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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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qu’elle attendait de moi. Pour une raison que j’ignorais, elle jouait à la faible femme dont le fils costaud a quitté son repaire pour venir à son secours. C’est un rôle qui lui allait bien mal. Je tentai de faire preuve de diplomatie.
    — Je ne faisais que constater un fait, M’an.
    — Oh, je savais que ça n’allait pas lui plaire, lança-t-elle à la cantonade.
    J’étais trop fourbu pour résister. Je me plantai devant le légionnaire. Il devait se croire impressionnant – à juste titre –, mais il était néanmoins plus facile à manœuvrer qu’une mère à l’esprit tortueux et aux mobiles obscurs.
    Censorinus venait de comprendre que le jeu était terminé. L’attitude de Junilla Tacita laissait clairement entendre qu’elle l’avait laissé loger chez elle jusqu’au moment où quelqu’un serait capable de la débarrasser de lui. Et celui qu’elle chargeait toujours des sales besognes était enfin de retour. À quoi bon lutter contre mon destin ?
    — Écoute, l’ami. Je suis éreinté et glacé jusqu’aux os, alors j’irai droit au but. Je viens de faire un bon millier de milles au plus mauvais moment de l’année. Mon appartement a été dévasté par je ne sais quels pèlegreux et mon propre lit est plein de gravats, parce qu’une partie du toit s’est effondrée dessus. Dans dix minutes j’ai l’intention d’être dans un lit de secours. Et ce lit de secours, c’est celui que tu occupes. C’est le moyen choisi par le sort pour te faire comprendre que les dieux peuvent être des amis inconstants.
    — Bravo pour l’hospitalité due aux étrangers ! grogna Censorinus en me regardant. Et merci à ceux qui se disent vos copains !
    Je notai une menace dans son ton qui me mit mal à l’aise. Menace qui ne semblait pas se rapporter au sujet de notre discussion.
    — Écoute, j’ai besoin de la chambre pour ma dame et moi. Mais on ne te met pas à la porte cette nuit. Il y a un grenier parfaitement sec qui est tout à fait vivable.
    — Tu peux te le mettre où je pense, ton grenier ! rétorqua le légionnaire. Et Festus et toi, vous pouvez aller vous faire foutre !
    — S’il n’y a que ça pour te faire plaisir…
    Je ne voulais surtout pas donner l’impression que, pour notre famille, le seul aspect positif de la mort de Festus était de ne plus avoir à loger et à nourrir la cohorte de ses amis plus ou moins pittoresques.
    Je vis M’an tapoter l’épaule du légionnaire en murmurant :
    — Je suis désolée, mais je ne peux pas te garder ici à irriter mon fils…
    — Oh, M’an ! Par Jupiter !
    Ma mère était vraiment impossible.
    Pour accélérer le mouvement, j’aidai Censorinus à faire ses paquets. Avant de disparaître, il me jeta un regard malveillant, mais j’étais bien trop content de retrouver les joies de la famille pour m’en préoccuper.

3
    Helena et M’an joignirent leurs efforts pour installer notre petit groupe. Nos domestiques furent expédiés dans le grenier. Ma jeune nièce Augustinilla partagea le lit maternel.
    — Comment va Victorina ? me forçai-je à demander.
    Nous nous étions chargés de sa fille parce qu’elle était malade.
    — Victorina est morte. (Ma mère m’annonça la nouvelle sur le ton de la conversation, mais la tension de sa voix ne m’échappa pas.) Je n’avais pas l’intention de te l’annoncer ce soir.
    — Victorina n’est plus là ?
    Je parvenais à peine à le croire.
    — Depuis décembre.
    — Tu aurais pu m’écrire.
    — Ça t’aurait servi à quoi ?
    Je laissai tomber ma cuillère sur la table pour agripper mon bol des deux mains. Je puisais un certain réconfort dans sa chaleur.
    — C’est tout de même incroyable…
    Pas vraiment. Victorina souffrait d’un problème interne, et un charlatan d’Alexandrie, un médecin dont la spécialité était d’explorer du doigt l’anatomie féminine, avait réussi à la convaincre de se laisser opérer. Il avait dû se tromper dans son diagnostic, ou, plus vraisemblablement, il avait raté l’opération. C’était loin d’être rare. En fait, la mort de Victorina n’était pas vraiment surprenante.
    Étant l’aînée, elle avait tyrannisé les six autres qui tâchaient de survivre à leur petite enfance. Je m’étais toujours tenu aussi éloigné d’elle que possible : j’ai toujours détesté les bleus et les menaces. Lors de ma naissance, elle était déjà adolescente et possédait une fort mauvaise réputation.

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