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L'Iliade et l'Odyssée

L'Iliade et l'Odyssée

Titel: L'Iliade et l'Odyssée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Homère
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à
l’ouvrage que nous avons ramenées de Lesbos. Je lui rendrai
Briséis, sa captive, et si nous prenons la ville de Troie, il aura
sa part de butin.
    « Voilà ce que je lui donnerai, s’il
renonce à sa colère. Car, à coup sûr, un homme que les dieux aiment
tant vaut toute une armée. »
    Nestor lui répondit : « Glorieux
Agamemnon, tu n’offres pas à Achille des présents qui soient à
dédaigner. Choisissons donc des envoyés pour les porter. Dépêchons
le grand Ajax et le divin Ulysse. »
    Ce choix fut approuvé de tous.
    Tandis qu’ils marchaient le long du rivage,
Ajax et Ulysse adressaient maintes prières à Poséidon, le dieu de
la mer, afin qu’il leur permît de fléchir aisément l’âme hautaine
d’Achille.
    Quand ils arrivèrent aux baraques des
Myrmidons, ils trouvèrent Achille jouant de la cithare, une belle
cithare surmontée d’une traverse d’argent. Et il chantait pour son
ami Patrocle et pour lui-même les exploits des héros.
    À l’approche des deux envoyés, Achille se leva
d’un bond. Il les salua et les fit asseoir sur des sièges et des
tapis de pourpre.
    « Maintenant, Patrocle, dit-il, apporte
du bon vin et des coupes à chacun, car ces hommes sont mes
meilleurs amis. »
    Patrocle obéit à son compagnon. Achille alors,
à la lueur du feu, se mit à découper des viandes ; il les
enfila sur des broches et les fit rôtir sur la braise. Patrocle
distribua le pain, tandis qu’Achille servait les viandes.
    Quand ils eurent mangé et bu, Ulysse leva sa
coupe et dit :
    «À ta santé, Achille ! Les bons repas ne
nous ont pas manqué aussi bien dans la baraque d’Agamemnon qu’ici
même aujourd’hui. Mais ce n’est pas d’un festin que nous avons
cure. Notre souci est de savoir si nous sauverons ou perdrons nos
vaisseaux … à moins que tu ne reviennes combattre avec nous. Les
Troyens ont établi leur camp tout près des vaisseaux et du
mur ; ils croient que nous ne tiendrons plus et que nous
allons nous jeter sur nos vaisseaux. Lève-toi donc, si tu veux
sauver les tiens.
    « Souviens-toi que ton père, le jour de
ton départ, te mettait en garde contre l’orgueil et les querelles.
Il n’est pas trop tard pour changer, car nous venons de la part
d’Agamemnon t’offrir les plus riches présents, si tu renonces à ta
colère. » Puis, Ulysse lui énuméra les présents, l’or et les
chevaux, les femmes habiles à l’ouvrage, et tout le reste.
    Mais Achille ne fut pas ébranlé par ces
promesses.
    « Je dois te déclarer exactement ce que
je pense, dit-il. Je hais cet homme du fond du coeur. Je suis las
d’avoir passé tant de nuits d’insomnie et tant de jours sanglants
pour son seul avantage. Pourquoi faut-il que les Grecs combattent
les Troyens ? Pour Hélène ? Agamemnon et Ménélas sont-ils
les seuls hommes ici à aimer leurs femmes ? Tout homme bon et
sensé aima la sienne, comme moi j’aimais la mienne de tout coeur,
bien qu’elle fût captive.
    « M’offrît-il tous les trésors de Delphes
et de Thèbes, Agamemnon ne saurait me persuader. Car, pour moi, la
vie vaut plus que tous les trésors du monde. On peut enlever des
boeufs et des moutons, acheter de l’or et des chevaux, mais la vie
d’un homme ne se ressaisit pas, une fois qu’elle a franchi la
barrière des dents.
    « Ma mère Thétis m’a montré deux
chemins : ou bien rester ici à Troie et mourir en gagnant une
gloire immortelle, ou bien vivre dans ma patrie de longues et
paisibles années. C’est là ce que je ferai. Et je vous conseille de
vous en retourner pareillement. Car Zeus étend son bras sur cette
ville, et jamais vous ne verrez la fin de la haute Ilion.
    « Allez porter mon message à vos princes,
afin qu’ils trouvent un moyen meilleur que celui-ci de sauver leurs
vaisseaux et leurs hommes. »
    Quand Achille eut fini, les envoyés, prenant
tour à tour la coupe à deux anses, firent une libation. Puis ils
s’en retournèrent en longeant les vaisseaux. Ulysse était en
tête.
    Quand ils arrivèrent dans la baraque
d’Agamemnon, les Grecs se levèrent de tous les côtés, les saluèrent
de leurs coupes d’or et se mirent à les questionner.
    « Glorieux Agamemnon, dit Ulysse, Achille
refuse tous tes présents. Il est plus loin que jamais de céder. Il
menace de prendre la mer dès l’aube, et nous conseille d’en faire
autant. »
    Tous restèrent silencieux, frappés de ce
discours. Diomède enfin prit la parole.
    « Laissons-le s’en aller ou

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