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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pouvais me diriger les yeux fermés. Je poussai mon cheval et nous laissâmes derrière nous le Circus Maximus, les temples de Cérès et de Luna, les grandes arches, les thermes, les marchés couverts qui contribuaient à la gloire de Rome. Tout cela pouvait attendre. Un seule chose m’importait : atteindre mon lit le plus rapidement possible. Je vis la pluie cascader le long de la statue d’un ancien consul, en glissant le long des rigoles formées par les plis de bronze de sa toge. Des cataractes tombaient des toits dont les gouttières ne parvenaient pas à évacuer ce trop-plein d’eau. Les portiques se trouvaient transformés en fontaines. Mon cheval essayait de raser les murs pour s’abriter sous les auvents des boutiques, tandis que je tirais sur son mors pour l’obliger à rester au milieu de la route.
    Nous nous frayâmes un passage le long de la rue de l’Amilustrium. Dans les petits chemins adjacents, qui ne possédaient pas d’égouts, l’eau arrivait au genou. Heureusement, nous ne tardâmes pas à aborder la colline, laissant les inondations derrière nous. Mais le terrain n’en était pas moins hasardeux. La pluie avait tellement dégouliné le long des chemins de l’Aventin que la puanteur habituelle n’était même pas là pour m’accueillir. Les choses rentreraient très certainement dans l’ordre dès le lendemain – en pire, car des monceaux de détritus auraient été éparpillés par les précipitations.
    Un soudaine sensation de familiarité m’apprit que nous étions arrivés Cour de la Fontaine.
    Ma rue. Après une aussi longue absence, cette sinistre impasse me parut encore plus sordide que d’habitude. Tous les volets étant soigneusement barricadés et les auvents roulés, pas la moindre lumière ne filtrait. Rien n’était fait pour rendre l’endroit plus hospitalier. Le mauvais temps avait beau avoir chassé la foule de dégénérés qui y grouillait habituellement, il n’en sourdait pas moins une tristesse insondable. Le vent s’engouffrait violemment dans ce cul-de-sac, et il nous revenait en pleine figure. Sur un côté de l’impasse, je pouvais apercevoir l’immeuble où j’habitais. Il se dressait comme un rempart républicain aveugle, destiné à soutenir une invasion de barbares. À l’instant où je m’en approchais, un lourd pot de fleurs s’écrasa près de moi, me manquant de peu.
    J’ouvris la porte de la carriole pour en faire sortir les pauvres âmes confiées à ma charge. Emmitouflées comme des momies pour lutter contre les intempéries, elles descendirent avec des gestes raides. Une nouvelle bourrasque leur découvrit les jambes, et elles se précipitèrent dans l’entrée pour se mettre à l’abri. Il y avait là ma fiancée, Helena Justina, une de mes nièces qui nous avait accompagnés, et notre cocher, un robuste Celte, censé m’aider à assurer leur protection. Soigneusement choisi par moi, je l’avais vu trembler de terreur pendant la plus grande partie du voyage. J’avais découvert très vite qu’il était aussi timide qu’un lapin hors de son terrier. C’était la toute première fois qu’il quittait le Bingium et tout le long du chemin, j’avais regretté de ne pas l’y avoir laissé.
    J’avais pu du moins profiter de la présence d’Helena. Non seulement elle était fille de sénateur, ce qui impliquait déjà beaucoup de choses, mais elle savait exactement ce qu’elle voulait. Au cours du voyage, elle avait su se montrer plus maligne que n’importe quel responsable de mansio 2 essayant de ne pas nous donner ses meilleures chambres, et elle s’était promptement débarrassée des vilains qui exigeaient illégalement un péage pour franchir un pont. Pour l’instant, à la lueur d’un méchant lumignon tenu par le cocher et qui ne tarda pas à s’éteindre, je pouvais lire dans ses yeux noirs qu’elle n’avait pas du tout apprécié les dernières heures du trajet et avait bien l’intention de régler ses comptes avec moi. Je la connaissais suffisamment pour savoir qu’il était inutile de perdre mon temps à lui faire un sourire charmeur.
     
    Nous n’étions pas encore vraiment arrivés chez nous. Mon logis se trouvait au sixième étage. Nous nous lançâmes à l’assaut des marches en silence et dans le noir. Après six mois passés en Germanie, où il était exceptionnel de trouver une construction de deux étages, je sentais les muscles de mes cuisses protester. Il fallait être en bonne santé pour

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