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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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sens que je suis le plus fort ! Mais que pouvais-je faire contre dix hommes aussi déterminés et armés de pistolets, d’épées, tandis que, moi, je n’avais que mes poings pour me défendre ?
    » Ah ! miséricorde, j’ai bien cru que ma dernière heure était venue.
    – Vous avez eu tort, coupa Castel-Rajac, qui mesurait son interlocuteur d’un regard qui signifiait clairement : « Toi, tu ne vas pas peser lourdement entre mes mains. »
    Et, tout haut, il reprit :
    – Maintenant, mon gaillard, à nous deux. J’ai l’habitude d’aller droit au but et de ne pas m’attarder inutilement en détours où l’on risque presque toujours de s’égarer. Voulez-vous gagner cinquante mille livres ?
    – Cinquante mille livres ! répétait Martigues, en roulant des yeux effarés.
    Le fond de sa nature honnête et naïve reprenant immédiatement le dessus, il s’écria :
    – Quel crime allez-vous me demander de commettre contre une pareille somme ?
    Avec un calme beaucoup plus impressionnant que la menace et la colère, Castel-Rajac se leva et, approchant son visage de celui du pêcheur, il lui dit :
    – Regarde-moi bien en face et dis-moi, après ça, si j’ai l’air d’un bandit.
    – Non, répliqua Martigues, vous avez l’air d’un honnête gentilhomme.
    – Tu as raison de me juger ainsi, car je suis tel.
    M. d’Assignac qui, avec M. de Laparède, avait assisté à cette scène, se leva à son tour et déclara de sa basse voix chantante :
    – Et moi, qui le connais depuis toujours, je puis affirmer qu’il est l’officier le plus loyal de France.
    Le pêcheur, qui n’avait pas besoin de ce témoignage pour accorder toute sa confiance au lieutenant de mousquetaires, reprenait :
    – Alors, monsieur, si c’est une bonne action que vous me proposez, gardez votre argent pour vous, car, quand on fait le bien, on n’a pas besoin de récompense.
    – Voilà une réponse qui me plaît, s’écria Gaëtan. Néanmoins, je maintiens mes offres, car, si tu veux bien nous aider à sauver un innocent, à délivrer un malheureux, j’entends que tu n’aies pas à supporter les conséquences d’une bonne action, qui, je ne te le cache pas, pourrait te coûter fort cher. Je veux te donner le moyen d’échapper à ceux qui seraient tentés de te chercher noise et de trouver un abri tranquille et sûr où tu pourras filer le parfait amour avec ta bonne amie.
    – Ah ! monsieur, je crois deviner, fit le pêcheur. Vous me demandez, n’est-ce pas, que je vous aide à faire évader l’homme au masque de fer ?
    – Tiens, tiens, s’écria gaiement le Gascon, tu es plus malin que je ne le pensais. Eh bien ! oui, c’est cela ! Sommes-nous d’accord ?
    – Monsieur, reprit Martigues avec un accent plein de franchise, je ne demanderais pas mieux que de vous aider en cette entreprise, car ce prisonnier, que je suis chargé de servir, m’inspire une profonde pitié, et, chaque fois que je le vois avec ce masque sur la figure, l’envie me prend de le lui arracher ; mais il paraît que c’est impossible et que seul M. de Saint-Mars, le gouverneur, connaît le mécanisme secret qu’il faudrait faire fonctionner pour cela. Et puis, je ne suis qu’un pauvre hère !
    » Ah ! tenez, il faut que je vous le dise, puisque vous vous intéressez tant à ce malheureux. Depuis un an qu’il est prisonnier à l’île Sainte-Marguerite, il n’avait pas encore desserré les lèvres ; et puis, aujourd’hui seulement, il s’est décidé à me dire quelques mots ! Rien qu’au son de sa voix, j’ai compris qu’il était jeune et qu’il devait être aussi bon que brave. Ah ! oui, il m’a parlé ; il m’a même appelé son ami !… Inutile de vous en dire davantage, tout ce que je pourrais faire pour lui, pour vous, je le ferais ! Mais, malheureusement, je le répète, mon aide ne peut pas vous être très efficace et je crains bien que vous ayez eu tort de compter sur moi.
    Castel-Rajac, d’un ton bref, s’écria :
    – Qu’en savez-vous ?
    Martigues eut un signe évasif, mais déjà le Gascon interrogeait :
    – De combien d’hommes se compose la garnison ?
    – De vingt hommes !
    – Ce sont de bons soldats ?
    – Pas très. On s’ennuie beaucoup à Sainte-Marguerite, et ils n’attendent qu’une occasion de filer, surtout la nuit, et de gagner la terre afin d’y faire ripaille.
    – Bien. Le gouverneur est-il sévère ?
    – Très.
    – Il ne badine pas

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