue s’étendait un bâtiment noble, dont les nombreux
salons étaient distribués sur différents étages, autour d’un patio comptant six
colonnes aux chapiteaux nasrides et un jardin à l’extrémité opposée. Après
avoir laissé leurs chevaux aux mains des domestiques, ils pénétrèrent dans le
palais et suivirent un portier dans un étroit escalier qui menait à un grand
salon au deuxième étage.
    — On l’appelle la « Salle dorée », murmura
don Sancho à Hernando alors que le domestique ouvrait les portes sur les
battants desquelles on pouvait voir des bustes couronnés.
    Dès qu’il entra, le Maure comprit pourquoi : la pièce
était inondée de reflets dorés provenant du superbe arc à caissons du plafond,
vert et or, où apparaissaient des personnages masculins sculptés.
    — Bienvenue.
    Don Pedro de Granada s’écarta du groupe d’hommes avec qui il
discutait et tendit la main à Hernando.
    — Nous avons été présentés lors de la fête que le juge
don Ponce a donnée en votre honneur, mais nous n’avons pu échanger qu’un bref
salut. Soyez le bienvenu chez moi.
    Hernando accepta la main du noble, qui garda la sienne un
peu plus longtemps que nécessaire. Il en profita pour examiner son hôte –
mince, un grand front dégarni, une barbe noire soignée et une expression
intelligente – et s’efforça de ne pas afficher ses préjugés : don Pedro
et ses aïeux avaient renoncé à la véritable religion et collaboré avec les
chrétiens.
    Après avoir salué l’hidalgo, le seigneur de Campotéjar les
présenta tous deux aux personnes qui se trouvaient dans la Salle dorée :
Luis

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