Marie Leszczynska
ans plus tôt, en 1660.
Alors que Mademoiselle de Montpensier court vers son destin de reine d’Espagne, Marie-Anne-Victoire sèche ses larmes de petite fille dans les bras de sa nouvelle gouvernante… Madame de Ventadour !
Après cinquante jours de voyage à petites étapes ponctuées de festivités, Louis XV accueille l’infante à Bourg-la-Reine. Les réjouissances reprennent à Paris, où le roi fait les honneurs du Louvre à la fillette qu’il conduit à son appartement, avant de lui remettre une magnifique poupée aussi grande qu’elle. Et la vie reprend son cours : Louis XV aux Tuileries et l’infante-reine au Louvre.
Retour à Versailles
1722 est une année de changements pour Louis XV. Elle a commencé avec l’arrivée de l’infante et va se poursuivre en juin avec le retour à Versailles, dans un château rénové après deux ans de travaux pour le rendre habitable.
Le jeune roi occupe l’appartement de Louis XIV, au premier étage de l’angle nord du bâtiment central. Villeroy loge derrière les cabinets du roi et Fleury s’installe dans l’appartement de son ancienne protectrice, Madame de Maintenon. Le Régent opte pour l’ancien appartement du Grand Dauphin, au rez-de-chaussée. Quant à l’infante-reine, qui rejoint la cour un peu plus tard, elle prend ses quartiers dans l’appartement de la reine.
Le roi, au comble de la joie, n’en finit pas de parcourir les terres de son bisaïeul : il chasse à Trianon, pêche dans le grand canal, courre à Marly et chevauche dans le bois de Chaville. Il a hérité des Bourbons la passion de la chasse… et un solide coup de fourchette ! Pour parfaire son éducation militaire, un camp a été créé à Porchefontaine, près de Versailles, où campe le régiment du roi commandé par le chevalier de Pezé. Un fort, dont il faut faire le siège selon les règles de l’art militaire, a été construit. Le roi assiste aux attaques simulées : le canon tonne, une mine explose, des hommes tombent comme morts. Ils sont aussitôt emportés, sur une civière pour les officiers, sur les épaules pour les soldats. Les assiégeants arborent l’habit blanc du régiment du roi ; les assiégés, tout de bleu vêtus, sont baptisés Hollandais ! En fin de journée, Louis XV parcourt à pied la tranchée et la ligne de batteries. Son assurance enthousiasme le chroniqueur du règne, l’avocat Barbier [6] : « S’il vit, ce sera un prince beau, bien fait et alerte. On tira à côté de lui des canons et des bombes sans qu’il eût la moindre frayeur. »
D’autres événements, plus sérieux, attendent le jeune roi : notamment la communion et la confirmation, dernières épreuves avant le sacre et la majorité.
Sacré sans Marie-Anne-Victoire
Fin octobre 1722, la cour s’installe à Reims pour assister au sacre de Louis XV. Villeroy n’est plus là, il a signé sa disgrâce en s’attaquant au Régent. Mais Fleury épaule toujours le roi.
Philippe d’Orléans
a voulu pour son neveu une cérémonie pleine de magnificence, aussi grandiose qu’il y a soixante-huit ans pour le sacre de Louis XIV. Après avoir prêté serment sur les Évangiles, reçu l’onction et la couronne de l’archevêque de Reims, Louis XV devient, à douze ans et huit mois, le Roi Très Chrétien, l’intercesseur entre Dieu et la Nation. La description de la couronne conçue par Claude Rondé, joaillier du roi, suffit à illustrer l’importance de l’événement. Barbier en est admiratif : « C’est la chose la plus brillante et l’ouvrage le plus parfait que l’on puisse imaginer. Elle a huit branches dont le bas en forme de fleur de lis de diamants, et au sommet est aussi une grande fleur de lis en l’air et isolée. Le diamant appelé Sancy, qui était le plus beau du temps de Louis XIV, fait le haut de la fleur, et il y a quatre autres gros diamants qui font les feuilles ; cela est monté en perfection. Le diamant que Monsieur le régent a acheté pour le roi est placé au milieu du front. Il est surprenant pour le volume, et certainement plus gros qu’un gros oeuf de pigeon. Il vaut trois millions, aussi le nomme-t-on le millionnaire [7] . »
Pendant que Louis XV, agenouillé devant l’archevêque, reçoit les neuf onctions rituelles dans la cathédrale de Reims ornée de somptueuses tapisseries et de draperies fleurdelisées, une petite princesse attend à Versailles le retour de son roi. L’infante-reine n’a pas été conviée au voyage.
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