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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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des louches, des grattoirs, des passoires et des maillets à viande. S’y ajoutait une série d’immenses couteaux de cuisine dont les lames d’acier à l’aspect redoutable pouvaient fendre un os en deux. Ils étaient tous marqués des initiales de ma mère : JT pour Junilla Tacita.
    Sur la plus haute étagère étaient rangés quatre pots spécialement destinés à cuisiner des loirs. Mais il ne fallait pas se fier aux apparences : M’an répète à qui veut l’entendre que les loirs ont très peu de chair et sont immangeables, qu’ils sont tout juste dignes des gens chichiteux qui n’ont aucun goût et des habitudes alimentaires déplorables. Mais lors des saturnales, quand vous avez déjà une demi-heure de retard pour la fête de famille et que vous cherchez un présent pour votre mère que vous négligez depuis douze mois, ces marmites à mijoter des loirs vous apparaissent soudain comme le cadeau idéal. M’an les acceptait gracieusement des mains de celui ou celle qui s’était fait piéger par les soldes, puis les alignait comme autant de reproches sur l’étagère du haut.
    Des bottes de plantes séchées embaumaient la pièce. Des coupes pleines d’œufs ou de légumes secs s’entassaient partout où il y avait un espace libre. La surabondance de balais et de seaux indiquait clairement de quelle façon ma mère entendait régenter sa cuisine… et sa famille !
    Ce soir-là, l’effet souhaité était quelque peu gâté par l’attitude du malappris qui venait de m’éructer à la figure. Je n’hésitai pas à le dévisager avec impudence. Des touffes de cheveux gris se rebellaient sur ses tempes. Comme son visage banal, le dôme chauve de son crâne était devenu acajou foncé sous l’action du soleil. Il avait tout d’un homme ayant séjourné dans le désert oriental. Je ne tardai pas à deviner de quel bout de désert brûlant il s’agissait, et je fus étreint par un mauvais pressentiment. Ses bras et ses jambes nus arboraient le genre de musculature permanente qu’on acquiert après des années d’une activité physique soutenue, et qui diffère notablement des résultats éphémères obtenus au gymnase.
    — Par Hadès, qui es-tu ? eut-il le culot de me demander.
    La folle pensée que ma mère avait pris un amant pour égayer sa vieillesse me traversa l’esprit sans s’attarder.
    — Pourquoi ne me dis-tu pas d’abord ce que tu fiches ici ? déclarai-je d’un air rogue en le fixant.
    — Va te faire voir !
    — Pas encore, soldat.
    Je n’avais eu aucun mal à deviner sa profession. Même si sa tunique était si passée qu’elle paraissait rose pâle, les semelles de ses bottes militaires, épaisses de deux pouces, ne laissaient aucun doute. Et je connaissais ce type d’homme trop sûr de lui, à l’haleine empuantie par l’ail, et qui avait gagné ses cicatrices en se bagarrant à la caserne.
    Ses yeux mauvais se réduisirent à deux fentes, mais il ne fit pas l’effort de retirer ses bottes du plan de travail usé de ma mère. Je laissai tomber le balluchon que je portais et repoussai le capuchon qui m’enveloppait la tête. Bien qu’elles fussent humides et emmêlées, il identifia immédiatement les boucles de la famille Didius.
    — Tu es le frère ! m’accusa-t-il.
    Donc, il avait connu Festus. Ce n’était pas une bonne nouvelle. Et, d’après sa réaction, il avait entendu parler de moi.
    Il ne me restait plus qu’à agir en conséquence. Je cherchai tout de suite à prendre l’avantage.
    — J’ai l’impression qu’il y a du relâchement dans cette maison, soldat ! Tu ferais mieux d’enlever tes bottes de cette table et de te redresser avant que je t’enlève le banc de sous les fesses d’un coup de pied.
    Cette subtile psychologie produisit son petit effet : il s’exécuta sur-le-champ.
    — Doucement ! ajoutai-je, au cas où son intention aurait été de me sauter dessus.
    Il se redressa. Un bon point en faveur de mon frère, les gens le respectaient. Et l’expérience m’avait appris que j’allais moi-même bénéficier de ce respect pendant quelques petits instants.
    — Alors, tu es le frère ! répéta-t-il lentement, comme si ça avait une signification particulière.
    — C’est exact. Je suis Falco. Et toi ?
    — Censorinus.
    — Tu appartiens à quelle légion ?
    — La Quinzième Apollinaris.
    Évidemment ! Mon humeur ne fit que s’assombrir davantage. La Quinzième légion était celle où mon frère avait

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