L'holocauste oublié
Ceux du premier groupe reçurent une vaccination contre le typhus. Le deuxième groupe ne reçut rien. Je pense que dix à quatorze jours plus tard, tous les sujets furent infectés artificiellement avec le typhus : je ne puis vous dire comment, je ne suis pas médecin, mais j’étais là quand ils le firent. Il y avait également une femme. Au cours de cette affaire, trente tsiganes moururent. J’en ai la preuve, j’ai les fiches des morts de Natzweiller. Avant d’être transporté à Dachau, j’ai volé les dossiers des morts, je les ai copiés de façon à pouvoir les utiliser plus tard, et je les ai amenés à Dachau.
— Les quatre-vingt-neuf sujets de ce deuxième transport avaient été récemment renvoyés de la Wehrmacht et des S.S. et envoyés à des camps de concentration. Quand ils arrivèrent, ils étaient bien nourris. Ils venaient tout juste d’être arrêtés ; j’ai assisté moi-même aux vaccinations, et j’étais là lorsque le professeur Hagen, après un certain nombre de jours, revint et injecta au deuxième groupe le typhus artificiel. Les gens étaient nus : je devais les maintenir en rang, et les amener à la chambre où ils étaient inoculés…
H. – Vous avez eu l’occasion de copier les registres de décès du camp de Natzweiller. Avez-vous les copies que vous avez faites ?
N. – Oui, j’ai ces livres ici.
H. – Pourriez-vous expliquer au tribunal de quelles morts il s’agit, et quelle partie a trait à chaque expérience en particulier ? Est-ce possible par une étude de vos livres ?
N. – Oui, nous n’avions pas les noms des tsiganes, nous avions seulement leurs numéros ; quand ils mouraient, nous indiquions seulement : un tsigane, trois tsiganes, etc. Dans la dernière expérience, j’ai les noms : les autres qui moururent, moururent à Dachau, parce que dans l’intervalle, on les avait évacués de Natzweiller (le livre est passé au tribunal). Il s’agit d’une copie de l’original tenue à jour jusqu’à l’évacuation, et faite par un prisonnier norvégien, un Luxembourgeois, et moi-même. Le livre commence en 1942, et va jusqu’en août 1944, il y a deux livres, un pour les Européens et un pour les prisonniers polonais et russes.
Le Président. – Je suggère que les livres soient paginés et soigneusement numérotés ; la défense aura l’opportunité de les examiner.
A. Hardy. – Indiquez au tribunal page par page, les morts qui ont résulté des expériences.
N. – Page 1 : aucune de ces morts n’a trait à des gens utilisés dans des expériences, ni page 2. À la page 38, vous trouvez les expériences avec le typhus. À partir du douzième nom en commençant en haut, il y a un groupe de dix-huit tsiganes ; aucun des noms n’est mentionné.
H. – Comment savez-vous que cela a trait aux tsiganes qui moururent des expériences du typhus ?
N. – Parce que seuls, les tsiganes étaient indiqués dans le livre, sans noms.
H. – Y avait-il dans le camp des tsiganes autres que ceux utilisés pour les expériences du typhus ?
N. – Il y en avait qui étaient normalement enregistrés dans le camp.
H . – Ces morts ne pouvaient-elles indiquer des tsiganes autres que ceux utilisés dans les expériences du typhus ?
N. – C’est hors de question. Ainsi, vous voyez, page 38, vingt-huit espaces blancs, où les noms devraient être, entre la dernière mort et les morts suivantes se trouvent les mots « vingt-huit tsiganes ».
H. – Avez-vous vu personnellement quelques-uns de ces tsiganes ?
N. – Je les ai tous vus, ainsi que leurs cadavres. La plupart provenaient du groupe non protégé qui se trouvait dans la salle n° 1 de l’Ahnenerbe. À la page 49, à la deuxième ligne, il y a également un tsigane, à la ligne 5, un autre, à la ligne 7, un autre tsigane ; à la page 40, à la deuxième ligne, un tsigane, à la quatrième ligne, deux tsiganes, à la ligne 11, un tsigane. Si nous passons à la page 43, à la huitième ligne, nous avons un tsigane ; tous ceux-là moururent à la suite des expériences du typhus.
H. – Avez-vous lavé les sujets d’expériences qui moururent du typhus ?
— Certainement. À la page 76, à la deuxième ligne se trouve le tsigane 6545 Adalbert Eckstein, né le 2 février 1924. Je l’ai également vu mort. À la page 81, à la deuxième ligne, se trouve le tsigane 6554, Reinhardt Mideti Joseph, né le 27 août 1913, je l’ai également vu mort. En bas de
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