L'holocauste oublié

roulottes où ils s’arrangent comme ils le veulent ou dans les dortoirs où ils traînent les lits près du feu, ce qui occasionne le plus grand désordre. En vue de remédier à cet état de choses, quelques bancs ont été confectionnés et il y en a quatre par dortoir. On essaiera d’en augmenter le nombre.
    Chauffage.
    Il existe des poêles en nombre suffisant. Mais le combustible est très difficile à se procurer. Le bois mort existant à proximité immédiate du camp a été ramassé par des corvées surveillées avec l’autorisation des propriétaires. Mais cette ressource est pratiquement épuisée. La consommation de bois pour le chauffage se révèle comme extrêmement onéreuse en raison des quantités indispensables. Il ne faut guère compter sur la houille pour le moment tout au moins. Peut-être pourrait-on envisager l’utilisation de la tourbe qui coûterait beaucoup moins cher. Des précisions seront données incessamment à ce sujet.
    Ravitaillement.
    Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de sérieuses difficultés tout au moins en ce qui concerne les denrées non contingentées.
    Une besogne matérielle assez considérable est à exécuter ; le ramassage des cartes d’alimentation, leur pointage et leur utilisation.
    En raison de l’effectif déjà présent (241 personnes à la date du 6 décembre), il est vraisemblable qu’il y aura des difficultés pour se procurer les denrées contingentées notamment le sucre, le savon, les pâtes et les matières grasses. Il n’est guère possible d’aller chercher « au détail » par achats fractionnés ces denrées indispensables. On pourrait peut-être assimiler les nomades internés (pour le ravitaillement) aux P.G. et leur faire réserver par l’organisme chargé du ravitaillement de ces derniers, les quantités correspondantes aux tickets de la carte d’alimentation.
    À signaler également le nombre des nomades déclarant ne pas avoir de cartes d’alimentation. Ces déclarations ne sont pas toutes exactes, car il a été constaté que certains d’entre eux achetaient par intermédiaire, des fournisseurs venant livrer au camp des denrées contingentées, notamment du sucre, au moyen de coupons provenant de cartes d’alimentation. Un nouveau pointage est en cours, d’accord avec le commandant du détachement de gendarmerie toutes mesures utiles sont prises pour interdire ce genre d’opération et les cartes manquantes seront demandées à M. le maire de Moisdon.
    Gestion.
    Il n’est pas possible pour le moment de se rendre exactement compte de la situation. Aucune écriture n’existait à la date du 29 novembre. On ne sait pas exactement le montant des dépenses engagées pour le ravitaillement, ni celui des crédits prévus pour les acquitter. Il est à peu près certain que la somme de 10 F par jour par grande personne et 6 F par jour et par enfant n’est pas dépassée. Mais il y aurait lieu de bien préciser ce qui est considéré comme grande personne ayant droit à l’allocation à 10 F et quels sont les enfants qui ne peuvent recevoir que la prime de 6 F.
    À la date du 6 décembre, l’effectif des rationnaires est le suivant :
    Majeurs (plus de 21 ans) :
    Hommes………………………………….. 52
    Femmes…………………………………… 44
    Total………………………………………… 96
    Mineurs (moins de 21 ans) :
    De plus de 15 ans………………………… 26
    De 15 à 5 ans…………………………….… 81
    Moins de 5 ans…………………………… 39
    Total………………………………………… 146
    Ensemble 96 + 146 = 242.
    Il semble qu’il pourrait être admis que tous les enfants de moins de dix ans seront décomptés comme ayant la prime de 6 F par jour et les autres personnes l’allocation à 10 F. Cette précision est indispensable pour pouvoir suivre les crédits comme il convient de le faire.
    Les fournisseurs (dont plusieurs ont participé au ravitaillement du camp de la Forge lorsqu’il était occupé par les Espagnols) se sont renseignés au sujet des paiements. Certains ont manifesté quelques inquiétudes pour les échéances. Des apaisements leur ont été donnés, mais il serait désirable que les mandats de paiement ne parviennent pas avec de trop longs retards aux fournisseurs, faute de quoi, des complications ne manqueraient pas de se produire en ce sens que des gens pourraient s’impatienter et faire des difficultés pour