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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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Castel-Rajac ?
    – Non, monsieur, s’écriait l’aubergiste, et je ne tiens même pas à le revoir, car c’est bien de sa faute si, aujourd’hui, nous avons à subir tous ces désagréments.
    – Assez de jérémiades, et donnez-nous tout de suite des lanternes, afin que nous puissions nous mettre à la recherche de notre ami.
    Tout en grognant, M me  Lopion allait s’exécuter lorsque, les vêtements en désordre, les cheveux en broussailles, la chemise déchirée, Gaëtan de Castel-Rajac, qui avait réussi à se débarrasser des liens qui l’entouraient et à sortir du sac qui l’aveuglait, apparut, clamant d’une voix rauque :
    – Les misérables viennent d’emmener la duchesse au château de Montgiron. Je les ai entendus partir. Leur capitaine leur donnait des ordres. Il faut absolument aller là-bas, leur arracher cette malheureuse ; sans cela elle est perdue.
    Et, se tournant vers Mazarin, il ajouta :
    – Pour que le cardinal s’acharne avec autant de cruauté sur cette femme et cet enfant, il faut…
    Il n’acheva pas. M. de Mazarin, lui prenant la main, lui dit :
    – Vous avez raison, mon cher chevalier, il faut à tout prix sauver la duchesse.
    – Nous la sauverons !… fit le Gascon avec une énergie que l’on devinait sans limites.

CHAPITRE VI
 
ÉCHEC AU CARDINAL
 
    Le château de Montgiron était situé à deux lieues du village de Saint-Marcelin.
    Il faisait partie du domaine royal et, comme il se trouvait fort loin de la capitale, jamais encore aucun souverain ne l’avait honoré de sa visite. Il ne possédait, pour tout hôte, qu’un vieil officier qui en avait la garde et se donnait encore l’illusion d’être un chef, parce qu’il commandait à quelques gardes forestiers et à trois jardiniers chargés d’entretenir la forêt et les jardins qui s’étendaient autour du vieux manoir.
    Ce vieillard qui répondait au nom de Jean-Noël-Hippolyte-Barbier de Pontlevoy, était un cardinaliste d’autant plus enragé qu’il devait cette agréable retraite à Richelieu, beaucoup plus désireux de se débarrasser d’un quémandeur qu’il rencontrait sans cesse dans ses antichambres, que de récompenser les services d’un brave mais obscur soldat qui n’avait jamais réussi qu’à récolter quelques blessures au service du roi.
    M. de Durbec, muni d’un blanc-seing du cardinal, était donc devenu le maître de céans et avait déclaré à M. de Pontlevoy qu’il n’avait qu’à se conformer à ses instructions, c’est-à-dire à se tenir tranquille.
    Le digne homme qui, au fond, ne demandait pas mieux, accéda aussitôt à la volonté que lui exprimait si énergiquement le mandataire du cardinal et, après avoir partagé le souper de ce dernier, il prit le sage parti de se retirer dans ses appartements, de se coucher dans son lit moelleux et de s’endormir avec la même sérénité que d’ordinaire, c’est-à-dire en homme qui a la conscience nette et la digestion facile.
    Vers dix heures du soir, le capitaine des gardes pénétrait dans le salon où M. de Durbec attendait sa venue en dégustant un verre de vin d’Espagne. Il était accompagné de la duchesse de Chevreuse, qui portait dans ses bras l’enfant mystérieux.
    M. de Durbec se leva et salua M me  de Chevreuse, qui ne daigna pas lui répondre.
    M. de Savières attaqua :
    – M me  la duchesse de Chevreuse a consenti à me suivre librement et à vous remettre, monsieur, l’enfant que j’étais chargé de lui réclamer.
    Durbec ajouta, insistant particulièrement sur ces mots :
    – De la part de Son Éminence le cardinal de Richelieu.
    Sans ouvrir la bouche, la duchesse déposa sur la table l’enfant qu’elle tenait dans ses bras et qui semblait toujours reposer aussi profondément. Puis, impassible, elle attendit.
    M. de Durbec écarta les voiles qui enveloppaient le nourrisson. Aussitôt, un cri de rage lui échappa :
    – Madame, vous nous avez joués.
    – Qu’est-ce à dire ? s’exclamait Marie de Rohan, d’un air hautain.
    L’émissaire du cardinal, comprimant avec peine la rage qui s’était emparée de lui, scanda :
    – Ce n’est pas un enfant, mais un mannequin.
    – Vous me surprenez fort, dit ironiquement M me  de Chevreuse.
    – Regardez, madame, et constatez vous-même.
    – En effet, reconnut la duchesse, c’est bien un véritable mannequin que j’ai sous les yeux, et fort adroitement arrangé, n’est-ce pas, monsieur le capitaine des

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