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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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saucissonné à un tel point qu’il ne pouvait ni proférer un cri ni esquisser le moindre geste. Après l’avoir enfermé dans une cave qui ne possédait pour toute ouverture qu’un soupirail garni de solides barreaux et qu’une porte en chêne fort épaisse et pourvue d’une serrure qui eût été digne de fermer un cachot de la Bastille ou… de l’île Sainte-Marguerite, Gaëtan remonta dans la salle à manger, où M me  de Chevreuse était restée seule.
    Au même moment, un coup de sifflet aigu s’élevait au dehors. Aussitôt, Castel-Rajac dressa l’oreille et, comme un second coup succédait au premier, il fit entre ses dents :
    – Le signal, tout va bien, je n’ai plus qu’à les rejoindre !
    Se tournant vers M me  de Chevreuse et M me  de Lussey, il leur dit :
    – Attendez-moi jusqu’au point du jour. Si, à ce moment, je ne suis pas revenu, c’est que…
    Il s’arrêta, dominant l’émotion qui s’était subitement emparée de lui ; puis, reprenant instantanément toute sa belle énergie et sa merveilleuse bonne humeur, il s’écria en adressant à M me  de Chevreuse un sourire dans lequel il fit passer toute son âme :
    – Mais je reviendrai !

CHAPITRE V
 
LA RUSE ET LA FORCE
 
    En quelques enjambées rapides, Castel-Rajac avait rejoint le comte de Laparède qui l’attendait sur la route.
    Laconiquement, il lui dit :
    – Notre homme est là, sous la garde de notre ami d’Assignac. Nous ne lui avons rien dit encore, mais il a l’air d’un brave garçon, et je crois que nous allons pouvoir nous entendre avec lui.
    Prenant son compagnon par le bras, il s’en fut avec lui dans la direction de La Napoule. Ils arrivèrent ainsi jusqu’à l’entrée du village et pénétrèrent par une petite porte donnant sur une cour obscure et déserte dans une salle basse, enfumée, où une vingtaine d’hommes, qui portaient tous l’uniforme des mousquetaires, étaient rassemblés.
    À la vue de Castel-Rajac, tous se levèrent, saluant le lieutenant, qui leur répondit avec bienveillance, tout en glissant à l’oreille de Laparède :
    – On dirait qu’ils sont vrais.
    – Le fait est, murmura Laparède, que ces braves gens portent aussi bien l’uniforme que s’ils étaient des authentiques mousquetaires.
    Castel-Rajac, guidé par Laparède, traversa la salle et s’arrêta devant une petite porte que poussa son ami. Il se trouva alors dans une sorte de réduit, occupé par d’Assignac et un second personnage qui n’était autre que Jean Martigues. Celui-ci semblait très troublé et même très effrayé.
    Lorsqu’il aperçut M. de Castel-Rajac, il devint plus pâle encore et dirigea vers ce dernier un regard qui semblait implorer pitié.
    – Rassurez-vous, mon ami, s’empressa de déclarer le Gascon, personne ici ne vous veut du mal, au contraire. Si mon ami d’Assignac ne vous a rien dit encore, c’est parce qu’il a préféré me laisser le soin de vous parler.
    Et, tout en s’asseyant familièrement sur un escabeau en face de l’ancien pêcheur, il lui dit :
    – Ce n’est pas une raison, parce que, pour vous amener ici, mes amis ont usé envers vous d’un procédé un peu brutal, pour que vous vous figuriez que nous souhaitons votre mort. Nous sommes ici pour assurer votre fortune.
    – Vous plaisantez, monsieur, articula péniblement Martigues.
    Le lieutenant aux mousquetaires fronça les sourcils :
    – Sachez, fit-il d’un ton sévère, que je ne plaisante qu’avec les gens de ma qualité et que je le fais toujours avec esprit.
    – Excusez-moi, monsieur, supplia le valet de l’homme au masque de fer. Je suis tellement ahuri par ce qui m’arrive… Pensez donc que, tout à l’heure, profitant d’une permission de la nuit que m’avait donnée M. le gouverneur de l’île Sainte-Marguerite, j’étais venu à terre pour…
    – Embrasser votre bonne amie…
    – Oui, oui… bégaya le pêcheur, pour… pour… c’est cela, monsieur, pour embrasser ma bonne amie, lorsque, tout à coup, dix hommes, que je n’avais point vus, parce qu’ils se cachaient derrière les rochers, se sont précipités sur moi, au moment où je sautais de ma barque, et m’ont amené ici en me menaçant si je poussais seulement un cri, de me faire jaillir les tripes hors du corps. J’en ai encore la chair de poule.
    – Vous n’êtes donc pas brave ?
    Naïvement, Martigues répliqua :
    – Oh ! si, monsieur je suis toujours très brave, quand je

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