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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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nature s’était montrée surtout fantasque. La matière n’y manquait pas, mais elle n’avait pas été employée judicieusement. Les mollets en étaient placés, non par derrière, non par devant, mais de côté et si près du genou, qu’on pouvait douter qu’il eût le libre usage de cette articulation. Quant au pied, en le considérant comme la base sur laquelle le corps doit s’appuyer, César n’avait pas lieu de se plaindre, si ce n’est que la jambe était placée si près du centre qu’on aurait pu mettre en question s’il ne marchait pas à reculons. Au surplus, quelques défauts qu’un statuaire eut pu découvrir dans sa conformation, le cœur de César était sans doute bien placé, et d’une dimension convenable {20} .
    Il venait avec sa vieille compagne offrir un tribut de remerciements à miss Sara, qui les reçut avec bonté, en faisant des compliments au mari sur son goût, et en assurant la femme que cette étoffe lui irait à merveille. Frances s’approcha de Dina ; qui avait été sa nourrice, prit entre les siennes sa main ridée et desséchée, et lui dit avec un sourire qui répondait parfaitement à l’air de plaisir du nègre et de sa femme, qu’elle voulait se charger elle-même de lui faire sa robe, offre qui fut acceptée avec de nouvelles expressions de reconnaissance.
    Le colporteur sortit. César et sa femme le suivirent ; et pendant que le vieux nègre fermait la porte, on l’entendit faire le soliloque suivant :
    – Bonne petite maîtresse ! miss Frances avoir bien soin de son vieux père, et vouloir encore faire la robe de Dina. On ne peut savoir ce qu’il dit ensuite ; mais le son de sa voix se faisait encore entendre après qu’il eut fermé la porte, quoiqu’il ne fût plus possible de distinguer ses paroles.
    M. Harper avait laissé tomber son livre sur ses genoux, pour donner toute son attention à cette petite scène, et Frances jouit d’une double satisfaction en voyant un sourire d’approbation sur des traits qui, tout en annonçant l’habitude de la méditation et de la réflexion, offraient l’expression de tous les sentiments les plus honorables du cœur humain.

CHAPITRE IV
    Ce sont les traits, le regard, le son de voix, le port de ce lord étranger. Sa taille mâle, hardie et élevée, semble la tour d’un château, quoique les proportions en soient si heureuses qu’il déploie avec aisance toute la force d’un géant. Le temps et la guerre ont laissé des traces sur ce visage majestueux ; mais quelle dignité dans ses yeux ! C’est à lui que j’aurais recours en humble suppliant, au milieu des chagrins, des dangers, des injustices, et j’aurais la confiance d’être consolé, protégé, vengé ; mais si j’étais coupable, je craindrais son regard plus que la sentence qui prononcerait mon trépas. – Il suffit, s’écria la princesse ; c’est l’espérance, la joie, l’orgueil de l’Écosse.
    SIR WALTER SCOTT. Le Lord des Îles.
    Un profond silence régna quelques moments après le départ du colporteur. M. Wharton en avait assez appris pour éprouver de nouvelles inquiétudes relativement à son fils. Le capitaine désirait de tout son cœur que M. Harper fût partout ailleurs qu’à la place qu’il occupait en ce moment avec un calme en apparence si parfait. Miss Peyton préparait le déjeuner avec l’air de complaisance qui lui était naturel et qu’augmentait peut-être un peu de satisfaction intérieure provenant de l’emplette qu’elle venait de faire d’une bonne partie des dentelles du colporteur. Sara examinait et rangeait les marchandises qu’elle venait d’acheter et Frances l’aidait complaisamment sans songer à ses propres emplettes. L’étranger rompit le silence tout à coup :
    – Si c’est à cause de moi, dit-il, que le capitaine Wharton conserve son déguisement, je l’engage à bannir toute crainte et à se détromper. Quand j’aurais eu quelques motifs pour le trahir, ils seraient sans force dans les circonstances présentes.
    Frances tomba sur sa chaise, pâle et interdite. La théière que miss Peyton levait lui échappa des mains ; Sara resta muette de surprise sans penser davantage aux marchandises étalées sur ses genoux ; M. Wharton resta comme stupéfait ; mais le capitaine, après avoir hésité un instant par suite de son étonnement, s’élança au milieu de la chambre, et jeta loin de lui tout ce qui servait à le déguiser.
    – Je vous crois, s’écria-t-il,

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