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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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lugubre. J’avais toujours trouvé son sens de l’humour irrésistible. Je l’attirai entre mes bras, comptant sur elle pour raison garder.
    Elle en profita pour m’embrasser. Elle avait l’air un peu triste, mais ses lèvres me communiquaient toute la tendresse du monde.
    — Bienvenue chez toi, Marcus.
    Lors du premier baiser que j’avais donné à Helena, elle avait le visage glacé et les sourcils humides. Et, comme en cet instant, j’avais eu l’impression de m’éveiller d’un sommeil profondément troublé pour me laisser gaver de gâteaux au miel.
    Je soupirai. Seul, j’aurais probablement dégagé un coin où je me serais recroquevillé pour dormir entouré d’immondices. Mais dans le cas présent, il nous fallait trouver un autre gîte. Nous allions devoir nous réfugier dans la famille. La maison confortable des parents d’Helena se trouvait de l’autre côté de l’Aventin – bien trop loin et trop risqué. Une fois la nuit tombée, Rome devient une ville sans cœur et sans morale. Il ne nous restait donc plus qu’à espérer une aide divine de l’Olympe, ou celle de ma propre famille. Jupiter et ses acolytes, sans doute bien trop occupés à s’empiffrer d’ambroisie, ignorant mes appels au secours, nous fîmes appel aux miens.
    Je ne sais plus comment nous parvînmes à redescendre les six étages. La tempête continuait de sévir et décourageait les voleurs. C’était déjà ça ! Dehors, la silhouette sombre de notre carriole se détachait toujours. Nous passâmes l’ombre de l’Emporium, barricadé pour la nuit, mais d’où s’échappaient néanmoins des senteurs exotiques : bois rares, cuirs, viandes et épices. Nous atteignîmes bientôt un autre immeuble, avec moins de marches et une façade moins délabrée. Encouragés par la perspective d’un repas chaud et d’un lit sec, nous grimpâmes presque allègrement vers la porte au chambranle de brique rouge. Elle n’était jamais fermée. Aucun voleur de l’Aventin n’était assez courageux pour pénétrer dans cet appartement.
    Arguant de mes droits territoriaux, je fus le premier à y pénétrer. Je n’étais plus qu’un garçon qui rentrait chez lui. C’est ici que j’avais grandi, mais c’est envahi d’un immense sentiment de culpabilité que je pénétrai chez ma vieille mère.
    La porte d’entrée donnait directement sur la cuisine. À ma grande surprise, une lampe à huile était encore allumée. Les habitudes de M’an étaient généralement plus frugales. Peut-être avait-elle senti que nous arrivions ? Je me préparai à entendre ses exclamations joyeuses, mais elle n’était pas là.
    Je fis un pas à l’intérieur et, ébahi, m’arrêtai net.
    Un inconnu prenait ses aises, ses pieds chaussés de bottes posés sur la table. Personne n’était autorisé à un tel sans-gêne chez ma mère. Il me fixa d’un œil vague pendant quelques instants, puis laissa échapper volontairement un rot sonore.

2
    Comme toute mère qui se respecte, la mienne avait transformé sa cuisine en poste de commande. C’est là qu’elle se tenait pour superviser la vie de ses enfants. Nous, nous avions tendance à voir en ce lieu une arène animée, où on pouvait manger à s’en rendre malade tout en se plaignant bruyamment les uns des autres dans l’espoir de détourner l’attention de M’an.
    Comme dans la plupart des cuisines, on y trouvait un banc de cuisson en pierre. Il était en partie intégré au mur extérieur qui supportait ainsi une grande partie de son poids. En revanche, de l’autre côté, le plancher paraissait sur le point de céder. L’appartement de ma mère se trouvait au troisième étage et disposait d’un grenier ; mais comme mes sœurs y dormaient quand elles étaient petites, il fallait évacuer la fumée de la cuisine par une fenêtre du bas, au moyen d’un éventail qui restait suspendu à la fermeture du volet. La corvée incombait à celui ou à celle qui avait le malheur de se trouver là au mauvais moment.
    Au-dessus du banc de cuisson étaient suspendues des casseroles de cuivre et des poêles à frire dont certaines, achetées d’occasion, portaient les traces laissées par plusieurs générations d’utilisateurs. Sur l’une des étagères étaient alignés des bols, des gobelets, des pichets, des pilons, et une collection de cuillères dépareillées plantées dans un vase ébréché. À des crochets assez résistants pour supporter une demi-carcasse de bœuf pendaient

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