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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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quatre de ses camarades ; la tête ballotante dans la neige que rougit le sang d’une blessure qu’il porte au visage. Quarante-huit heures après la chambre à gaz les a délivrés.
    — Natzweiller-Struthof (111) était pourvu d’une chambre à gaz. Tous les détenus en avaient entendu parler dès leur arrivée. Elle ne se trouvait pas dans les baraquements du camp, mais 200 mètres plus bas dans les dépendances de l’hôtel. Je n’y suis, fort heureusement, jamais allé. Mais je puis la décrire assez exactement d’après ce qui m’en fut dit par un tsigane qui y avait passé.
    — D’après ses explications, la pièce avait l’aspect d’une salle de douches complètement dallée et entourée de carreaux de faïence. Les non-initiés ne pouvaient soupçonner, en y entrant, sa vraie destination. De fausses poires à douches avaient été scellées au plafond. La porte qui fermait hermétiquement, était munie d’un petit orifice vitré, permettant de voir du dehors ce qui se passait au-dedans.
    — À qui était destiné ce local et de qui dépendait-il ? Ses premiers usagers furent cinquante femmes juives amenées au printemps 1944 du camp d’Auschwitz (112) . Le professeur Hagen, de l’université de Strasbourg, directeur de l’institut d’anatomie pathologique à l’hôpital civil, pour rassurer les pauvres femmes, leur fit passer un semblant de visite médicale, après quoi les malheureuses furent enfermées dans la salle. Un gaz toxique eut vite détruit ce qui leur restait de vie. Peu après, la porte fut rouverte, la salle aérée, finalement les corps furent transportés à l’hôpital de Strasbourg, au pavillon d’anatomie, où on les plongea dans un bain de formol pour en faire des pièces de musée et où ils ont été retrouvés à la libération.
    — À cette séance d’extermination succédèrent plus tard diverses expériences que tentait un dénommé Bickenbach. Il était chargé par la Wehrmacht d’effectuer des recherches pour lutter contre les gaz toxiques par injection de liquide à l’organisme. Le commandant du camp fit venir un certain nombre de détenus. Lui et Bickenbach choisirent huit d’entre eux, principalement des tsiganes, jugés plus vigoureux et surtout plus faciles à manier. Selon leur habitude, ils leur firent croire qu’ils allaient leur rendre la liberté et ils les amenèrent hors du camp. Le soir tout ce monde revint. Nous les reçûmes au Block 5, auquel j’étais attaché et qui appartenait à l’infirmerie. Une salle avait été mise à leur disposition. Sur l’ordre de Bickenbach, Wladimir, l’infirmier polonais qui s’occupait de la salle d’histologie, dut prendre, toutes les deux heures, la température, le pouls, la respiration de chaque cobaye. Un ballon d’oxygène avait été mis à sa disposition pour le cas où l’un d’eux aurait des gênes respiratoires. Le lendemain matin, sur les huit malheureux, quatre étaient morts après une nuit atroce. Sans doute les S.S. avaient-ils formé deux groupes de quatre, dont un reçut une dose de gaz plus forte que celle de l’autre, ou dont un n’eût aucune piqûre.
    — Quelques mois plus tard, en juin 1944, une seconde expérience eut lieu sur dix détenus. Tous étaient tsiganes. Le lendemain de l’expérience, accompagné d’un S.S., je dus descendre avec un camarade au crématoire sans explication préalable. Le S.S. nous mena au petit dortoir situé à côté du four crématoire. La porte s’ouvrit sur huit êtres au regard livide et assaillis d’une nouvelle peur à notre arrivée. Ils furent transportés par nous à notre Block d’infirmerie, à l’exception d’un seul qui fut laissé au dortoir sur l’ordre du S.S. et que je ne revis plus jamais. Une chose restait à éclaircir. Sur les dix tsiganes désignés pour l’expérience, huit seulement étaient réapparus. Qu’était-il advenu des deux autres ? Je ne tardai pas à l’apprendre. En effet, après avoir prodigué mes soins aux tsiganes amenés au « Revier », je dus descendre, vers 9 heures du soir, avec le chirurgien belge Bogaerts et Wladimir, à la salle de dissection voisine du four crématoire. En y entrant, je trouvai deux cadavres, la bouche remplie d’une écume blanchâtre, étendus à côté de la salle de dissection. Il me fut facile de reconnaître les deux tsiganes manquants. Quatre hommes en civil étaient déjà dans la salle, Bickenbach, Hirt, professeur à la faculté de médecine

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