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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui attendaient, en cas de résistance.
    – Ah ! ah ! j’ai compris, dit-il simplement.
    – Mais, fit Brancaillon, si nous n’emportons pas nos dagues, avec quoi attaquerons-nous ?
    Bragaille, qui avait compris, lui aussi, lui désigna les gens apostés, et dit :
    – Ceux-ci nous prêteront ce qu’il faut.
    – Ceux-ci ? dit Brancaillon en toisant les hommes du capitaine. Ils ont de bien petites dagues…
    – Allons, allons, fit rondement le capitaine. Vous aurez tout le temps de vous expliquer en votre nouveau logis. Que diable, Brancaillon, soyez sage comme vos deux acolytes.
    Bref, Brancaillon ahuri, Bragaille sombre et Bruscaille pâle de rage suivirent le capitaine qui les fit descendre jusqu’au rez-de-chaussée, de là dans les sous-sols où on longea un étroit couloir fort triste ; au bout du couloir s’ouvrit une porte, laquelle, un instant plus tard, se referma à grand bruit.
    – Continuez votre somme ! cria le capitaine en s’en allant. Et si votre réveil est un peu gênant pour votre cou, demandez-vous pourquoi vos pierres n’étaient pas assez lourdes pour tenir au fond de l’eau l’homme que vous m’avez montré mort dans son sac.
    – Que diable veut-il dire ? demanda Brancaillon encore tout effaré.
    – Il veut dire que notre affaire est réglée, dit Bruscaille.
    – Oui. C’est plus grave que je ne supposais, ajouta Bragaille, sans quoi on ne nous eût pas pris.
    – Mais, fit Brancaillon, pourquoi nous met-on au cachot ?
    – On te l’a dit, bélître ! Parce que les pierres n’étaient pas assez lourdes.
    – Diable ! fit Brancaillon qui se gratta la tête, pourvu qu’on ne nous y laisse pas trois jours comme la dernière fois où nous fûmes punis par monseigneur !
    – Trois jours ! s’écria Bruscaille en éclatant de rire. Non, non ! Demain matin, nous serons délivrés.
    – Eh bien, je dors !
    Et Brancaillon, sans plus s’inquiéter de ce qui lui arrivait, s’allongea sur les dalles. Une minute plus tard, il ronflait. Il faut rendre justice à ce brave, c’est que peu lui importait le lit, du moment qu’il pouvait s’étendre. Quant à Bruscaille et à Bragaille, s’ils avaient eu le moindre falot pour se regarder, ils se fussent vus fort pâles. Pour eux, en effet, il n’y avait pas de doute : le duc de Bourgogne avait acquis la preuve qu’ils l’avaient abominablement trompé en ce qui concernait le sire de Passavant, et, au point du jour, ils seraient proprement pendus dans l’arrière-cour de l’hôtel qui possédait un fort joli gibet qu’à maintes reprises ils avaient admiré.
    Brusquement, ils eurent la sensation que le cachot s’emplissait de lumière. Vaguement, ils distinguèrent les hommes d’armes. Et en avant, deux hommes. L’un était le duc de Bourgogne et l’autre…
    Il y eut un triple hurlement d’épouvante.
    On vit les trois malheureux reculer d’un bond jusqu’à l’angle le plus obscur du cachot, s’y blottir, se serrer l’un contre l’autre, hagards, fous de peur.
    – L’homme de la Cité ! râla Brancaillon.
    – Le sorcier de la table de marbre ! rugit. Bruscaille.
    – Non ! non ! vociféra Bragaille, nous ne sommes pas les trois vivants !
    Saïtano avait tressailli. Il saisit la lanterne que portait l’un des hommes, fit un pas rapide, examina les trois pauvres diables et murmura :
    – Est-ce que ce serait eux ? N’y a-t-il pas là une volonté du destin ? N’est-ce pas une preuve que l’expérience doit cette fois réussir ?
    Il était aussi pâle qu’eux. Son cœur battait, mais d’une hideuse espérance. Il cria :
    – Est-ce bien vous ?
    – Horreur ! Horreur ! gémit Bruscaille.
    – Voici le logis de l’Horreur ! grelotta Bragaille.
    – Grâce ! supplia Brancaillon, ne nous remettez pas sur les escabeaux !
    – Ce sont eux ! dit Saïtano avec une joie profonde et funèbre.
    Jean sans Peur, Courteheuse, Scas, Ocquetonville, le capitaine, les gardes, tous ces gens avec un étonnement au fond duquel il y avait une sourde terreur considéraient ces trois hommes qui cent fois avaient joué avec la mort, et qui tremblaient convulsivement, aplatis contre le mur, les mains tendues comme pour écarter une affreuse apparition.
    Saïtano les examinait curieusement. Enfin, il se tourna vers Jean sans Peur et lui dit :
    – Allons-nous-en, monseigneur, sans quoi ces trois hommes vont mourir.
    – Mourir ? Et de quoi ?
    – De peur !
    Bruscaille,

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