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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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je vous crois de toute mon âme, et au diable le déguisement ! Mais comment se fait-il que vous m’ayez reconnu ?
    – Vous avez si bonne mine sous vos propres traits, capitaine, dit Harper avec un léger sourire, que je vous engage à ne jamais les cacher. En supposant que je n’aie pas eu d’autres moyens pour vous reconnaître, croyez-vous que ceci n’ait pas été suffisant pour vous découvrir ? Et en même temps il montra un portrait suspendu sur la boiserie, représentant un officier anglais en uniforme.
    – Je m’étais flatté, dit Henry en riant, que j’avais meilleure mine sur cette toile que sous mon déguisement. Il faut que vous soyez bon observateur, Monsieur.
    – La nécessité m’y a contraint, répondit Harper en se levant.
    Il s’avançait vers la porte quand Frances, se précipitant au devant de lui, lui saisit une main, la serra entre les siennes, et lui dit avec l’accent de la nature, les joues couvertes du plus vif incarnat :
    – Vous ne trahirez pas mon frère ! il est impossible que vous le trahissiez.
    Harper s’arrêta, resta un moment les yeux fixés sur l’aimable jeune fille avec un air d’admiration, et appuyant une main sur son cœur, il lui dit d’un ton solennel :
    – Je ne le dois, ne le veux, ni ne le puis. Étendant alors une main sur la tête de Frances, il ajouta :
    – Si la bénédiction d’un étranger est de quelque prix à vos yeux, recevez-la, mon enfant. Et, saluant toute la compagnie, il se retira dans son appartement.
    Le peu de paroles que venait de prononcer M. Harper, le ton et la manière qui les avaient accompagnées, firent une impression profonde sur tous ceux qui avaient été témoins de cette scène, et tous, à l’exception du père, en éprouvèrent un grand soulagement. On trouva quelques anciens vêtements du capitaine qu’on avait apportés de la ville quand la famille l’avait quittée, et le jeune Wharton, enchanté d’être délivré de toute contrainte, commença enfin à jouir du plaisir qu’il s’était promis en s’exposant à tant de dangers pour faire cette visite à son père et à ses sœurs. M. Wharton s’était retiré pour vaquer à ses occupations ordinaires, les trois dames et le jeune homme restèrent à jouir pendant une heure du plaisir d’une conversation sans contrainte, sans penser un instant qu’ils pussent avoir à craindre aucun danger. La ville de New-York et les connaissances qu’on y avait ne furent pas longtemps négligées, car miss Peyton, qui n’avait jamais oublié les heures agréables qu’elle y avait passées, demanda bientôt, entre autre choses, à son neveu des nouvelles du colonel Wellmere.
    – Oh ! dit le capitaine avec gaieté, il est encore dans cette ville, aussi galant et aussi recherché que jamais.
    Quand bien même l’amour n’existerait pas dans le cœur d’une femme, il est rare qu’elle entende sans rougir nommer un homme qu’elle pourrait aimer, et dont le nom a été joint au sien par les bruits du jour et les caquets de société. Telle avait été la situation dans laquelle Sara s’était trouvée à New-York, et elle baissa les yeux vers le tapis avec un sourire qui, joint à la rougeur qui lui couvrait les joues, ne lui faisait rien perdre de ses charmes.
    Le capitaine Wharton ne fit pas attention à l’espèce d’embarras que sa sœur éprouvait :
    – Il est quelquefois mélancolique, continua-t-il, et nous lui disons qu’il faut qu’il soit amoureux.
    Sara leva les yeux sur son frère, et elle les tournait sur le reste de la compagnie quand elle rencontra ceux de Frances qui s’écria en riant de tout son cœur :
    – Le pauvre homme ! est-il au désespoir ?
    – Je ne le crois pas, répondit le capitaine ; quel motif aurait pour se désespérer le fils aîné d’un homme riche, qui est jeune, bien fait et colonel ?
    – Ce sont de puissantes raisons pour réussir, dit Sara en s’efforçant de rire ; et surtout la dernière.
    – Permettez-moi de vous dire, répliqua Henry gravement, qu’une place de lieutenant-colonel dans les gardes a bien son mérite.
    – Oh ! le colonel Wellmere est un homme parfait ! dit Frances avec un sourire ironique.
    – On sait fort bien, ma sœur, répliqua Sara avec un mouvement d’humeur, que le colonel n’a jamais eu le bonheur de vous plaire. Vous le trouvez trop loyal, trop fidèle à son roi.
    – Henry l’est-il moins ? demanda Frances avec douceur en prenant la main de son

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