Lettres - Tome II
l’habitude. Adieu.
III. – C. PLINE SALUE SON CHER VÉRUS.
La terre de la nourrice de Pline.
Je vous remercie de vous être chargé de faire valoir la petite terre que j’ai donnée autrefois à ma nourrice. Elle était estimée, quand je la lui ai donnée, cent mille sesterces ; plus tard, le revenu diminuant, le fonds aussi a baissé de prix ; mais maintenant grâce à vos soins il reprendra sa première valeur. Souvenez-vous toutefois que je vous confie moins les arbres et la terre, quoique j’y tienne aussi, que le petit présent dont je suis l’auteur. Qu’il rapporte le plus possible cela n’importe pas plus à celle qui l’a reçu, qu’à moi, qui l’ai donné. Adieu.
IV. – C. PLINE SALUE SA CHÈRE CALPURNIA.
La vive attente.
Jamais mes occupations ne m’ont causé plus d’ennui, qu’en m’empêchant de vous accompagner, quand vous êtes partie pour la Campanie, à cause de votre santé, ou de vous y rejoindre aussitôt après votre départ. C’est maintenant en effet que je désirerais surtout d’être avec vous, afin de juger par mes propres yeux des progrès de vos forces et de votre chère santé, et de voir enfin si les plaisirs de cette retraite et l’abondance de cette région ne vous font point de tort. D’ailleurs même si vous vous portiez bien, je supporterais avec peine votre absence. Rien ne vous inquiète et ne vous tourmente au sujet de la personne tendrement aimée, comme d’être par moments sans nouvelles. Aujourd’hui non seulement votre absence, mais encore votre santé me jettent dans toutes sortes d’inquiétudes et de terreurs. Je crains tout, je m’imagine tout, et comme il arrive aux caractères soucieux, je crois toujours voir arriver ce que je redoute le plus. Je vous prie donc d’autant plus vivement, de prévenir mes anxiétés par une ou même deux lettres chaque jour. Je serai plus rassuré, tant que je lirai ; et je retomberai dans mes craintes, aussitôt après avoir lu. Adieu.
V. – C. PLINE SALUE SON CHER URSUS.
Dispute entre Népos et Celsus.
Je vous ai écrit que Varenus {3} avait obtenu le droit d’obliger ses témoins à se présenter ; le plus grand nombre ont trouvé cette décision juste, quelques-uns l’ont jugée injuste et se sont entêtés dans leur opinion, en particulier Licinius Nepos qui, à la séance suivante du sénat, quand il s’agissait d’autres affaires, a parlé du dernier sénatus-consulte et a repris une question jugée. Il a même ajouté qu’il fallait inviter les consuls à proposer au sénat de conformer la loi de restitution à la loi sur la brigue, en décidant qu’à l’avenir on ajouterait à cette loi une disposition qui accorderait aux accusés aussi, le droit que cette loi reconnaît aux accusateurs de faire une enquête et d’obliger leurs témoins à se présenter. Il y en eut à qui ce discours déplut comme tardif, inopportun et hors de propos, puisque ayant laissé passer le moment de s’y opposer, il critiquait une décision prise qu’il aurait pu prévenir. Et le préteur Juventius Celsus lui reprocha avec abondance et avec force de s’ériger en censeur du sénat. Nepos répondit, Celsus répliqua et ni l’un ni l’autre ne s’abstint des injures. Je ne veux pas répéter ce que j’ai déjà eu de la peine à leur entendre dire. Je n’en ai que plus vivement blâmé ceux de nos sénateurs qui couraient de Celsus à Nepos, selon que l’un ou l’autre parlait, qui feignaient tantôt de les exciter et de les enflammer, tantôt de les apaiser et de les réconcilier, et qui invoquaient la protection de César le plus souvent pour un seul, quelquefois même pour tous les deux, comme dans un spectacle du cirque. Mais ce qui m’a laissé le plus d’amertume c’est qu’ils s’étaient prévenus de leurs intentions. Car Celsus lut sur un écrit sa réponse à Nepos et Nepos lut la sienne à Celsus sur des tablettes. L’indiscrétion de leurs amis avait été telle que ces hommes disposés à se disputer savaient réciproquement tout le détail de leur querelle, comme si elle eût été concertée. Adieu.
VI. – C. PLINE SALUE SON CHER FUNDANUS.
Recommandation.
Si jamais j’ai désiré que vous soyez à Rome, c’est bien en ce moment et je vous supplie d’y venir. J’ai besoin d’un ami qui s’associe à mes désirs, à mes efforts, à mes préoccupations. Julius Naso brigue les honneurs ; il a beaucoup de concurrents, des concurrents de
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