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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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385 enfants, depuis le nourrisson jusqu’au galopin de 13 ans, ce qui, en comptant les mères, faisait en tout 600 personnes. Pour la première fois de ma vie, je fus appelée « notre mère » par ces enfants. Je les ai lavés, j’ai nettoyé leur nez et je les ai nourris… La misère dans laquelle ils vivaient était effrayante… inconcevable. Les mères, poussées par la faim, volaient même parfois la nourriture de leurs enfants. Quelques femmes travaillaient dans les vanneries tandis que d’autres, abandonnant tout espoir, restaient presque nues dans leur Block, assises sur leur paillasse. En effet, tout le reste avait été brûlé pour se chauffer. Un jour le chef du camp vint nous inspecter et il vit comment nous jouions avec les enfants. Ceux-ci avaient oublié leur chagrin et chantaient et dansaient avec nous. Ce jour-là je fus transférée au Block 13. L’adieu fut dramatique et douloureux. Et jusqu’en 1945 les femmes et les enfants tsiganes en partance pour un nouveau transport venaient me chercher pour me dire adieu. Il me semble les voir encore. C’était par un beau jour de printemps : ils se tenaient devant la fenêtre du bureau où j’étais et paraissaient contents à l’idée d’être envoyés au loin, bien que certains se doutaient déjà qu’ils allaient vers la mort. »
    — Nous (120) avons, un matin, la pénible surprise d’avoir un jour une colonne de petits enfants se dirigeant eux aussi vers les cuisines, un pot à lait au bout du bras. Ils sont conduits par des soldats.
    — L’un (121) d’eux ressemble à une momie, il est entièrement couvert de pansements en papier. Deux yeux noirs au milieu d’une grosse bande de bandages. Près de lui une fillette marche à cloche-pied en chantant. Deux gamins en queue de colonne, traînent un morceau de bois attaché à une ficelle. Les pots de lait scintillent au soleil levant. Je ne peux m’empêcher de pleurer.
    — Le (122) matin après l’appel, on pouvait les voir descendre des cuisines munis d’un petit bidon de lait. Ils bénéficiaient aussi d’une soupe spéciale un peu plus épaisse. Ils habitaient le même Block que leur mère. Mais, un jour, toutes celles-ci furent emmenées en transport et les environs du Block retentirent des cris des enfants.
    — Certains avaient au moins 14 ans ; d’autres étaient tout petits. Les garçons, les filles, vivaient en commun avec les femmes. Très vite, ils apprenaient à se débrouiller et à voler.
    — En rentrant de Rechling, nous avons appris que beaucoup de ces petits malheureux avaient été gazés. Des expériences de stérilisation avaient aussi été pratiquées sur ceux de 9 à 14 ans.
    — Voici (123) le Block des petits tsiganes. Ils sont cent cinquante. L’Aufseherin est très sévère, elle bat les enfants avec un bâton, ils se sauvent comme de petits diablotins. Les garçonnets jouent à la guerre, les fillettes font une ronde lorsqu’elles n’ont pas de mioches à soigner.
    — Parfois, les jeunes tsiganes se mêlent aux enfants juifs pour les jeux rapides. Les enfants juifs sont de différents pays. Certains parlent allemand, d’autres français. Stella parle même l’espagnol. Mais ils s’entendent bien en jouant. Ils sont rassemblés derrière le Block 32, près d’un tas de sable dont on peut bâtir des villes et des châteaux, ou simplement s’y rouler tant qu’il n’est pas encore recouvert de mâchefer, comme tout le camp. On peut profiter de ce que la Kesselkolonne (colonne portant les bidons de soupe) déjeune et que les charrettes attendent le voyage suivant. Alors un groupe d’enfants se jette sur ce grand jouet. Les petits piaillent, tendent les bras. Les aînés sont gravement assis sur le siège et font taire les passagers.
    — Que de cris joyeux chez ces pauvres gosses, à l’arrière de la Kesselkolonne. Ces « chevaux » les promèneront peut-être ? Et si le rêve des gosses se réalise et qu’on les promène deux cents ou trois cents mètres, comme ils courent heureux, annoncer à leur mère que les « femmes de l’Armée Rouge » les ont promenés…
    — Voici deux gosses dans la Lagerstrasse, à la recherche de nourriture. Soudain un des garçonnets a reconnu son père dans un groupe d’hommes en tenue râpée, escortés de S.S.
    — Il se jette vers lui.
    — « Papa, papa ! »
    — L’homme ne peut pas s’arrêter prendre son fils dans ses bras. Il le tient par la main et se penche

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