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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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verre de liqueur au marchand qui, après l’avoir remerciée, salua le maître de la maison et les trois dames, et le vida en buvant à leur santé.
    Ainsi on pense que le colonel Tarleton a eu l’avantage sur le général Sumpter ? dit M. Wharton en examinant les fragments de la tasse cassée par l’empressement de sa belle-sœur.
    – Je crois qu’on le pense ainsi à Morrisania, répondit Birch.
    – Savez-vous quelques autres nouvelles, l’ami ? demanda le capitaine Wharton, se hasardant de nouveau à avancer la tête entre les deux rideaux.
    – Avez-vous entendu dire que le major André a été pendu ? lui répondit Harvey en appuyant sur ces mots. Quelques regards expressifs furent échangés entre le capitaine et le colporteur, et Harvey ajouta avec un ton d’indifférence :
    – Cinq semaines se sont déjà passées depuis cet événement.
    – Cette exécution fait-elle beaucoup de bruit ? demanda le père en examinant si les fragments de la tasse cassée pouvaient se rejoindre.
    – Vous savez qu’on ne peut empêcher les gens de parler, répondit le colporteur, en continuant à montrer ses marchandises aux trois dames.
    – Est-il probable que quelque mouvement des armées rende les routes dangereuses pour un voyageur ? demanda M. Harper, les yeux fixés sur Harvey, d’un air qui annonçait qu’il attendait une réponse.
    À cette question, Birch laissa tomber quelques paquets de rubans qu’il tenait en main ; l’expression de sa physionomie changea tout à coup, et au lieu de répondre avec cet air d’insouciance qu’il avait affecté jusqu’alors, il prit un ton grave qui semblait vouloir faire entendre beaucoup plus que ce qu’il osait dire.
    – Il y a quelque temps, dit-il, que la cavalerie régulière est en campagne, et, en passant près de leurs quartiers, j’ai vu les soldats de Delancey nettoyer leurs armes ; et il ne serait pas étonnant qu’ils sentissent bientôt la piste, car la cavalerie de la Virginie est entrée dans le comté.
    – Est-elle en grande force ? demanda M. Wharton avec inquiétude, en cessant de s’occuper de la tasse cassée.
    – Je ne l’ai pas comptée, répondit le colporteur en continuant ses opérations commerciales.
    Frances fut la seule qui remarqua le changement que venaient de subir les manières de Birch, et se tournant vers Harper, elle le vit les yeux fixés sur son livre. Elle prit une pièce de ruban, la remit sur la table, la reprit encore, et se courbant sur les marchandises, au point que les boucles de ses beaux cheveux lui couvraient le visage, elle dit avec une rougeur dont on ne pouvait s’apercevoir qu’à son cou.
    – Je croyais que la cavalerie du sud avait marché vers la Delaware.
    – Cela est possible, répondit Harvey ; j’ai passé à quelque distance de ce fleuve.
    César avait alors choisi une pièce de calicot où le jaune et le rouge tranchaient fortement sur un fond blanc, et après l’avoir admirée quelques instants, il la remit sur la table, et dit en soupirant :
    – Être bien joli ce calicot, miss Sara !
    – Oui, cela ferait une jolie robe pour votre femme, César.
    – Ah ! miss Sara ! faire danser de joie le cœur de vieille Dina être si joli, ce calicot !
    – Oui, dit le colporteur d’un ton goguenard, cela ferait paraître Dina comme un arc-en-ciel.
    César avait toujours les yeux fixés sur Sara, qui se mettant à sourire, demanda à Harvey le prix du calicot.
    – C’est selon, répondit-il.
    – Comment, c’est selon ? dit Sara avec surprise.
    – Sans doute, reprit Birch, suivant les pratiques que je trouve ! mais pour mon amie Dina, ce ne sera que quatre shillings.
    C’est trop cher, dit Sara en cherchant d’autres marchandises pour elle-même.
    – Être un prix monstrueux, s’écria César en laissant encore échapper de ses mains les bords de la balle.
    – Eh bien ! dit Harvey, nous le rabattrons à trois, si vous l’aimez mieux.
    – Sans doute, moi l’aimer mieux, dit le nègre d’un air joyeux, en reprenant les bords de la balle ; miss Sara aimer mieux trois shillings quand elle donner, et quatre shillings quand elle recevoir.
    Le marché fut conclu sur le champ ; mais en mesurant l’étoffe, on vit qu’il s’en fallait de quelque chose que le coupon n’eût les dix yards {19} qu’on savait être nécessaires pour la dimension de Dina. Cependant, à force de tirer l’étoffe d’un bras vigoureux, le colporteur expérimenté parvint

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