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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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gardes, puisque vous-même, qui l’avez pris dans son berceau, vous ne vous êtes aperçu de rien ? Alors, comment voulez-vous, monsieur le représentant du cardinal, que moi, qui me trouvais dans une pièce voisine, j’aie pu me rendre compte de cette substitution ?
    Les sourcils froncés, le regard mauvais, M. de Durbec attaqua d’un ton acerbe :
    – Madame, je vous engage vivement…
    Mais pressentant que l’explication allait être extrêmement importante et risquait fort de dévoiler, devant une tierce personne, des secrets que celle-ci n’avait pas à connaître, il ajouta :
    – Monsieur le capitaine, je vous prie de vous retirer.
    Le baron de Savières s’empressa de quitter la pièce, fort vexé du tour que l’on venait de lui jouer, et très inquiet des conséquences que pouvait avoir pour lui son manque de perspicacité.
    Durbec lança à M me  de Chevreuse un regard de défi qui exprimait clairement :
    – Et maintenant, à nous deux !
    Mais la courageuse Marie de Rohan n’en parut nullement intimidée, et elle demeura debout à la même place, attendant vaillamment le choc de l’adversaire.
    Celui-ci s’empara de la poupée et la jeta sur un meuble.
    Puis, revenant vers la duchesse, il lui dit :
    – Madame, désirez-vous que je vous communique le blanc-seing de Son Éminence ?
    – C’est inutile. Les procédés dont vous avez usé envers moi suffisent à me révéler à la fois la nature des pouvoirs dont vous êtes investi et des intentions de celui qui vous les a conférés.
    – Vous êtes donc irréductible, madame la duchesse ?
    – Oui, monsieur, quand il s’agit de mon droit.
    – Vous admettrez donc que je le sois aussi, lorsque j’ai à défendre celui du cardinal.
    – Je ne vois pas, monsieur, en quoi le droit de votre maître est en jeu dans cette affaire.
    – N’a-t-il pas le devoir de veiller, avant tout, sur l’honneur de Sa Majesté et sur la sécurité de l’État ? Mais nous ne sommes point ici, madame, pour parler politique, et je vous conseille de répondre catégoriquement à la question que je vais vous poser : Qu’est devenu l’enfant que vous avez fait baptiser cet après-midi dans l’église Saint-Marcelin ?
    Avec un sang-froid qui semblait inaltérable, M me  de Chevreuse riposta :
    – Demandez-le à son père !
    – À M. de Mazarin ! coupa sèchement l’émissaire du cardinal.
    – Vous faites erreur, monsieur, répliqua Marie de Rohan. M. de Mazarin n’est nullement le père de ce nouveau-né cause de ce litige. Il en est simplement le parrain, de même que j’en suis… la marraine.
    – Alors, son père, quel est-il ?
    – Le chevalier Gaëtan-Nompar-Francequin de Castel-Rajac.
    – Quelle est cette plaisanterie ?
    – Monsieur, vous êtes gentilhomme !
    – Certes, et je m’en honore.
    – Eh bien ! montrez-le, monsieur, d’abord en cessant de me parler sur un ton qui n’est point celui d’un homme de bonne compagnie, puis en vous abstenant désormais de mettre ma parole en doute.
    « Décidément, se disait l’espion de Richelieu, cette femme est encore plus forte que je ne le pensais. Je crois que, pour avoir raison d’elle, je vais être obligé de me servir des grands moyens que j’ai ordre de n’employer qu’à la dernière extrémité. »
    D’un ton volontairement radouci, il reprit :
    – Croyez, madame, qu’il m’est fort désagréable, je dirai même fort pénible, d’être obligé de vous parler ainsi et de me montrer, envers vous, d’une rigueur qu’excuse cependant la situation, grave entre toutes, dans laquelle vous êtes placée. Sans doute allez-vous m’accuser encore de me montrer impoli et brutal envers vous. Mais nous en sommes arrivés à un point où il est de toute nécessité d’abattre nos cartes.
    – Soit, monsieur, acquiesça la duchesse. Je pense que vous avez beaucoup d’atouts, mais je ne vous cacherai pas que j’en ai certains, moi aussi, qui sont fort capables de rivaliser avec les vôtres.
    L’émissaire de Richelieu répliqua :
    – Dans la nuit du 5 au 6 mai, Sa Majesté la reine Anne d’Autriche a accouché clandestinement d’un enfant du sexe masculin, dans une maison qui vous appartient et qui est située aux environs du château de Chevreuse. La reine vous a chargée de faire disparaître cet enfant. Dans ce but, vous avez eu recours à l’un de vos amis, le chevalier Gaëtan de Castel-Rajac et, tous deux, en compagnie d’une

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