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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
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« 20 ans » ? Souhaite-t-il inconsciemment peser longtemps encore sur le destin de la France ? Ou, prenant d'autres mots que ceux utilisés par François Mitterrand pour ses derniers vœux, signifie-t-il ainsi qu'il sera auprès des Français, dans tous les cas de figure, pendant un bon bout de temps encore ?
    Je rassure tout de suite les lecteurs des articles de Béatrice Gurrey dans Le Monde , mais aussi ceux qui ont entendu les propos ou feuilleté le livre irrespectueux et inélégant de Roselyne Bachelot 6 , lesquels ont pu croire que la santé du président déclinait, qu'il était souvent absent, commettait des lapsus, avait des trous de mémoire, bref, qu'il était au bord de la sénilité. Jacques Chirac n'a certes pas vingt ans, mais il est en pleine forme, physique et mentale.
    Je renvoie les lecteurs friands d'anecdotes croustillantes sur les bagarres, rivalités et coups bas entre Chirac, Villepin et Sarkozy, à d'autres ouvrages 7 que le mien : ces batailles-là n'entraient pas dans le champ que je voulais labourer. Néanmoins, de temps à autre, il m'est arrivé de lancer le nom de Nicolas Sarkozy dans la conversation. Sans grand succès : Jacques Chirac s'est borné à me raconter quelques anecdotes. Toutefois, le mardi 10 octobre 2006, il a eu quelques mots intéressants sur l'entretien qu'il avait eu la veille avec le chef de l'UMP.
    « Vous voyez, c'est tout de même scandaleux : on m'accuse de ne pas être gaulliste, moi qui suis entré dans le gaullisme avec vous et par vous », lui aurait dit Sarkozy.
    Ce à quoi il lui aurait répondu.
    « Le problème n'est pas là. Il est de savoir si tu as le tempérament ou non. C'est à toi de démontrer que tu es gaulliste. Ça n'est pas une référence historique, c'est à toi de l'affirmer : on adhère ou pas à une certaine idée de la France. »
    Intéressant, mais pas suffisant. D'autant qu'à la veille de mon dernier entretien avec Jacques Chirac, un sondage d'Opinion Way pour Le Figaro et LCI, publié le 12 janvier 2007, montre que seulement 17 % des Français estiment que les interventions du président visent à faire gagner son camp, que 44 % des personnes interrogées estiment qu'elles ont pour but de défendre ses positions, et 37 % une volonté de faire battre le président de l'UMP. À mon tour je me devais de questionner le chef de l'État sur ses intentions, sur la signification de ses interventions et sur ses rapports avec le ministre de l'Intérieur.
    Le lieu et l'heure s'y prêtaient. Installé, « comme d'habitude », dans la salle de réunion qui jouxte le bureau présidentiel, objet des convoitises de Sarkozy, je me retrouve en face de Jacques Chirac. Toujours se dresse la même grande dent de narval au milieu de la table qui nous sépare. Les derniers militants de l'UMP doivent être en train de quitter la Porte de Versailles. Nicolas Sarkozy a terminé son discours depuis une couple d'heures… Il est 17 heures 15, ce dimanche 14 janvier 2007.

    « Nicolas Sarkozy vient d'être sacré candidat à l'élection présidentielle, à la porte de Versailles, par des dizaines de milliers de militants de l'UMP, comme vous il y a trente ans par ceux du RPR. Voilà qui doit vous faire quelque chose… Que ressentez-vous, comment réagissez-vous ?
    – J'ai voulu la création de l'Union pour un mouvement populaire afin de rassembler le maximum de Françaises et de Français. D'en faire un acteur majeur de la modernisation de la France. Le congrès d'aujourd'hui témoigne de la vitalité de ce mouvement et je ne peux que m'en réjouir pour l'avenir. Car, voyez-vous, contrairement à la plupart des autres partis socialistes européens, le Parti socialiste français n'a pas fait réellement sa mue et reste englué dans des conceptions dépassées. La France a besoin de poursuivre son action de modernisation et d'adaptation aux changements du monde. Donc, si le congrès d'aujourd'hui a pu contribuer à renforcer l'adhésion des Français à une certaine idée de la France et de son avenir, c'est une très bonne chose.
    – Pourquoi n'avez-vous pas envoyé au Congrès de l'UMP un message de soutien ?
    – C'est une question de principe. Du jour où j'ai été élu président, j'ai estimé que ma fonction ne me permettait pas de participer directement ou indirectement à la vie partisane, et d'autant moins s'agissant d'une réunion à vocation électorale. En revanche, j'ai toujours respecté le rôle et la mission des

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