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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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vivant, on ne fera tort à Atilius.
    « Encore une fois, direz-vous, où voulez-vous en venir ? » Valerius Varus lui devait une somme. Son héritier est notre ami Maximus, avec lequel vous êtes encore plus lié que moi. Je vous prie donc, j’exige même, au nom des droits de l’amitié, que vous assuriez à mon cher Atilius le paiement intégral non seulement du capital, mais encore des intérêts de plusieurs années. C’est un homme respectueux du bien d’autrui, soigneux du sien, sans emploi lucratif, sans revenu autre que ceux de son économie ; car ses travaux littéraires, qui ont beaucoup de valeur, n’ont pas d’autre but que son plaisir et la renommée. La moindre perte lui est d’autant plus lourde qu’il a plus de peine à remplacer ce qu’il a perdu. Délivrez-le, délivrez-moi de cette inquiétude. Laissez-moi jouir de ses agréments, de son charme ; car je ne puis voir dans la tristesse, celui dont la gaieté dissipe mes chagrins. Enfin vous connaissez son enjouement ; prenez garde, je vous en prie, qu’une injustice ne le tourne en mauvaise humeur et en amertume. Mesurez la vivacité de ses ressentiments à celle de sa tendresse ; une âme si grande et si fière ne supportera pas un dommage aggravé d’un affront. Mais, s’il le supportait, je considérerais le dommage et l’affront comme personnels, et je m’en indignerais non pas comme s’ils m’atteignaient moi-même, mais bien plus vivement encore. Mais qu’ai-je besoin de déclarations et presque de menaces ? Il vaut mieux user, comme je l’ai fait en commençant, de prières et vous supplier de veiller qu’Atilius ne croie pas, ce que je redoute très fort, que j’ai négligé ses affaires, ni moi, que vous avez négligé les miennes. Or vous y veillerez, si vous êtes aussi sensible à ce dernier reproche, que moi au premier. Adieu.
     
    IX. – C. PLINE SALUE SON CHER TACITE.
    La protection assurée.
     
    Vous me recommandez la candidature de Julius Naso {4} . Me recommander Naso, à moi ? Pourquoi ne pas me recommander moi-même ? Je l’admets cependant et je vous pardonne, car je vous aurais adressé la même recommandation, si, vous étant à Rome, j’en eusse été absent. C’est le propre de l’inquiétude ; elle croit tout nécessaire. Cependant, je vous le conseille, sollicitez-en d’autres ; et moi, je seconderai, je soutiendrai vos instances, et je m’y associerai. Adieu.
     
    X. – C. PLINE SALUE SON CHER ALBINUS.
    Le tombeau de Verginius Rufus.
     
    Je suis allé voir ma belle-mère dans sa villa d’Alsium, qui appartint jadis à Verginius Rufus {5} , et ce lieu a renouvelé mes regrets et ma douleur de la mort de cet homme excellent et illustre. Il aimait à vivre dans cette retraite qu’il avait coutume d’appeler le doux nid de sa vieillesse. Partout où je portais mes pas, c’était lui que mon cœur, lui que mes yeux cherchaient. J’ai voulu aussi voir son tombeau, et j’ai regretté de l’avoir vu ; car il est encore inachevé, non pas à cause des difficultés de l’ouvrage qui est modeste et plutôt petit, mais à cause de la négligence de celui à qui le soin en a été confié. On est saisi d’indignation et de pitié, quand on voit, dix ans après sa mort, ses restes et sa cendre oubliés, rester sans inscription, et sans nom, alors que sa gloire a répandu son souvenir dans le monde entier. Et pourtant, prenant lui-même ses précautions, il avait prescrit d’y graver ces vers qui rappelaient cette belle action, divine et immortelle :
    « Ici repose Rufus, qui, autrefois, triompha de Vindex et revendiqua l’empire non pour lui, mais pour sa patrie. » Si rare est la fidélité de nos amis, si prompt l’oubli des morts, que nous devons bâtir nous-mêmes nos tombeaux et assumer d’avance tous les devoirs de nos héritiers. Car lequel de nous n’a-t-il pas à craindre ce qui arrive sous nos yeux à Virginius, dont la gloire seule rend cet affront plus indigne et plus notoire ? Adieu.
     
    XI – C. PLINE SALUE SON CHER MAXIMUS.
    Les deux jeunes avocats.
     
    Ô jour heureux ! Appelé par le préfet de la ville {6} à siéger à ses côtés, j’ai entendu les plaidoiries opposées de deux jeunes gens du plus bel avenir, du plus grand talent, Fuscus Salinator et Ummidius Quadratus, couple remarquable qui fera honneur non seulement à notre temps, mais aux lettres mêmes. Tous deux ont une honnêteté parfaite qui ne nuit en rien à leur fermeté, un air

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