L'inconnu de l'Élysée
la protection de l'environnement et de la biosphère, avec pour objectif d'aboutir à la création d'un Office mondial de l'environnement. Il a accepté à condition que la liste des membres du comité d'honneur (chargé d'organiser cette conférence, qui doit avoir lieu début février 2007), présidé par Alain Juppé, soit « rééquilibrée ». Il a proposé deux noms : Michel Rocard et Hubert Védrine. Védrine est donc ainsi entré dans le comité aux côtés de son ami Nicolas Hulot, d'Alain Juppé, d'Edgar Morin et de quelques scientifiques.
Ce n'est pas sur une question touchant à l'environnement que Nicolas Hulot a souhaité conclure son témoignage sur son ami Jacques Chirac, mais sur une anecdote montrant l'homme tel qu'il le perçoit. En dehors de sa fondation, Nicolas Hulot soutient une association basée dans l'Ain, qui s'appelle « Arc-en-ciel » et dont l'objet est de réaliser des rêves d'enfants. Il se retrouve ainsi à relayer le rêve d'un petit Nicolas qui souhaite aller à l'Élysée. Il téléphone à Claude Chirac qui accepte sur-le-champ. Quelque temps plus tard, le 13 juin 1996, le garçonnet, ses parents, son frère et le président de l'association, facteur de son état, se retrouvent à déjeuner dans les jardins de l'Élysée autour de Bernadette et de Claude Chirac. À la fin du repas, un garde républicain vient demander au petit garçon de le suivre jusqu'à la cour principale de l'Élysée où la Garde républicaine en tenue d'apparat est déployée. Les gardes, sabre au clair, lui rendent les honneurs. Nicolas passe sous la haie de sabres et arrive ainsi jusqu'à Jacques Chirac qui le conduit dans son bureau, le fait asseoir dans son fauteuil et passe une demi-heure avec lui. « Il n'y avait pas de photographes, personne n'avait été prévenu. C'est ça, Chirac… »
1 Delta marécageux occupant, à l'intérieur des terres, la région du Ngamiland, au Botswana.
2 Yves Coppens faisait également partie du voyage.
Dernier entretien
14 janvier 2007
Ce rapide survol de l'action de Jacques Chirac est incomplet et évidemment subjectif. J'ai tenu à poursuivre mon barbouillage des caricatures faites de lui et de son action en essayant de montrer que, pour ce qu'il considère comme essentiel, il est cohérent et que cette cohérence prend ses racines dans ce que j'appelle le « Chirac intime ». Si j'ai consacré autant de pages à l'impulsion qu'il a su donner à la politique étrangère et surtout à l'affaire irakienne, c'est parce que je suis attaché à l'indépendance de notre pays et que c'est à cette aune-là que je juge d'abord un président. J'aurais pu compléter cette quatrième partie par quelques mots sur ses trois chantiers (Sécurité routière 2 , Lutte contre le cancer, et son volet Lutte contre le tabagisme 2 , Aide aux personnes handicapées), son combat contre le sida 3 , sa relance des relations avec l'Allemagne mais aussi sur ce qui est considéré comme ses plus graves échecs : la dissolution de l'Assemblée nationale en 1997 et le non au référendum sur la constitution européenne 4 … mais mon objectif n'était pas de dresser un bilan exhaustif.
Pour se faire une opinion sur l'action de Jacques Chirac, je conseille au lecteur de faire son marché, avec beaucoup de prudence, dans les dizaines de milliers de pages qui lui ont été consacrées. Il constatera en effet que politologues, journalistes, biographes donnent l'impression d'écrire en se servant d'une même hache. Hormis ce qu'il considère lui-même comme important, il pourra estimer que Chirac se rapproche çà et là de sa caricature en sacrifiant à la tambouille politicienne, mentant, laissant tomber, faisant des « coups », haïssant ce qu'il a adoré hier… Néanmoins, malgré les précautions exposées au début de ce livre, j'ai éprouvé tout au long de sa rédaction un sentiment bizarre. J'ai souvent craint de laisser courir ma plume ; marqué moi-même par le matraquage médiatique contre Chirac, j'ai hésité à coucher sur le papier ce que je ressentais ; n'étais-je pas à mon tour tombé sous le charme ? est-il possible d'écrire sereinement dans la sphère politique ? Évidemment, non. Journalistes et hommes politiques, qui font partie du même monde, adorent ou abhorrent, ils enchaînent le « lèchent, lâchent, lynchent », comme dit si bien Jean-François Kahn. Le président de la République est le champ d'investigation rêvé des plumitifs, puisque
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