L'Iliade et l'Odyssée
entailla la peau du côté. Le grand Ajax
lui-même dut faire retraite en direction des vaisseaux.
Enfin, une flèche de Pâris mit hors de combat
le grand médecin Machaon. Nestor, le voyant blessé, se porta
immédiatement à son secours. Bientôt les chevaux de Nestor, suant
et haletant, emportaient les deux hommes vers les vaisseaux
creux.
Achille était debout à la poupe de son navire,
contemplant la déroute des Grecs. Quand il vit arriver le char de
Nestor, il s’adressa à son ami Patrocle.
« Maintenant enfin je vais voir les Grecs
à mes genoux, dit-il, car ils sont en mauvaise posture. Va demander
à Nestor quel est l’homme qu’il ramène. De dos, il ressemble fort à
Machaon ; mais je n’ai pas vu nettement son visage. Je veux le
savoir, car un médecin qui peut guérir la blessure d’une flèche
vaut beaucoup de combattants. »
Patrocle alors se mit à courir le long des
baraques et des vaisseaux. Le char de Nestor était maintenant
arrivé à sa baraque. Les deux hommes firent sécher la sueur de
leurs tuniques, debout sous la brise, près du rivage de la mer.
Puis ils rentrèrent.
Juste à ce moment, Patrocle parut à la porte.
Nestor l’invita à s’asseoir, mais Patrocle refusa en
disant :
« Achille m’a envoyé demander quel était
le blessé que tu ramenais. Mais je reconnais Machaon, le pasteur
d’hommes. Je vais vite rapporter la nouvelle à Achille, car tu sais
comme il est prompt à la colère. »
« Pourquoi donc Achille plaint-il tant un
homme blessé ? lui répondit Nestor. Ne sait-il rien du deuil
qui s’abat sur l’armée ? Les meilleurs sont blessés :
Agamemnon, Diomède, Ulysse. Achille ne s’en soucie guère, tout
brave qu’il soit. Attend-il que nos vaisseaux soient
brûlés ?
« Tu dois te souvenir, Patrocle, des
recommandations que te faisait ton père, à ton départ pour la
guerre. « Mon fils, disait-il, Achille est plus fort et plus
noble que toi. Mais tu es plus âgé. Tu dois le conseiller. »
Voilà les recommandations de ton père. Les as-tu
oubliées ?
« Tu es l’ami d’Achille. Peut-être
pourras-tu le persuader. Ou peut-être t’enverra-t-il, avec ses
propres armes, toi et les Myrmidons. Alors les Troyens, voyant des
troupes fraîches et croyant que c’est Achille qui les conduit,
renonceront à se battre et laisseront les nôtres reprendre
haleine. »
Patrocle fut touché par le discours de Nestor.
Il se mit à courir le long des vaisseaux pour aller retrouver
Achille.
L’Iliade – Scène 9 : Le combat près
des vaisseaux
Maintenant, le combat se déroulait près du
fossé et du mur qui protégeaient le camp des Grecs. Lorsque les
Grecs avaient bâti ce large mur, ils avaient oublié d’offrir des
sacrifices aux dieux : aussi ne devait-il pas rester longtemps
debout. Mais, à ce moment-là, il se dressait encore, tandis que la
bataille faisait rage à l’entour et que les bois du rempart
résonnaient sous les coups.
Pendant que les Grecs se tenaient apeurés
auprès de leurs vaisseaux, Hector allait et venait dans les rangs,
pressant ses hommes de franchir le fossé. Mais les chevaux
n’osaient pas ; ils poussaient de forts hennissements,
effrayés qu’ils étaient par la largeur du fossé. C’est qu’il
n’était pas facile à franchir, car le bord opposé était garni de
pieux pointus.
« Pourquoi ne pas laisser nos chevaux sur
le bord du fossé ? suggéra un Troyen à Hector. Puis nous te
suivrons à pied et porterons la mort aux Grecs, si telle est la
volonté des dieux. »
Cela parut à Hector un excellent avis.
Aussitôt, il sauta de son char, tout en armes. Les autres Troyens
l’imitèrent. Puis ils se formèrent en cinq corps. Le brave Hector
prit la tête des troupes, et ses hommes le suivirent en poussant
une clameur prodigieuse.
Les Troyens, confiants dans la protection des
dieux et dans leurs propres forces, franchirent le fossé et
s’attaquèrent au mur. Ils cherchaient à tirer les corbeaux des
tours, à faire crouler les parapets, et à soulever les piliers
boutants, espérant ainsi enfoncer le rempart.
Mais les Grecs n’étaient pas encore prêts à
les laisser passer. De leurs boucliers, ils renforçaient les
parapets, et tiraient de là sur les ennemis qui s’avançaient sous
la muraille.
Ainsi, les chances du combat s’équilibraient
pour eux, jusqu’au moment où Zeus donna une gloire plus éclatante à
Hector, qui le premier sauta sur le mur des Grecs.
«À l’assaut,
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