L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
Chameau passent pour vivre dans une certaine aisance. Cette famille se compose seulement du père, de la mère et du fils interné au camp de Châteaubriant.
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Camp de Choisel, le 15 septembre 1941
M. Valenti Gueneau,
détenu sans motif au camp de concentration de Châteaubriant,
à Monsieur le préfet de la Loire-Inférieure à Nantes,
Monsieur le Préfet,
Interné sans aucun motif, comme de nombreux camarades d’ailleurs, j’ai répondu aux arrêtés que vous avez, je ne sais pour quelles raisons, décernés contre moi. J’estime avoir été un honnête homme et qui plus est un bon père de famille qui élève ses enfants dans l’honnêteté et la propreté et avec beaucoup de peine.
J’aurais cru, après les déclarations faites par le gouvernement, et en particulier par le sous-secrétariat d’État à la Famille, que notre tâche de chef de famille serait facilitée. Or, je suis obligé de considérer comme un crime le fait de me séparer de mes enfants et de ma femme au moment où celle-ci va mettre au monde son cinquième enfant, privant tous ceux-ci de leur seul soutien.
J’avais espéré, et cela était une bien petite faveur, puisque j’estime être arrêté arbitrairement, j’avais espéré, dis-je, qu’à l’occasion de cette naissance, nous aurions le commun bonheur d’être l’un près de l’autre quelques moments. À cet effet, je vous avais demandé une permission.
Hélas, je croyais qu’il y avait encore des cœurs humains. Je me suis trompé puisqu’on nous refuse cette consolation. Ma femme peut mourir, cela ne compte pas pour ceux qui sont entourés de toutes les affections et de tous les honneurs.
Qu’ai-je fait pour mériter un tel châtiment ? Je vous demande, monsieur le préfet, de répondre nettement à ma question, car j’estime avoir droit de connaître le délit dont on m’accuse. Dans quelques jours ma femme va accoucher. L’état de dépression morale dans lequel elle se trouve peut la conduire à la tombe. L’espoir qu’elle avait de me voir à cette occasion va lui être enlevé et lui porter un coup terrible.
Qui devrais-je accuser si ce grand malheur arrivait ? Et croyez-vous monsieur le préfet que c’est dans cet état qu’elle pourra donner à la France un enfant fort ?
Non, il ne peut pas y avoir sur la terre des êtres aussi inhumains et j’ose espérer, monsieur le préfet, que vous reviendrez sur cette décision dont peut dépendre la vie d’une mère de famille.
C’est dans cet espoir que je vous adresse ma requête et vous prie de croire, monsieur le préfet, à mes sentiments très respectueux.
Signé : Gueneau.
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27 septembre 1941
Le chef du camp de concentration de Choisel,
J’ai l’honneur de vous faire connaître que par ordre de la Feldkommandantur de Vannes, le préfet du Morbihan doit faire conduire au camp de Moisdon-la-Rivière, quinze familles de nomades, soit 74 personnes avec leurs voitures. Le convoi, escorté par la gendarmerie de son département, arrivera à la gare d’Issé le 27 septembre prochain dans la soirée.
Les voitures (cinq automobiles et dix hippomobiles) seront transportées sur des wagons plats jusqu’à la gare d’Issé.
Vous trouverez ci-joint, la liste des intéressés et copie de l’ordre en vertu duquel la mesure a été prise.
Le Sous-Préfet.
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Le capitaine Moreau, le nouveau chef de camp en cette fin d’année 1941, est prévenu de l’action en faveur des tsiganes que préparent une assistante sociale et le représentant d’une organisation humanitaire. Pour se « couvrir », il adresse au préfet un rapport sur le fonctionnement du camp – long texte sans originalité, compilation des principaux écrits de son prédécesseur – dans lequel il glisse quelques phrases qui pourront, pense-t-il, atténuer la portée des attaques.
— Les camps actuellement construits sont trop près des agglomérations et des voies de chemin de fer (évasions). De cet état de choses il résulte que les internés, malgré la surveillance aussi sérieuse qu’elle puisse être, arrivent à communiquer avec les populations, souvent trop sujettes à s’apitoyer sur le sort de ces « martyrs » (sic).
— En général, le camp fait partie des choses curieuses de la cité, d’où promenades des touristes et des indigènes ; obligatoirement et en cachette des factionnaires, visiteurs et internés échangent des paroles.
— Les rapports avec
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