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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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partit.
    L’invalide bredouilla un au revoir.
    — Ne pleure pas, Rafaela, ajouta-t-il en se tournant
vers son épouse dont les yeux étaient remplis de larmes. Nous réussirons… avec
l’aide de Dieu. Les enfants, nous avons beaucoup de travail et peu de temps,
pressa-t-il Amin et Laila.
    Il s’approcha des chevaux, qui se reposaient, épuisés par le
voyage. Miguel, comme il l’en avait averti, avait diminué leur nourriture afin
qu’ils perdent des forces et acceptent de porter avec soumission bagages,
femmes et vieillards. Presque tous présentaient des éraflures et des plaies à cause
du poids qu’ils avaient transporté. Hernando prit des licous et des cordes.
    — Attachez-les tous entre eux, par la tête, bien fort,
expliqua-t-il à ses enfants en leur tendant plusieurs licous, et gardant pour
lui les longues cordes. Non, dit-il finalement, après avoir soupesé la
difficulté de contrôler seize chevaux attachés. Attachez-en seulement dix. Toi,
tu vas aller avec les trois petits à l’autre extrémité de l’Arenal,
ordonna-t-il ensuite à Rafaela. Il te faudra plus de temps qu’à nous. Une fois là-bas,
approche-toi le plus près possible du corps de garde, mais sans que les soldats
te voient ou devinent ta présence. Je vais lancer les chevaux contre eux…
    Rafaela sursauta.
    — Je n’ai pas d’autre idée, mon amour. À ce moment-là,
franchis rapidement la porte avec les enfants et cachez-vous dans les herbes de
la rive. Là-bas, il n’y a pas de bateaux. Mais ne restez pas là, partez,
éloignez-vous le plus possible. Suivez la rive en contournant les remparts
jusqu’à ce que la ville soit loin derrière vous. Miguel vous attendra.
    — Et vous ? demanda-elle, consternée.
    — Nous vous rejoindrons. Fais-moi confiance, affirma
Hernando, même si le tremblement de sa voix contredisait cette assurance.
    Hernando l’embrassa puis la poussa à traverser l’Arenal.
Rafaela hésita.
    — Nous y arriverons. Tous, insista Hernando. Aie
confiance en Dieu. Va. Cours.
    Le petit Muqla tira sa mère par la main. Hernando regarda
pendant quelques instants sa femme et trois de ses enfants se perdre parmi la
foule. Puis il se tourna avec résolution pour aider Amin et Laila.
    — Avez-vous entendu ce que j’ai dit à votre mère ?
demanda-t-il à ses deux aînés, qui acquiescèrent. Donc c’est entendu. Chacun de
vous se tiendra d’un côté du groupe. Je dirigerai les chevaux. Nous aurons du
mal à passer entre tous ces gens, mais nous devons y arriver. Par chance, la
plupart des soldats sont partis faire la fête en ville et ne déambulent plus
parmi nous. Ils ne nous arrêteront pas.
    Il parlait avec vigueur tandis qu’il attachait les animaux,
sans laisser à ses enfants la possibilité de poser des questions.
    — Stimulez-les par-derrière et sur les côtés pour les
faire avancer, reprit-il. Faites-le avec énergie, sans vous soucier de ce qu’on
pourra vous dire. Notre objectif est de traverser cette étendue, coûte que
coûte. Vous m’avez compris ?
    Une fois encore, les deux enfants hochèrent la tête.
    — Lorsque nous serons près de la sortie, restez
derrière eux, puis fuyez en courant comme votre mère. D’accord ?
    Il n’attendit pas leur réponse. Les dix chevaux étaient attachés.
Hernando saisit alors les longues cordes et, par-dessus les garrots, les noua
aux pattes avant des deux chevaux de tête. Ensuite, il saisit par le licou un
troisième animal qu’il avait laissé libre.
    — D’accord ? répéta-t-il.
    Amin et Laila firent oui de la tête. Leur père les
encouragea d’un sourire.
    — Votre mère nous attend. Nous ne pouvons pas les
laisser seuls ! Allez, en avant ! ordonna-t-il sans s’accorder de
pause.
    Amin avait seulement onze ans. Sa sœur, dix. Y
arriveraient-ils ?
    Hernando tira les trois chevaux de tête. Derrière, attachés
entre eux, se tenaient les sept autres, regroupés, en biais.
    — Hue ! En marche, mes jolis !
    Il peina à les faire bouger. Ils n’étaient pas habitués à se
déplacer attachés les uns aux autres. Ceux de derrière ruèrent, se cabrèrent et
se mordirent, refusant d’avancer. Et lui ? s’interrogea-t-il soudain. Y
parviendrait-il, à son âge ? Il donna un coup de pied dans la panse d’un
cheval.
    — Allez !
    — Hue ! entendit-il derrière lui.
    Entre les animaux il vit qu’Amin avait pris une corde et
asticotait les croupes des derniers chevaux. Aussitôt, la voix de

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