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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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tout se complique : Philippe V, en proie à une crise de mysticisme et de neurasthénie aiguë, abdique le 10 janvier 1724, en faveur de son fils aîné, le prince des Asturies, qui prend le nom de Louis I er . La fille du Régent devient donc reine d’Espagne, au grand dam du duc de Bourbon ! Mais pour huit mois seulement car, le 31 août, son royal époux meurt à seize ans de la petite vérole ; et Philippe V remonte sur le trône qu’il conservera jusqu’à sa mort, en 1746. Sa première décision sera de renvoyer en France cette reine éphémère, jeune veuve de quatorze ans et demi, à qui l’on reproche surtout d’avoir survécu à la maladie de son époux.
    Et si Louis XV mourait sans enfant…
    Les angoisses du duc de Bourbon ne se calment pas pour autant. Cette même année 1724, une recrudescence de petite vérole [8] menace la cour. C’est d’abord le prince de Soubise, capitaine des gendarmes de la garde, qui meurt à vingt-huit ans, suivi quelques jours plus tard par son épouse. Demain, le mal pourrait emporter le roi…
    Or Louis XV est fort, vigoureux, plutôt précoce et en état de procréer. Il ne faut plus attendre et lui offrir une épouse en âge de donner la vie ! Paniqué, Bourbon prend l’avis de son homme de confiance, le banquier Pâris-Duverney
et du maréchal de Villars, ministre d’État proche de Philippe V. Ils concluent tous à la nécessité de renvoyer l’infante et au mariage rapide du roi. Dans le plus grand secret, Monsieur de Morville, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, est prié de dresser la liste des princesses à marier.
    Fin octobre, la décision est prise selon le maréchal de Villars : « Dieu, pour la consolation des Français, nous a donné un roi si fort qu’il y a plus d’un an que nous pourrions en espérer un dauphin. Il doit donc, pour la tranquillité de ses peuples et pour la sienne particulière, se marier plutôt aujourd’hui que demain. »
    Si l’on convient d’attendre d’avoir trouvé une nouvelle fiancée au roi avant de renvoyer l’infante, personne n’ose évoquer la réaction espagnole et ses conséquences politiques. Un événement banal, survenu le 18 février 1725, met les parties d’accord : Louis XV, qui mange comme quatre, doit s’aliter soudainement, en proie à un dérangement sans gravité. Affolé, le duc de Bourbon campe jour et nuit devant la chambre royale, harcelant médecins, chirurgiens et valets, tout en ressassant le pire scénario : « Que vais-je devenir si le roi meurt ? S’il en réchappe, il faut le marier au plus vite ! »
    Dominant son désarroi, il a tôt fait de convaincre le Conseil. Le 1 er  mars, un courrier prend la route de Madrid. Il détient les lettres du roi de France signifiant le renvoi de l’infante. L’abbé de Livry, chargé de les remettre, révèle maladroitement à Philippe V le contenu des missives. Colère du roi d’Espagne qui refuse d’en prendre connaissance et les retourne rageusement à la France. Parallèlement, il expulse tous les Français résidant en Espagne. Parmi eux, les deux filles de Philippe d’Orléans
, la reine Louise-Élisabeth
et la petite Mademoiselle de Beaujolais. Il s’en est fallu de peu que le cortège de l’ex-reine d’Espagne et celui de la malheureuse petite infante ne se croisent sur les chemins des Pyrénées…
    Une centaine de princesses à marier
    Désormais, la voie est libre pour le duc de Bourbon qui passe à la seconde étape de son plan : marier le roi. Louis XV, apparemment soulagé du départ de Marie-Anne-Victoire, ne s’y oppose pas. Monsieur de Morville et le comte de La Marck ont déjà dressé la liste d’une centaine de princesses européennes en âge de se marier.
    Le Conseil décide de procéder par élimination : quarante-quatre d’entre elles sont trop âgées ; vingt-neuf sont trop jeunes ; dix autres, trop pauvres ou issues de branches cadettes, ne peuvent convenir. Dix-sept princesses restent en lice.
    À l’issue d’un second tour de table, la princesse de Danemark, luthérienne convaincue, est écartée. Tout comme la princesse de Prusse, les princesses de Saxe-Eisenach, de Hesse-Darmstadt et de Mecklembourg-Strelitz. Éliminées aussi : l’infante de Portugal, en raison de tares familiales, et la fille de la tzarine Élisabeth, « à cause de la basse extraction de sa mère ». La fille du roi d’Angleterre aurait pu rallier tous les suffrages, mais son père refuse

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