L'inconnu de l'Élysée
ma décision. »
Chirac a alors nommé Roselyne Bachelot au poste qu'il réservait à son ami.
Le président ne lui a pas tenu rigueur de son refus et l'a complètement impliqué dans la préparation de son voyage en Afrique du Sud au Sommet mondial pour le développement durable, début septembre 2002. Avec Jérôme Bonnafont, aujourd'hui porte-parole de l'Élysée, qui est devenu son correspondant et son allié dans la place, un complice qu'il définit comme doté d'une sensibilité altermondialiste, il a travaillé au discours de Johannesburg. De ce second voyage en Afrique du Sud il a ramené un autre grand sac de souvenirs : quand, aux côtés de Jérôme Bonnafont, il a écouté le discours de Chirac, dont le texte n'avait pas été édulcoré ; quand Jacques Chirac lui a organisé une nouvelle rencontre avec Mandela pour que celui-ci dédicace une photo destinée à son fils Nelson ; quand il a assisté au tête-à-tête entre Mandela et Chirac à propos de l'Irak.
Nicolas Hulot a travaillé ensuite aux prémisses de l'élaboration de la Charte de l'environnement. Il aurait pu prendre la présidence de la commission chargée de l'élaboration de cette Charte, mais ses fréquents voyages l'empêchaient d'assumer cette responsabilité. Jacques Chirac lui a alors demandé son avis sur celui qu'il entendait nommer à cette présidence : Yves Coppens, le fameux paléontologue qu'il connaissait et appréciait pour ses recherches sur Lucy et les origines de l'homme. Quelque peu réservé au départ sur ce choix, à cause de la « confiance excessive dans le genre humain » qu'il lui prêtait, Nicolas Hulot a déjeuné avec le savant et a trouvé que, sans préjugés, il était bien l'homme de la situation.
Lors des premières assises pour la Charte, à Nantes le 29 janvier 2003, Yves Coppens a su exprimer mieux que personne le lien entre les questions d'environnement et celles des origines de l'homme – la peur de la « rupture de la chaîne ». Après le discours de Coppens, Jacques Chirac a repris ses propos pour montrer toute l'importance de la Charte qu'il entendait faire inscrire dans la Constitution.
« Grâce à la paléontologie, grâce notamment à vos travaux si importants et si connus, notre vision de la présence humaine sur cette Terre a profondément évolué. Nous percevons mieux à quel point, vous l'avez souligné, Monsieur le Professeur, l'humanité fait partie d'une chaîne de vie. Il serait tout à fait illusoire de croire que l'homme pourrait survivre s'il rompait cette chaîne. Or, chacun le sait bien aujourd'hui, l'exploitation de notre planète ne permet plus aux ressources naturelles de se régénérer au rythme nécessaire. Le moment est donc venu de reconnaître que des règles, nationales et universelles, s'imposent pour éviter à l'humanité des risques écologiques majeurs. Aujourd'hui, l'humanité doit se forger une conscience universelle. »
Une fois la Charte rédigée, Nicolas Hulot s'est démené pour qu'elle soit adoptée et inscrite dans la Constitution, notamment pour convaincre la gauche de ne pas rejeter un texte aussi capital.
Fin mars 2004, Jacques Chirac a de nouveau essayé de convaincre Nicolas Hulot de prendre le ministère de l'Environnement. C'est Serge Lepeltier qui a bénéficié de son refus.
Sans plus de succès, il a tenté d'obtenir que son ami s'engage pour le oui dans la campagne du référendum sur le projet de Traité constitutionnel européen. « Mon refus l'a beaucoup chagriné. Ça l'a même blessé. » Dès lors, le président a appelé moins souvent son ami, ils se sont moins vus. Mais quand, le 31 juillet 2006, Nicolas Hulot déclare, dans une interview au Journal du Dimanche , ne pas écarter la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle, Chirac lui téléphone et dit comprendre ses propos, tout en précisant : « Je ne te parle pas de ta candidature. »
Pour compléter ses explications sur la nature des relations qu'il entretient avec le président, Nicolas Hulot tient à dire que, dans le cours de leurs discussions, il n'a jamais été question de politique. « Il ne m'a jamais parlé de Sarkozy, de Mitterrand ou d'autres hommes politiques français. Ça s'arrêtait à la lisière de la sphère politique. »
En octobre 2006, le président lui a demandé s'il accepterait de soutenir son idée d'organiser à Paris une conférence internationale rassemblant les grands spécialistes mondiaux de
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