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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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héberger les dragons, et ceux-ci s’installent au contraire chez les protestants obstinés.
    Ces « missions armées » incitent des milliers de huguenots à se convertir.
    Louis approuve Louvois qui propose que l’on étende à l’ensemble des provinces les missions armées, étant entendu que l’assassinat et le viol seront sévèrement punis.
    Louvois se récrie. Les dragons peuvent être rudes, dit-il, mais ils sont justes. Ils sont les missionnaires armés de la juste foi.
    Mme de Maintenon s’inquiète des enfants huguenots que leurs parents retiennent dans la fausse religion. N’est-ce pas le devoir du roi de les arracher à l’erreur, au péché, au blasphème, à l’hérésie ?
    C’est œuvre pie.
    Le 17 juin 1681, il édicté dans une déclaration royale que les enfants de protestants de sept ans et plus ne pourront quitter le royaume et qu’ils pourront librement se convertir, dès cet âge de sept ans, sans l’autorisation de leurs parents.
    C’est son devoir de Roi Très Chrétien d’agir ainsi.
    Il faut que les huguenots sentent que le sol se dérobe sous leurs pieds, qu’ils n’auront la paix que s’ils se convertissent. Sinon, ils devront souffrir les dragons ou quitter le royaume.
    Louvois propose que l’on ferme l’académie de Sedan, dans laquelle enseignent Pierre Bayle et Jurieu, deux lettrés protestants qui se piquent de théologie et de philosophie.
    Peu importe que l’un et l’autre gagnent Rotterdam, que Bayle y donne peu de temps après son arrivée des leçons de philosophie.
    Le royaume est plus fort d’être ainsi épuré des mal-sentants de la foi !
     
    Il ne veut plus écouter Colbert, tiède en religion, et répétant sans fin que les huguenots sont faiseurs de richesses.
    Dieu comme tout souverain ne compte pas à la manière d’un contrôleur général des Finances.
    Mais Colbert insiste pour que le roi reçoive à la Cour Henri de Massué, marquis de Ruvigny, député général des Églises réformées.
    Louis hésite puis, Colbert évoquant ces grands serviteurs huguenots de la monarchie qui restèrent à l’écart de la Fronde, ou bien qui, comme Turenne ou l’amiral Duquesne, l’un converti, l’autre pas, furent des soldats exemplaires, il accueille le marquis de Ruvigny avec courtoisie.
    Le gentilhomme est vieux. Il fait part de l’émotion des protestants qui se voient enlever leurs enfants afin de les convertir, de briser ainsi des familles, peut-être hérétiques, mais respectables, peut-être aveuglées, mais chrétiennes.
    Tout à coup, la voix du marquis de Ruvigny se met à trembler. Ruvigny évoque les vols, les viols, les crimes, les destructions, les brimades, les humiliations commis par les dragons dans leurs « missions armées ». Les soldats ne respectent ni les vieux, ni les enfants, ni les femmes, ni les biens. Louis écoute.
    Louvois avait prétendu que les dragons se conduisaient en hommes justes.
    Il dévisage le marquis de Ruvigny. Il croit à son témoignage. Il fera cesser ces exactions. Il retirera les dragons du Poitou, et remplacera l’intendant René de Marillac.
    Le marquis de Ruvigny remercie, mais, dit-il, si la persécution se poursuivait, ou renaissait, qui pourrait éviter le retour des guerres de Religion, ou l’exode des huguenots qui serait pour le royaume de France, auquel tous les protestants sont attachés, une véritable et mortelle saignée ?
    Louis toise Ruvigny.
    — J’obéis à un devoir sacré, en faisant tout pour convertir ces sujets égarés et extirper l’hérésie d’au milieu d’eux, dit-il.
    Il s’interrompt, lève le bras, reprend :
    — S’il fallait pour y parvenir que ma main droite coupât ma main gauche, je le ferais sans balancer.
    Le visage du marquis de Ruvigny pâlit. Et le vieil homme s’éloigne à reculons, la tête baissée.
    Louis reste un moment incertain, puis il se souvient de ce propos de Mme de Maintenon, qu’on lui a rapporté.
    — Si Dieu conserve le roi, il n’y aura pas un huguenot dans vingt ans.
    Que peut-il espérer comme plus grande gloire ?

63.
     
    Il s’interroge et s’étonne.
    Et s’il n’était plus sensible qu’à la gloire ?
    Il regarde avec indifférence cette jeune femme assise en face de lui. Depuis le début de ce souper de médianoche, dans l’intimité de ses appartements, il s’ennuie.
    Et pourtant cette Mlle d’Oré devrait l’attirer. Elle a des formes épanouies, et la spontanéité, la naïveté d’une vierge. Mais

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