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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de déplaire à Dieu ?
    Mais, en ce début d’année 1681, il n’a plus envie de danser.
    Il a même été tenté de rester auprès de Mme de Maintenon qui a refusé d’assister au ballet du Triomphe de l’amour , qui, à l’occasion de carnaval, est représenté dans la plus grande des salles du château de Saint-Germain.
    Elle a baissé la tête, comme pour se faire pardonner ce refus, puis elle a murmuré qu’elle resterait dans sa chambre toute seule, puisque tout le monde sera au ballet, qu’elle y goûtera ce qu’elle préfère, le repos, et qu’elle pourra ainsi prier Dieu.
    Louis doit être présent. Et cependant il se sent las.
    Avec ennui, il regarde s’avancer sur la scène son fils, Monseigneur le Dauphin, et sa jeune épouse Marie Anne Charlotte de Bavière.
    Il se souvient de la joie qu’il éprouvait jadis à virevolter parmi les danseurs, à être à la fois Apollon et Jupiter. Il a vécu cela. Mais son fils est trop maladroit pour être Bacchus. Il n’est qu’un courtisan du dieu !
    Louis n’est ému qu’au moment où entre en scène, entourée par les danseuses et les danseurs, sa fille, Mlle de Nantes, qui incarne avec la spontanéité de ses sept ans la jeunesse.
    Il se tourne et ses yeux croisent ceux d’Athénaïs de Montespan. Elle lui sourit, fière d’être la mère de cette enfant qui danse avec grâce, exécute une révérence, et que toute la Cour applaudit.
    Il dérobe son regard. Il ne veut pas qu’Athénaïs puisse imaginer que va renaître entre eux cette union qui fut heureuse.
    Il ne l’aime plus. Et il ne veut pas danser avec elle, le soir, lors du bal masqué qui clôture le carnaval.
    Il est inquiet, comme si ces fêtes somptueuses n’étaient plus accordées aux temps qui viennent et à son humeur.
     
    Et cependant, en raison, il sait que jamais sa gloire n’a été aussi rayonnante.
    Le royaume s’agrandit de toutes ces « réunions » qui annexent villes et territoires.
    Il vient de donner l’ordre à Louvois de mettre en marche les trente mille hommes qui vont encercler Strasbourg, ville libre, qu’il veut « réunir » à la Lorraine et à l’Alsace. On va acheter le consentement des édiles, les menacer de livrer leur ville aux soldats si elle n’ouvre pas ses portes et n’accueille pas le roi, pour un Te Deum qui rétablira Strasbourg dans la vraie religion, alors qu’elle a sombré dans la huguenoterie, celle de Luther, qui ne vaut pas mieux que celle de Calvin.
    Voilà pour le Rhin.
    Et il donne aussi l’ordre qu’on « réunisse » au royaume la place forte de Casal qui commande la vallée du Pô. Et on paiera le duc de Mantoue à qui elle appartient. Que Louvois négocie, et que ce comte Mattioli, qui représente le duc de Mantoue et qui tente de se jouer du roi de France, de nouer des liens avec l’Espagne, soit enlevé, à Mantoue, et enfermé, condamné à la prison à vie pour avoir joué double jeu contre Louis le Grand. Que personne ne connaisse l’identité de ce prisonnier au masque de velours et qu’il croupisse dans la forteresse des îles de Lérins, puis à la Bastille.
    Voilà ce qu’il en coûte de s’opposer au roi de France qui dicte sa loi à toute l’Europe, du Rhin au Pô.
    « Et que ces événements servent d’exemple et de raison à toute l’Europe, qui saura qu’elle doit se soumettre dès les premières semonces à ce que Sa Majesté, le Roi-Soleil, désirera ! »
    Il écoute ces louanges.
    Il veut cette gloire et cette puissance, mais c’est comme si, de son corps si souvent douloureux, la joie d’être qui l’a si longtemps habité, qui lui a fait désirer toutes les femmes, et les posséder presque toutes, s’était écoulée, ne laissant en lui que l’obstination de persévérer et la nécessité de vivre.
    Il a même le sentiment que la mort, comme une eau noire et menaçante, avance vers lui.
    Il avait été ému par la grâce de Mlle de Nantes. Il est durement touché par la mort de Mlle de Tours, de quelques mois plus âgée que sa sœur.
    Athénaïs de Montespan, qu’il avait vue si radieuse lorsqu’elle assistait aux entrechats de Mlle de Nantes, est accablée, femme lourde et vieillie, mère frappée par la mort de l’une de ses filles.
    Il l’entend qui dit d’une voix brisée, qu’il ne lui connaît pas, qu’elle va entreprendre un voyage, quitter la Cour pour quelques semaines « dans l’espérance que la dissipation me diminuera un peu les vapeurs qui ne me quittent

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