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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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de
présence. Lors de la relève de la garde, il ordonna à un arquebusier d’enquêter
au sujet de son beau-père et de revenir lui donner des nouvelles. « Il est
avec Ibn Abbu », l’informa le soldat, qui avait demandé après le muletier
à un commandant du roi.
    Avant de se retirer, Fatima soutint le regard d’Hernando
pendant quelques instants. Elle lui souriait de nouveau !
    — Bonne épouse, déclara alors Salah, brisant le charme
du moment. Silencieuse.
    Hernando porta le verre à ses lèvres afin de pouvoir
dissimuler son regard. La nuit s’annonçait froide, mais le gros homme
transpirait. Hernando lui répondit par un murmure inintelligible.
    — Allah vous a récompensés avec un fils. Moi, il m’a
donné d’abord deux filles, insista Salah.
    L’intérêt du marchand l’embarrassa. Il pouvait le mettre
dehors, lui et sa famille… mais il entendit une fois de plus sa mère qui
parlait joyeusement dans la cuisine. Depuis combien de temps n’avait-il pas
entendu rire sa mère ? Néanmoins il ne souhaitait pas donner à Salah plus
d’explications sur sa situation familiale.
    — Mais ensuite il t’a dédommagé avec quatre garçons,
allégua-t-il.
    Alors que Salah s’apprêtait à répondre, l’appel du muezzin à
la prière fit taire le souk et la curiosité du marchand.
    Ils prièrent puis dînèrent. Le garde-manger du commerçant,
qu’il gardait sous clé dans la cave de la maison, était bien pourvu : il
s’agissait de l’ancien pressoir des propriétaires chrétiens où s’amoncelait
également une multitude de marchandises diverses et variées. Ils terminèrent
leur repas et Hernando inspecta les mules en compagnie de Yusuf. Tous les
animaux paissaient tranquillement : ils avaient rasé le potager de
l’épouse du marchand, forcée de consentir après avoir réclamé en vain du regard
l’aide de son époux. « Ce sont les chevaux du roi », lui avait
répondu Salah, impuissant, du regard aussi, esquissant un geste éloquent en
direction des arquebusiers qui montaient la garde.
    « Il leur faudra de l’orge et du fourrage », pensa
Hernando. En deux jours le champ serait épuisé, et le roi lui avait ordonné de
tenir ses chevaux prêts à tout moment, raison pour laquelle il ne pouvait les
emmener paître sur d’autres champs en dehors d’Ugíjar. Le lendemain il serait
obligé de s’approvisionner suffisamment en nourriture. Estimant l’inspection
terminée, il disposa des couvertures sous le porche afin de s’en couvrir.
    — Je préfère dormir ici pour être au plus près des
animaux, prétexta-t-il, devançant la question de Salah, qui voyait d’un œil
bizarre que le garçon ne dorme pas avec son épouse.
    Yusuf resta avec lui et ils parlèrent jusqu’à ce qu’ils
tombent de fatigue ; le garçonnet était attentif à la moindre de ses
remarques. Les arquebusiers sommeillaient à leurs postes de garde tandis que
femmes et enfants se répartirent sur les deux étages ; Aisha dans la
chambre principale. Brahim n’avait toujours pas réapparu. Bien que sous le
porche, Hernando dormit tranquillement pour la première fois depuis plusieurs
jours : Fatima lui avait de nouveau souri.
     
    Au matin, il s’occupa des bêtes et décida d’aller voir le
roi afin de lui demander de l’argent pour acheter du fourrage. Mais Abén Humeya
ne put le recevoir. Le souverain s’était installé une nouvelle fois dans la
maison de Pedro López, greffier majeur des Alpujarras, à proximité de l’église,
et il se trouvait en compagnie des chefs d’une compagnie de janissaires qui
venaient d’arriver d’Alger : les deux cents que le sultan avait ordonné au
bey d’envoyer en Al-Andalus pour contenter, sinon abuser, leurs frères de foi.
    Hernando les regarda fouiner dans l’immense souk qu’était
devenu Ugíjar. Comme l’avait prévenu El Gironcillo, il était impossible de ne
pas les remarquer. Malgré la foule qui s’était rassemblée dans la petite
ville – parmi laquelle marchands, Arabes, aventuriers, Maures et l’armée
d’Abén Humeya –, les gens s’écartaient des Turcs avec terreur. Ils ne
portaient pas les bonnets et les capes avec lesquels Farax, disparu dans les
montagnes, avait essayé de déguiser les Maures qui avaient tenté de soulever
l’Albaicín de Grenade. Ils portaient de grands turbans, la plupart défraîchis,
avec des franges qui rasaient pratiquement le sol. Ils étaient vêtus de
culottes bouffantes, de longues

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