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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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l’extérieur sont trop faciles par la correspondance, les sorties pour les motifs les plus divers (visites chez les spécialistes, perception de rentes sur l’État, procurations, actes notariés, mariages, reconnaissance de paternité, etc.).
    — Aussi bien gardés qu’ils soient, dès l’instant où ils ont franchi l’enceinte du camp, les internés causent, se font des relations, apitoient le monde sur leur sort, passent de la correspondance, lisent et ramènent des tuyaux.
    —  Exemple. Un interné accompagné d’un gendarme se rend chez le dentiste, le praticien refuse au gardien d’assister à l’opération, que se passe-t-il ? Pendant ce temps, que croire ?
    — Se rendant chez le même spécialiste, un interné dépose une lettre dans la boîte à lettres d’un locataire de l’immeuble. Que fait ce dernier ? croyant à une erreur il s’empresse de porter cette lettre, etc.
    — Le médecin du camp prescrit un bain sulfureux, un gendarme accompagne l’interné, il attend à la porte ; pendant ce temps l’interné écrit, laisse sa lettre dans la cabine ; la lettre sera mise de suite à la poste.
    — Un interné se rend chez le bandagiste, il prévient ses amis ou sa famille par lettre (c’est normal) qui dit que ceux ou celle-ci ne seront pas dans le magasin ?
    — Ces exemples sembleront peut-être ridicules, c’est pourtant ce qui se passe, j’en ai la preuve.
    Enfin, pour conclure ce chapitre, j’ajouterai qu’il devrait y avoir des internés espions, bien au courant de la politique, astreints à une résidence forcée pour un laps de temps déterminé, dans le but de renseigner le commandant.
     
    ORGANISATION SANITAIRE.
    —  Le camp devrait posséder une infirmerie-hôpital dans le but d’héberger non seulement des simulateurs mais aussi des malades sérieux et non contagieux (ces derniers devant obligatoirement être hospitalisés sur un centre hospitalier désigné par le préfet du département).
     
    PERSONNEL.
    —  Pas d’infirmières débutantes ; celles-ci n’ont pas la foi, s’apitoient sur le sort de ces malheureux (sic), ravitaillent, passent de la correspondance, les protègent, les encouragent à se faire porter malades, la vie de l’infirmerie étant plus agréable que celle menée dans le rang.
    — À défaut d’infirmières d’opinions politiques certaines, il faut de vieilles infirmières sérieuses et blasées…
     
    Le 8 décembre 1941, le bref rapport de l’assistante sociale principale Orgebin, est déposé sur le bureau du préfet.
     
    RAPPORT SUR LE CAMP DES NOMADES DE MOISDON-LA-RIVIERE
    À Moisdon-la-Rivière, au lieu-dit « La Forge », sont incarcérés environ 300 nomades dont 150 enfants de zéro à quinze ans, hommes, femmes et enfants presque tous de nationalité française.
    Le capitaine Moreau est le directeur du camp. Un peloton de gendarmes en garde l’entrée et maintient l’ordre à l’intérieur du camp. La chose n’est pas toujours aisée, car certains d’entre eux ont des délits à se reprocher.
    Le fait d’être gens sans domicile fixe a été le principe, l’unique motif de l’arrestation.
    Une sage-femme donne ses soins aux nombreuses accouchées. Une pièce dans une construction de pierres a été aménagée à cet effet. Une infirmière hospitalière, diplômée de l’État, ex-élève de l’école d’infirmières de Nantes, soigne les malades.
    Si quelques familles parmi les mieux sont réunies dans une pièce avec quelques paillasses pour s’étendre le soir venu, toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois, repoussants de saleté, où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l’air (baraques militaires type Adrian).
    Dans cet immense taudis aussi sombre à midi que le soir, vivent des êtres humains. Deux ou trois caisses contenant chacune une paillasse et quelques lambeaux de couverture sont superposées les unes au-dessus des autres pour abriter une famille entière.
    Les cheveux en broussaille, la figure et les mains noires, les pieds nus sur le sol boueux, le corps recouvert de quelques haillons, de pauvres enfants, innocentes victimes, s’étiolent dans cette atmosphère de vice et de saleté.
    Autour du poêle allumé se pressent les plus vieux, les malades, les plus petits. Une jeune femme tuberculeuse de retour de sana, entourée de ses petits, réchauffe ses membres douloureux et nus et sème la contagion.
    Cette description du camp ne

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