Lettres - Tome II
crois qu’il faut suivre la loi de chaque ville, du moins à l’égard de ceux qui sont nommés malgré eux sénateurs. Je pense que les censeurs devront faire en sorte de préférer aux autres ceux qui sont disposés à accepter.
CXIV. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Consultation sur le même sujet.
La loi Pompéia, seigneur, permet aux villes de Bithynie d’admettre ceux qu’elles veulent au nombre de leurs citoyens, pourvu qu’ils ne soient pas de quelque autre ville de Bithynie. La même loi énonce les raisons qui autorisent les censeurs à exclure quelqu’un du sénat. De là quelques censeurs ont cru bon de me demander s’ils devaient exclure du sénat un homme qui était d’une cité étrangère. Or, si la loi défend d’admettre comme citoyen un homme d’une ville étrangère, elle n’ordonne pas de l’exclure du sénat pour ce motif ; de plus quelques uns m’affirment que dans toute ville il se trouve nombre de sénateurs qui sont citoyens d’autres villes, que beaucoup de familles, beaucoup de villes seraient bouleversées, qu’enfin cette partie de la loi depuis longtemps d’un accord tacite, est tombée en désuétude ; j’ai donc pensé que je devais vous consulter sur le parti à prendre. Je joins à cette lettre les divers titres de la loi.
CXV. – TRAJAN À PLINE.
Réponse.
C’est avec raison, mon très cher Secundus, que vous avez hésité sur la réponse à faire aux censeurs, qui vous demandaient s’ils pouvaient choisir pour sénateurs des citoyens d’autres villes que la leur, mais de même province ; car vous pouviez être partagé entre l’autorité de la loi et une longue habitude qui avait prévalu contre elle. Voici le moyen terme que je crois devoir prendre : ne touchons point au passé ; laissons dans leur état ceux qui ont été faits sénateurs, même contre la loi, de quelque ville qu’ils soient citoyens ; mais pour l’avenir suivons exactement la loi Pompéia, dont nous ne pourrions faire remonter l’effet dans le passé, sans causer beaucoup de troubles.
CXVI. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Au sujet d’assemblées trop nombreuses.
Quand on prend la robe virile, quand on se marie, quand on entre en fonctions, quand on dédie quelque ouvrage public, la coutume est d’inviter tous les sénateurs et un grand nombre de plébéiens, et de donner à chacun deux deniers, quelquefois un seul. Je vous prie de me dire si vous jugez qu’il faut maintenir cette pratique et dans quelle mesure. Car pour moi, si je crois qu’il n’y a pas d’imprudence, surtout dans les occasions solennelles, à autoriser ces invitations, je crains cependant que ceux qui invitent jusqu’à mille personnes et parfois plus, ne dépassent les bornes et n’aient l’air de procéder à des distributions d’argent séditieuses.
CXVII. – TRAJAN À PLINE.
Approbation donnée à Pline.
Vous avez raison de craindre que ces invitations, dont le nombre des invités est excessif, et qui rassemblent, pour des distributions de jetons habituelles, non des particuliers isolés, invités par connaissance, mais pour ainsi dire des corps entiers de citoyens, ne prennent l’allure de répartitions de subsides séditieux. Mais j’ai choisi votre sagesse précisément pour que vous présidiez vous-même à la formation des mœurs de cette province, et y fondiez les institutions qui peuvent lui procurer une perpétuelle tranquillité.
CXVIII. – C. PLINE À l’empereur Trajan.
Au sujet des récompenses aux athlètes.
Les athlètes, seigneur, prétendent que le prix que vous avez établi pour les combats isélastisques {119} , leur est dû dès le jour où ils ont été couronnés ; car il importe peu quel jour ils font leur entrée solennelle dans leur patrie, mais quel jour ils ont remporté la victoire, qui leur permet de faire cette entrée. Moi au contraire j’écris « appelés isélastiques » ; aussi suis-je tout à fait indécis si pour ces vainqueurs il ne faudrait pas plutôt considérer le moment où ils ont fait leur entrée triomphale. Ces athlètes demandent aussi leurs frais de table pour le combat, que vous avez rendu depuis isélastique, bien qu’ils aient été vainqueurs avant qu’il ne le fût devenu. Ils allèguent qu’il est logique, puisqu’on ne les leur donne pas pour les combats, qui ont cessé d’être isélastiques, depuis qu’ils ont remporté la victoire, de les leur donner pour ceux
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