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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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arriva aux abords
de l’église, il tomba sur un groupe de femmes, d’enfants et de vieillards qui
semblaient agités. Ils s’étaient rassemblés autour des débris de l’ancienne
cloche de l’église. Hernando s’approcha.
    — Hamid connaît bien nos lois, soutenait l’un des
anciens.
    — Cela fait longtemps, marmotta un autre, qu’on n’a pas
jugé un musulman selon nos lois. À Ugíjar…
    — À Ugíjar on ne nous a jamais rendu justice ! le
coupa le premier.
    Un murmure d’assentiment parcourut le groupe. Hernando
observa les villageois : c’étaient des personnes âgées, femmes et enfants
qui n’avaient pas participé à la révolte et qui, à présent, marchaient en
direction du château. Aisha se trouvait parmi eux.
    — Que se passe-t-il, mère ? lui demanda-t-il
lorsqu’il arriva à sa hauteur.
    — Ton père a fait appeler Hamid au château, lui
répondit Aisha sans s’arrêter. On va juger un muletier de Narila qui a volé un
bijou.
    — Que va-t-on lui faire ?
    — Certains disent qu’il sera fouetté. D’autres qu’on va
lui couper la main droite ou même qu’il sera condamné à mort. Je ne sais pas,
mon fils. Quoi qu’on lui fasse, il le mérite, lui dit sa mère tout en marchant.
Ton père m’a souvent parlé de lui : il dérobait des marchandises qu’il
transportait. Il a eu pas mal de problèmes et des procès avec des Maures, mais
le maire d’Ugíjar prenait toujours sa défense. Quelle honte ! C’est une
chose de voler les chrétiens, c’en est une autre de s’en prendre à ceux de sa propre
race ! On raconte qu’il était ami avec…
    Hernando cessa d’écouter sa mère et se rappela la discussion
entre son beau-père et El Partal, ainsi que l’échange de regards entre les deux
muletiers quand Brahim avait refusé de serrer la main d’Ubaid. Brahim était
capable de beaucoup de choses, mais il n’aurait jamais volé un musulman !
Aisha continuait à marcher ; elle parlait et gesticulait au côté des
autres femmes, qui hochaient la tête avec de semblables simagrées.
    Hernando s’arrêta. Il ne voulait pas assister au jugement.
Il était certain… que le muletier de Narila l’accuserait en public.
    — Je dois soigner les mules, s’excusa-t-il au moment où
un groupe d’enfants le dépassa en courant.
    Un frisson parcourut la peau du jeune garçon. Le
tuer… ! Et pourquoi pas ? N’avait-il pas tenté de le faire,
lui ? Sans la Vieille… Ne l’avait-il pas menacé de mort ? Et
Gonzalico ? Il s’était cruellement vengé sur le petit… même si son acte
n’avait pas été plus atroce que ceux des autres Maures. Hernando chassa ces
pensées de sa tête. Hamid déciderait : il énoncerait sans nul doute la
bonne sentence.
     
    Le procès débuta après la prière du milieu de journée et se
prolongea tout l’après-midi. Ubaid nia avoir dérobé la croix, et remit même en
cause la capacité d’Hamid à le juger.
    — C’est exact, reconnut l’uléma, qui tenait entre ses
mains la croix trouvée entre le harnais de la mule. Je ne suis pas un alcall ; je ne peux même pas, après tant d’années, me considérer encore comme un
uléma. Tu préfères que ce soit quelqu’un d’autre qui te juge ?
    Le muletier observa que certains hommes, regroupés autour du
juge, tout en faisant mine d’avancer, portaient la main à leur dague et à leur
épée ; alors seulement il reconnut l’autorité d’Hamid. Ubaid n’obtint
aucun témoignage en sa faveur : personne ne répondit positivement aux
questions par lesquelles Hamid commença son interrogatoire.
    — Témoignes-tu que le dénommé Ubaid, muletier de
Narila, est un homme de droit et qu’il n’y a rien à lui reprocher, qu’il
réalise la profession de foi et ses purifications, qu’il suit la loi de
Mahomet, donne et reçoit avec bonté ?
    Tous soulignèrent les nombreux problèmes que le muletier
avait eus avec ses frères de foi. Deux femmes s’avancèrent même sans avoir été
appelées à témoigner et, comme si elles avaient voulu appuyer les déclarations
de leurs hommes, affirmèrent l’avoir vu la nuit précédente commettre
l’adultère.
    Hamid fit la sourde oreille aux accusations qu’un Ubaid
désespéré lançait contre Hernando, et il le condamna à avoir la main droite
coupée pour vol. Cependant, comme l’accusation d’adultère n’avait pas été
confirmée par quatre témoins, il ordonna également que les deux femmes qui
avaient témoigné

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