L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
de camp demande à M. le préfet de la Loire-Inférieure de bien vouloir appliquer le règlement du 29 décembre 1940 et porter la punition infligée à une durée plus longue. Le règlement précité donne à M. le préfet la faculté de porter la punition à 15 (quinze jours).
Châteaubriant, le 16 avril 1941
Le chef de camp.
Signé : Leclercq.
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Demande de renseignements concernant BOGLIONA née MULLER Victoria, née le 18 août à Moy (Aisne), famille constituée de dix personnes, dont sept enfants.
— Elle a été amenée au camp le 8 mai courant vers 9 heures sous escorte de la gendarmerie, en provenance du lieudit « Le Petit-Saint-Jean » commune d’Orvault (Loire-Inférieure).
En ce qui concerne les motifs de son internement, je crois ne pouvoir mieux faire que de reproduire les termes du procès-verbal de la gendarmerie dont un exemplaire a été adressé par la gendarmerie (voie hiérarchique) à M. le préfet de la Loire-Inférieure.
« En exécution de la note 902/2 Cie du 8 novembre 1940 et par procès-verbal n° 174 de notre brigade (Sautron), en date du 31 avril 1941 dans lequel il ressort que les forains habitant en roulottes au « Petit-Saint-Jean », commune d’Orvault, sont sans domicile fixe et n’ont aucun moyen d’existence, que leurs grossièretés envers leurs voisins, les dégâts qu’ils commettent et le jet de leurs ordures et immondices au point de vue hygiène établissent nettement leur qualité de nomades. Ils ne se livrent d’ailleurs à aucun travail rémunérateur. »
J’ai pu constater que les termes des procès-verbaux étaient rigoureusement exacts. Bien qu’apparentés avec la famille Bouglione, propriétaire de la ménagerie connue, ces internés ne présentent aucune garantie et il est certain qu’ils ne vivent que d’expédients et de rapine. Ils paraissent tout à fait à leur place parmi les nomades dont ils ont les mœurs, les coutumes, l’aspect et la mentalité.
J’estime que leur libération ne pourrait être envisagée que si leurs parents actuellement en région parisienne se portaient garants pour eux et prennent le déplacement à leur charge.
Veuillez agréer, monsieur le sous-préfet, l’assurance de mon très respectueux dévouement.
Signé : Leclercq.
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Le nommé ROUET Paul, qui était interné au camp de Châteaubriant, a été hospitalisé à l’Hôtel-Dieu de Nantes, salle 22. Il doit quitter cet établissement hospitalier demain, 24 mai.
Je lui ai accordé trois jours de congé. Il devra, par conséquent, rejoindre le camp de Choisel dans la journée de mercredi 28 mai.
Vous voudrez bien aviser de ma décision le commandant du camp.
Pour le Préfet,
Le Chef de Cabinet.
Signé : Jaquet.
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Châteaubriant, le 29 mai 1941
Le capitaine Leclercq, chef du camp de concentration de Choisel à monsieur le sous-préfet de Châteaubriant.
Vous avez bien voulu me transmettre copie de la lettre de M. le préfet de la Loire-Inférieure (Cabinet) aux termes de laquelle une permission de trois jours a été accordée à M. Rouet Paul, interné administratif au camp de Choisel admis à l’hôpital de Nantes (Hôtel-Dieu) sortant le 14 mai.
J’ai l’honneur de vous rendre compte que M. Rouet, qui aurait dû rejoindre le camp dans la journée du mercredi 28 mai courant, est signalé manquant aux appels du 28 mai au soir et du 29 mai 8 h 30 et 14 heures.
Son absence est signalée à la police et à la gendarmerie.
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Châteaubriant, le 28 mai 1941
Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous exposer qu’à la suite d’une méprise, ma femme et mes quatre enfants ont été internés au camp Choisel à Châteaubriant.
Ma femme ne mendiait pas, elle exerçait son métier de repailleuse de chaises et vannière. Moi-même je travaille à Château-Bougon, à l’entreprise de M. Alaric comme manœuvre, je gagne honnêtement ma vie et j’envoie de l’argent à ma femme.
J’ai recours, monsieur le préfet, à votre grande justice et à votre grande bonté et je vous demande de prescrire une enquête qui prouvera la vérité de ce que je vous écris.
Je vous le demande, monsieur le préfet, rendez-moi ma femme et mes enfants et vous pourrez compter sur l’éternelle reconnaissance de toute la famille.
Chevallier Louis
né le 16 mai 1901 à Melun
demeurant à Château-Thébaud à La Mouette
Titulaire du laisser-passer Ausweis n° 344.
Le
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