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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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reconnaissaient sans vergogne
qu’ils avaient eux-mêmes été du côté chrétien lors de la guerre des Alpujarras.
C’étaient des nobles, érudits, médecins ou poètes, vendus à l’évangélisation,
comme don Pedro de Granada. Castillo travaillait pour l’Inquisition ! Et
si cette invitation n’était qu’une ruse pour le démasquer ?
    — Finalement, je ne les ai pas achetés.
    Cette déclaration soudaine du traducteur mit Hernando sur
ses gardes.
    — Ils étaient écrits sur du papier grossier et
interlignés en aljamiado, comme si…
    — Pourquoi me racontez-vous tout cela ? le coupa
le Maure.
    — Que racontez-vous à mon invité ?
    Hernando se retourna et se retrouva nez à nez avec don Pedro
de Granada.
    — Nous discutions du travail d’Alonso à la bibliothèque
du roi, expliqua Luna. Et du fait que nous avions connu don Julián, le
bibliothécaire de la cathédrale de Cordoue.
    — Quelqu’un de bien, appuya le noble. Voué au service
de la religion…
    Le seigneur de Campotéjar laissa flotter ses dernières
paroles.
    Hernando sentit sur lui l’attention des trois hommes. Que
voulait-il dire ? Don Julián, le bibliothécaire, était un musulman caché
sous les habits d’un prêtre.
    — Oui, mentit-il. C’était un bon chrétien.
    Don Pedro, Luna et Castillo échangèrent des regards. Le
noble hocha la tête en direction de Castillo, comme s’il lui donnait son
consentement. Le traducteur, avant de parler, s’assura que personne ne pouvait
les entendre.
    — Don Julián m’a raconté que c’était vous qui copiiez
les exemplaires du Coran, lâcha-t-il alors, le visage sérieux. Pour les
distribuer dans Cordoue.
    — Je n’ai pas…, commença à nier Hernando.
    — Il m’a raconté aussi, ajouta-t-il en pressant plus
fort son bras, que vous jouissiez de la confiance du conseil des anciens au
côté de Karim, Jalil et… comment s’appelait-il déjà ? Ah oui, Hamid,
l’uléma de Juviles.
    Hernando était entouré par les trois hommes. Il ne savait
que faire, que dire, où regarder.
    — Hamid, intervint alors don Pedro, était un descendant
de la dynastie nasride. Nous avions une certaine parenté. Sa famille a choisi
un autre chemin : l’exil dans les Alpujarras, avec Boabdil. En revanche,
ils n’ont pas suivi le Petit Roi aux Barbaresques.
    Hernando tira sur son bras pour se dégager définitivement de
Castillo.
    — Messieurs, dit-il en faisant mine d’abandonner le
groupe, je ne comprends pas de quoi vous parlez, mais…
    — Écoutez, l’interrompit brusquement Castillo, tout en
s’écartant pour le laisser passer, comme s’il n’avait pas l’intention de
l’obliger à rester avec eux. Vous croyez peut-être que don Julián, le
bibliothécaire, aurait été capable de vous trahir et de raconter tout ce que
nous venons de vous révéler à de simples renégats, car c’est ce que vous pensez
de nous à cet instant ?
    Hernando s’arrêta net. Don Julián ? Mille souvenirs
revinrent en un éclair à sa mémoire. Jamais il n’aurait fait cela ! Y
compris sous la torture, comme Karim. Même l’Inquisition n’avait pas réussi à
faire avouer au vieillard le nom qu’elle voulait et qui n’était autre que le
sien : Hernando Ruiz, de Juviles ! Les vrais musulmans ne se
dénonçaient pas entre eux.
    — Réfléchissez, entendit-il lui dire Luna.
    — Je sais beaucoup de choses sur votre compte, insista
Castillo. Don Julián avait beaucoup d’estime pour vous et la plus haute
considération.
    Pourquoi le prêtre leur aurait-il parlé de lui ?
continuait à s’interroger Hernando. Peut-être parce que ces trois hommes
luttaient pour la même cause que lui. Mais luttait-il encore pour quelque
chose ? Sa propre mère venait de le répudier.
    — Je n’ai plus rien à voir avec tout cela, affirma-t-il
d’une petite voix. La communauté de Cordoue m’a rejeté dès qu’elle a appris l’aide
que j’ai apportée aux chrétiens pendant la guerre…
    — Nous jouons tous à ce jeu-là, objecta don Pedro de
Granada. Moi le premier. Regardez, ajouta-t-il en montrant un grand coffre
situé derrière Miguel de Luna, qui se poussa pour lui laisser le champ libre.
Vous voyez l’écu d’armes ? C’est le blason des Granada Venegas ; ces
armes se sont trouvées du côté des rois chrétiens lors des guerres contre notre
peuple, mais distinguez-vous leur emblème ?
    — Lagaleblila, lut Hernando à haute voix. Qu’est-ce que
cela

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