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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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royal au cas où il serait appliqué.
    Hernando partageait les craintes de ses frères de foi. Après
la naissance de Muqla, Rafaela avait donné naissance à un autre beau garçon,
Musa, puis à une fille, Salma, dont les prénoms chrétiens étaient Luis et Ana.
Aucun d’eux n’avait les yeux bleus. Il avait une grande famille et se montrait
préoccupé de voir les riches Maures, qui avaient leurs entrées à la cour, fuir
le pays. Pour toutes ces raisons, il prit ses dispositions dans le but de se
rendre à Grenade, afin d’aller voir où en était l’affaire des plombs.
    Il récupéra la cédule concédée en son temps par l’archevêque
de Grenade et qu’il gardait jalousement. Plus personne ne s’intéressait aux
martyrs des Alpujarras ; suffisamment de saints et de martyrs de
l’Antiquité, disciples de l’apôtre Jacques, avaient été découverts au
Sacromonte pour se préoccuper encore de quelques paysans torturés par les
Maures quarante ans plus tôt. Néanmoins, aucun alguazil, gouverneur ou archer
de la sainte Confrérie n’osa mettre en doute le document qu’Hernando exhiba avec
autorité dès qu’on le lui demanda. Près de la cédule, dissimulés derrière un
faux mur, se trouvait l’exemplaire du Coran, désormais achevé, la copie de
l’évangile de Barnabé, remontant à l’époque du chef Almanzor, et la main de
Fatima. Comme chaque fois qu’il ouvrait cette cachette, Hernando prit le bijou
et l’embrassa en pensant à Fatima. L’or avait noirci.
     
    De mauvaises nouvelles l’attendaient à Grenade. À l’instar
des chrétiens cordouans qui s’étaient définitivement emparés de la mezquita,
les Grenadins s’étaient appropriés le Sacromonte. Comme ils en avaient
l’habitude, Hernando, don Pedro, Miguel de Luna et Alonso del Castilla se
réunirent dans la Salle dorée de la maison de los Tiros.
    — Il est inutile que nous fassions parvenir l’évangile
de Barnabé au sultan…, dit don Pedro. Cela n’a aucun sens. Il faut que l’Église
reconnaisse l’authenticité des livres de plomb ; surtout celui qui fait
référence au Livre muet et annonce qu’un jour arrivera un grand roi avec un
autre texte, lisible celui-là, qui fera connaître la révélation de la Vierge
Marie contenue dans le livre indéchiffrable.
    — Mais les reliques…, l’interrompit Hernando.
    — Sur ce point, nous avons gagné, intervint Alonso del
Castillo, qui avait terriblement vieilli. Les reliques ont été déclarées
authentiques et elles sont vénérées comme telles. L’archevêque Castro a décidé
d’élever une grande collégiale sur le Sacromonte.
    — Une collégiale, soupira doucement Hernando. Ce
n’était pas le résultat escompté. La doctrine des livres est musulmane ! faillit-il
crier. Comment les chrétiens peuvent-ils bâtir une église à l’endroit où l’on a
découvert des plombs qui exaltent le Dieu unique ?
    — L’archevêque, intercéda cette fois Luna, n’autorise
personne à voir ces plombs. Bien qu’il ne sache pas l’arabe, il dirige
personnellement leur traduction, et quand quelque chose ne lui plaît pas, il le
change lui-même, en se passant du traducteur. J’en ai fait l’expérience. Le
Saint-Siège et le roi réclament les livres, mais l’archevêque refuse de les
envoyer. Il les garde par devers lui, comme s’ils lui appartenaient.
    — Dans ce cas, allégua alors Hernando, la vérité ne
sera jamais révélée.
    Sa voix était celle de la défaite. Les reflets dorés des
peintures du plafond dansèrent dans le silence qui s’imposa soudain entre les
quatre hommes.
    — Nous n’aurons pas le temps, insista-t-il tristement.
Ils nous expulseront ou nous anéantiront avant.
    Personne ne répondit. Hernando perçut un malaise chez ses
interlocuteurs, qui s’agitaient sur leurs sièges en évitant son regard. Il en
comprit aussitôt la raison : ils avaient échoué, mais eux ne seraient pas
expulsés. C’étaient des nobles, et ils travaillaient pour le roi.
    — Nous pouvons faire en sorte que ta famille et toi ne
soyez pas touchés par l’expulsion ou toute autre mesure adoptée contre les
nôtres, si tel devait être le cas un jour, dit don Pedro à Hernando.
    Ce dernier, considérant la conversation terminée, s’était
levé et s’apprêtait à quitter la Salle dorée. Scrutant le noble, il s’était
redressé, les bras posés sur son fauteuil.
    — Et nos frères ? interrogea-t-il sans pouvoir
dissimuler un certain

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