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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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beauté ? lui
demanda quelqu’un d’un ton goguenard.
    Hernando ne répondit pas. Pourquoi avait-il fallu qu’il
accepte un tel marché ? Qu’allait-il faire désormais d’Isabel ? La
vendre ? Le souvenir du massacre de Cuxurio et les supplications d’Isabel
se mélangèrent aux milliers de couleurs et d’odeurs qui flottaient dans l’air.
Comment pourrait-il faire une chose pareille ? La fillette n’avait-elle
pas déjà assez souffert ? De quoi était-elle coupable ? Alors,
pourquoi l’avait-il choisie ? Il n’avait même pas réfléchi ! La corde
se tendit et Hernando tourna la tête vers Isabel : un janissaire voulait
l’examiner et la petite reculait, effrayée.
    Il fit un pas en direction du Turc, mais l’image de la main
coupée du vendeur de raisins secs s’interposa sur son chemin. Isabel se mit à
sangloter, les yeux grands ouverts, le suppliant du regard de lui venir en aide
comme il l’avait fait à Cuxurio pendant qu’Ubaid assassinait son frère
Gonzalico. Isabel se heurta, de dos, aux arquebusiers de garde, qui lui
barrèrent le passage, et le janissaire se mit à tripoter ses cheveux dorés.
    — Du calme ! cria Hernando.
    Il lâcha la corde et dégaina son épée.
    Il n’eut même pas le temps de la lever. Avec une rapidité
étonnante, le janissaire sortit son cimeterre et frappa violemment l’épée, qui
voltigea dans l’air. Instinctivement, le garçon secoua plusieurs fois sa main
tandis que les autres Turcs éclataient de rire.
    — Laisse la fille tranquille ! insista-t-il
cependant.
    Le janissaire tourna le visage vers Hernando : une de
ses mains pelotait la poitrine naissante d’Isabel. Un sourire blanc et
impudique s’ajouta aux mille éclats du souk.
    — Je veux voir la marchandise, énonça-t-il clairement.
    Hernando hésita un instant.
    — Et moi, ton argent, bafouilla-t-il. Sans cela, pas
d’examen.
    Certains janissaires, comme s’il s’agissait d’un jeu,
acclamèrent Hernando.
    — Bien dit ! s’écrièrent-ils entre deux rires.
    — Oui ! Montre-lui ton argent…
    À ce moment-là, l’arquebusier qui avait bloqué Isabel, et
qui avait auparavant accompagné Hernando à l’intérieur de la maison, murmura
quelques mots à l’oreille du janissaire. Le Turc écouta en silence et fit la
grimace.
    — Elle ne vaut rien ! grogna-t-il après avoir
réfléchi une poignée de secondes, et il repoussa Isabel.
    — Tu peux en tirer plus de trois cents ducats, mon
garçon ! le contredit un autre janissaire.
    Après avoir de nouveau saisi la corde, Hernando se dirigea à
l’endroit où avait atterri l’épée d’Hamid, derrière le groupe de janissaires
qui riaient encore, et il avança en tirant Isabel, évitant les Turcs.
    — Cette vieille lame ne te servira pas à grand-chose,
entendit-il crier derrière lui lorsqu’il se baissa pour la ramasser, si tu
n’apprends pas à la tenir plus fort.
    Le souk : les cris, la foule, les couleurs et les
odeurs s’imposèrent une fois de plus. Hernando rengaina son épée et se
redressa. Qu’allait-il faire de cette enfant ? pensa-t-il, alors qu’il
voyait déjà plusieurs marchands se presser dans sa direction.

 
17.
    — Va. Tu es libre.
    Hernando avait réussi à traverser le souk sans tenir compte
des offres des marchands. « Elle est déjà vendue ! »
répondait-il, en entraînant Isabel pour échapper aux hommes qui s’en
approchaient. « Ne la touchez pas ! » Il dut se libérer de tous
ceux qui, dès qu’ils voyaient la jeune chrétienne attachée, l’abordaient et,
sans même savoir son prix supposé, s’entêtaient à les suivre en leur assénant
tout type de proposition.
    À l’extérieur du village, ils se cachèrent derrière un petit
mur qui délimitait un champ d’oliviers ; alors Hernando délia les mains
d’Isabel.
    — Cours ! murmura-t-il, une fois la corde dénouée.
    La petite tremblait. Hernando aussi. Il était en train de
libérer l’esclave que le roi lui avait livrée pour qu’il puisse nourrir ses
chevaux !
    — Fuis ! insista-t-il à voix basse auprès de la
fillette qui restait immobile.
    Elle était incapable d’articuler un mot. La terreur se
reflétait dans ses yeux bruns.
    — Va-t’en !
    Il la poussa, mais Isabel se blottit davantage contre le mur
en pierres. Alors il se leva et fit mine de la laisser là.
    — Où ? demanda Isabel avec un filet de voix.
    — Eh bien…
    Hernando esquissa un geste des mains. Puis il observa

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