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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Péan
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m'a raccompagné jusqu'à mon scooter, puis, comme il n'y avait personne pour ouvrir la porte principale, il s'est rendu dans la salle de garde où se tenait un gendarme, veste tombée, en train de regarder un match. Vous imaginez la tête du pandore quand le chef de l'État, qu'il n'avait pas vu venir, lui a demandé d'ouvrir la porte pour que son ami puisse sortir… Il n'a pas engueulé le brave gendarme et cette histoire n'a eu aucune suite fâcheuse pour lui. Jacques Chirac est prompt à la blague, à la dérision comme à l'autodérision. »
    Le réalisateur d' Ushuaïa lui est reconnaissant de lui avoir permis en 1998 de réaliser deux de ses rêves. Il voulait faire inscrire le site du delta intérieur d'Okavango 1 au patrimoine mondial de l'humanité, et il rêvait de rencontrer Nelson Mandela, « l'homme que j'admirais le plus au monde ». Jacques Chirac l'a invité à l'accompagner dans son voyage officiel en Afrique australe 2 où il aura ainsi pu rencontrer les trois dirigeants des pays concernés par l'inscription du delta (le Botswana, la Namibie, l'Afrique du Sud). À Pretoria, le 26 juin, Mandela offrait un dîner officiel à des centaines de convives. « Tout à coup, je vois des gens du service de sécurité courir dans les couloirs. Ils me cherchaient. Ils m'emmènent jusqu'à l'entrée d'une petite salle, ouvrent la porte : il n'y a que Chirac et Mandela. Chirac me présente et me laisse seul avec Mandela. J'ai vécu là les quinze minutes d'émotion les plus fortes de toute ma vie. Puis Chirac est venu me rechercher… »
    Nicolas Hulot revient sur ses longs dialogues avec le président : « Je me suis construit au fil de ces dialogues, et cela a été réciproque. Nous nous sommes construits ensemble. » Il inscrit la hantise de la « maison qui brûle » chez Jacques Chirac, à son obsession de ne pas voir rompre le lien entre l'homme et son environnement, faute de quoi il se perdrait. Ses préoccupations sur l'environnement s'inscrivent dans la logique qui l'a conduit à créer le musée du quai Branly, à défendre les peuples premiers, à promouvoir le dialogue des cultures. Cette logique a imprégné à son tour Nicolas Hulot qui, entre deux considérations sur l'environnement, montre un Chirac en arrêt devant la dent de narval posée sur la grande table de réunion jouxtant son bureau, ou, au retour d'un voyage en Mongolie, s'enflammant au cours de leur conversation sur Gengis Khan. Nicolas Hulot n'hésite pas à parler de « vraie affection » pour caractériser ce qui l'unit au chef de l'État. « Toutes ces discussions ont forgé des liens. Ensemble nous avons toujours été en confiance. »
    Nicolas Hulot confirme que son ami président a consacré un « temps fou » aux questions d'environnement. Chirac a lu à ce sujet de nombreux rapports scientifiques. Il a accepté, à sa demande, de rencontrer, sans aucune exclusive, des spécialistes dont la venue à l'Élysée n'était pas du tout évidente, comme certains membres du mouvement Greenpeace. « Il s'est personnellement beaucoup impliqué, il a beaucoup donné de lui-même. Il s'est démené pour que la Chine adhère au protocole de Kyoto. Il a téléphoné sans répit aux chefs d'État pour les convaincre de la nécessité de défendre la planète. Tout cela n'était pas évident, car il était raillé dans son propre camp tandis que la gauche voyait là un faux-semblant électoraliste. Longtemps on a douté de sa sincérité. Il a porté à bout de bras la Charte de l'environnement, son vote par le Parlement, son inscription dans la Constitution, le 28 février 2005, qui a été un acte politique majeur. La droite était vent debout contre cette Charte ! »
    Nicolas Hulot s'est toujours tenu aux côtés du président dans toutes ses actions de défense de l'environnement, que ce soit sur le plan national ou international. Il ne tenait qu'à lui d'y être encore davantage associé. Un matin de mai 2002, Jacques Chirac lui a même proposé de devenir ministre de l'Environnement.
    – Tu me rappelles avant 17 heures, lui a-t-il dit au téléphone.
    « J'étais avec ma femme et mon jeune bébé dans les Alpes-de-Haute-Provence. J'ai su d'emblée que j'allais décliner sa proposition, mais je n'ai pas osé le lui dire tout de suite. J'ai feint de réfléchir. Quelques heures plus tard, je lui ai expliqué que si j'acceptais, il perdrait un conseiller au profit d'un mauvais ministre. Il a été très déçu de

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