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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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guerre fuiraient avec le butin,
après avoir libéré les quatre cents et quelques prisonnières chrétiennes comme
preuve de leur bonne volonté et afin de continuer les négociations de paix que
certains dirigeants avaient entamées. Pendant ce temps, leurs femmes,
terrifiées, se virent contraintes d’être séparées de leurs maris et d’attendre
l’arrivée des chrétiens.
    — Tu veux faire mourir mes enfants ? cria Brahim à
Aisha du haut de l’aubère, lorsque celle-ci lui proposa de le suivre. Les
petits ne résisteront pas à l’hiver dans les montagnes. Ce n’est pas une
promenade. C’est la guerre, femme !
    Aisha baissa le regard. Raissa et Zahara sanglotaient,
accablées ; les garçons, percevant la tension générale, contemplaient leur
père avec admiration. Hernando, en tête des mules surchargées par le butin
qu’ils ramenaient du château, sentit son estomac se nouer.
    — On pourrait…, tenta-t-il d’intervenir.
    — Tais-toi ! l’interrompit son beau-père. Tu te
fiches pas mal du sort de tes frères. Reste là et veille sur eux !
ordonna-t-il à son épouse.
    Brahim éperonna son cheval et les mules le suivirent, tandis
qu’Hernando attendait que sa mère relève les yeux. Ressaisie, elle finit par le
faire.
    — La paix viendra, assura-t-elle avec détermination à
son fils. Ne t’inquiète pas.
    Hernando, les yeux brillants, voulut la prendre dans ses
bras, mais Aisha le repoussa.
    — Tes mules s’en vont, lui indiqua-t-elle. Pars avec
elles ! insista sa mère en se redressant.
    Elle lui caressa les cheveux, comme si elle voulait ôter
toute importance à la situation.
    Quand elle perçut la douleur sur le visage de son fils, elle
éleva la voix :
    — Pars !
    Le garçon cependant ne put encore suivre ses mules. À la
porte du château, il tomba sur Hamid, qui prenait congé des combattants en les
encourageant, leur assurant que Dieu était avec eux, qu’il ne les abandonnerait
pas…
    — Hâte-toi ! dit Hernando à l’uléma. Que fais-tu
ici, immobile… ?
    — Mon aventure s’arrête là, mon fils, le coupa ce
dernier.
    Mon fils ! C’était la première fois qu’il l’appelait
ainsi.
    — Tu ne peux pas rester ici ! s’exclama tout à
coup Hernando.
    — Si. Il le faut. Je dois rester avec les femmes, les
enfants et les anciens. C’est ma place. À quoi servirait un boiteux dans mon
genre sur les chemins de montagne ?
    Hamid se força à sourire.
    — Je ne serais qu’une entrave.
    Sa mère, Hamid… Peut-être devrait-il rester lui aussi ?
Sa mère n’avait-elle pas affirmé que la paix viendrait ? L’uléma devina
ses pensées, alors que des dizaines de Maures, en fuite, passaient à leur côté.
    — Bats-toi pour moi, Ibn Hamid. Tiens.
    L’uléma détacha l’épée qui pendait de sa ceinture et la lui
tendit.
    — N’oublie jamais que cette lame a appartenu au
Prophète.
    Hernando la prit solennellement, écartant les deux bras pour
qu’Hamid pose l’arme sur ses paumes ouvertes.
    — Empêche-la de tomber entre des mains chrétiennes. Ne
pleure pas, mon garçon.
    L’uléma, lui, accepta l’étreinte d’Hernando.
    — Notre peuple et notre foi doivent être au-dessus de
nous, c’est notre destin. Que le Prophète te guide et t’accompagne.
     
    L’armée du marquis de Mondéjar entra à Juviles et près de
quatre cents chrétiennes, libérées par les Maures, s’élancèrent vers elle pour
l’accueillir.
    — Tuez-les ! Finissez-en avec les
hérétiques ! exigèrent-elles des soldats.
    — Ils ont égorgé mon fils, criait l’une.
    — Ils ont tué nos maris et nos enfants, pleurait une
autre avec un bébé dans les bras.
    — Ils ont profané les églises ! tentait
d’expliquer une troisième au milieu des cris.
    Certaines de ces femmes étaient originaires de Cuxurio et
d’Alcútar, mais elles venaient en réalité de toutes les Alpujarras. Une fois
installés dans le village, éparpillés dans ses rues et sur sa place, les
groupes de soldats écoutèrent avec effroi les histoires que racontaient les
captives. Dans tous les villages rebelles s’étaient produits, en masse, de
cruels massacres et assassinats, la plupart sur ordre direct de Farax.
    — Ils s’amusaient à les torturer, raconta une femme,
ils leur coupaient l’index et le pouce pour qu’ils ne puissent pas faire le
signe de croix avant de mourir.
    — Ils ont hissé le bénéficier au sommet de la tour de
l’église, se souvint une

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