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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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l’arrière-garde de la colonne n’était même pas encore entrée
dans le village. D’abord il devait s’occuper des bêtes ; ensuite il irait
à la recherche des femmes.
    Comme il l’avait fait à Paterna avec les mules, Abén Humeya
mit plusieurs arquebusiers de sa garde sous les ordres d’Hernando. Au-delà des
rues bondées, derrière l’église d’Ugíjar, là où la ville commençait à se perdre
dans les champs, le garçon trouva une bonne maison à deux étages, grande et
avec suffisamment de terrain, dûment clôturée par un mur bas, pour y établir
les chevaux du roi et des chefs monfís. Il s’agissait sans aucun doute de la
demeure d’une famille chrétienne assassinée pendant l’insurrection ; il
n’y avait pas d’accès direct depuis la rue, on y entrait par les terrains qui
l’entouraient.
    — Évacuez la maison ! cria l’un des soldats à la
famille maure qui sortit à la hâte à l’arrivée du cortège.
    C’était un couple d’âge moyen : la femme grosse, comme
la plupart des épouses mauresques ; l’homme davantage encore, dans la
mesure du possible, avec une vieille arquebuse entre les mains, qu’il baissa en
voyant les soldats. Autour d’eux se tenaient sept enfants d’âge différent.
    Hernando perçut chez la femme l’habituelle soumission de
toutes les Mauresques ; une fillette d’à peine deux ans se cachait,
agrippée aux bas enroulés à ses jambes. Peut-être…, songea-t-il, que la
présence de cette famille si nombreuse le changerait de l’ambiance de la
grotte.
    — Tu t’y connais en animaux ? demanda Hernando à
l’homme, souhaitant qu’il lui réponde par l’affirmative. Dans ce cas,
ajouta-t-il après la grimace qu’il obtint pour toute réponse et voulut prendre
pour un assentiment, ta famille et toi m’aiderez avec les chevaux du roi, et on
partagera la maison.
    Hernando débrida rapidement la douzaine d’animaux dont il
s’était chargé, gêné par les tentatives d’aide des trois enfants. Peu lui
importait leur évidente inexpérience en matière de chevaux. Il fallait qu’il
retrouve Aisha et Fatima.
    Il quitta la maison à toute vitesse. Il donnerait à manger
aux bêtes à son retour. Cependant, dès qu’il eut franchi la grosse porte en fer
forgé qui donnait sur la rue terreuse et constaté que l’armée d’Abén Humeya,
éparpillée dans tout le village, commençait à arriver jusque-là, il fit
demi-tour.
    — Fermez la porte et postez-vous derrière, ordonna-t-il
aux arquebusiers. Que personne n’entre sur ces terres. Surveillez également le
périmètre. Ce sont les chevaux du roi, leur rappela-t-il.
    Au moment où deux arquebusiers obéissaient à ses ordres, un
groupe important de soldats flanqués de leurs familles voulut entrer dans la
maison.
    — Ce sont les chevaux du roi, répéta-t-il, alors que
les arquebusiers s’empressaient de fermer les portes derrière lui.
    Il devait marcher à contre-courant. La petite ville était
incapable d’accueillir tous les Maures qui arrivaient ; les soldats et
leurs familles, en masse, se déployaient vers l’extérieur tandis qu’Hernando
essayait de retourner au centre. Il tenta d’éviter la foule qui venait dans sa
direction, mais souvent quelqu’un le bousculait et il était obligé de se frayer
un chemin à la force des bras parmi les groupes entassés. Où pourrait-il
trouver les femmes ? Les mules ! Les mules seraient faciles à repérer
même dans…
    Hernando percuta violemment un homme.
    — Cornuti !
    Le garçon reçut un coup qui le propulsa contre un groupe
d’hommes et de femmes marchant en sens inverse. Ceux-ci, à leur tour, le
poussèrent. Tout le monde s’immobilisa et un petit espace s’ouvrit au centre de
la rue.
    — Señori…
    Hernando se tourna, stupéfait, vers l’homme qui l’avait
poussé. Quelle langue parlait-il… ?
    — Je te tuerai ! comprit-il en revanche.
    Et, au même moment, il vit un homme aux cheveux blonds et
bouclés, à la barbe touffue, qui avançait vers lui, armé d’une très jolie dague
à la poignée parée de bijoux. Le blond lança une autre bordée de mots. Il ne
parlait ni castillan, ni arabe. Hernando eut l’impression qu’il mélangeait des
mots de plusieurs langues.
    — Chien ! marmonna l’homme.
    Hernando avait compris, mais il était pressé. Si Brahim
retrouvait les femmes avant lui, il les emmènerait peut-être ailleurs, ce qui
signifiait qu’Hernando les perdrait de vue, puisqu’il

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