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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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ne vois pas quel ordre pourrait prendre cette charge. N’oublions pas que le camp se trouve à 60 km de Nantes, 17 km de Châteaubriant et 4 km du bourg de Moisdon, ce qui est, à mon avis, une pierre d’achoppement très importante pour une amélioration éventuelle de la vie de ce camp ; quoi qu’il en soit on arriverait certainement à trouver une organisation pour prendre ces enfants en main.
    Je ne parlerai pas ici de la question du vêtement ni de la chaussure qui a été résolue d’une façon complète par les soins du Secours National.
    Il y a ensuite une question importante qui est celle de la nourriture. Si ces nomades ont 400 g de pain par jour, le surplus servi est nettement insuffisant ; il leur est distribué une très petite portion de légumes ou autres ; le jour de ma visite cette portion aurait tenu sans aucune exagération dans le creux d’une de mes mains.
    Je me suis entretenu de la question avec M. le sous-préfet de Châteaubriant à qui je dois rendre hommage de son bon accueil et de son désir de voir s’améliorer le sort de ces pauvres gens.
    Mais le sous-préfet qui est très ouvert à toutes ces sortes de questions et qui voudrait que personne ne souffre, m’a mis en relation directe avec M. le lieutenant Moreau commandant du camp de Choisel et du camp de Moisdon-la-Rivière.
    À la suite d’un entretien extrêmement courtois avec M. le lieutenant Moreau, j’ai cru comprendre qu’une somme de 11,50 F par jour et par tête serait allouée par l’Administration sur les frais d’occupation pour subvenir à tous les besoins du camp.
    C’est donc que sur ces 11,50 F il y a les frais de P.T.T., de papeterie, d’entretien, etc. qui sont à prélever, si bien qu’à l’heure actuelle, il ne resterait qu’une somme d’environ 6,60 à 7 F par jour et par personne pour la nourriture ; si on retire de cette dernière somme environ 2,80 F pour le pain, on est obligé de convenir que le solde reste bien peu élevé pour couvrir les frais de légumes, viande, pâtes, et que fatalement on pourrait être amené à penser que cette somme de 6,50 F à 7 F pourrait être encore diminuée si le camp devait supporter d’autres frais matériels.
    M. le lieutenant Moreau a reconnu très loyalement que pour des gens qui ne peuvent pas recevoir de colis, la nourriture est très juste mais que l’Administration fait tout son possible, « ce qui n’est, du reste, contesté par personne ».
    M. le lieutenant Moreau a proposé que si le Secours National ou toute autre œuvre de charité comme la Société Saint-Vincent-de-Paul voulait faire quelque chose pour ces nomades en attribuant une somme journalière par tête, il serait tout disposé à recevoir ladite somme pour améliorer l’ordinaire.
    Personnellement, j’estime que ce n’est pas à une œuvre charitable privée d’intervenir pour nourrir de pauvres gens, mais c’est à l’Administration d’obtenir une augmentation de crédit journalier accordé par tête.
    En conclusion, il apparaît urgent qu’avant de faire toute espèce de choses, l’ordinaire des nomades qui ne peuvent recevoir de colis soit amélioré, la Société Saint-Vincent de Paul ne demandant pas mieux que d’étudier à nouveau cette question avec les représentants de l’Administration si celle-ci le juge nécessaire.
    Il en est de même pour le bien et la moralité des enfants en essayant d’obtenir qu’un ordre de religieuses s’en occupe, mais avant tout et pour faire œuvre utile il serait absolument indispensable que l’Administration préfectorale fasse connaître :
    1. Si ces nomades doivent rester à Moisdon-la-Rivière encore quelques semaines ou quelques mois ; dans ce dernier cas il serait inutile d’entamer des démarches et des frais.
    2. Si l’Administration était d’accord pour ouvrir un crédit pour faire une telle œuvre et surtout pour faciliter les moyens de transport et d’aménagement nécessaires.
    Compte tenu, comme dit au début de ce rapport, de la mentalité des romanichels avec ses mœurs spéciales, il est absolument nécessaire d’améliorer son sort, surtout de s’occuper des enfants, car on retrouve là le grave problème de l’enfance qui tient tant au cœur du Maréchal.
    Je crois comprendre qu’il y a un camp de romanichels dans le Loiret qui serait fort bien organisé.
    Nantes, le 10 janvier 1942.
    Pour la Société de Saint-Vincent-de-Paul,
    Le Président, signé :

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