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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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I
    L’INCONNUE DE LA LISTE
    J
    eudi 5 avril 1725, l’infante est partie ce matin. La petite fiancée de Louis XV rentre à Madrid. Voilà un mois que la rumeur venue de Versailles le laissait présager ; mais, cette fois, la petite Marie-Anne-Victoire a bien quitté le Louvre où elle résidait depuis trois ans.
    Personne n’a osé lui avouer qu’on la renvoyait parce qu’elle était trop jeune pour donner rapidement un dauphin à la France. On a fait croire à la fillette de sept ans que ses parents, le roi d’Espagne Philippe V et Élisabeth
Farnèse, souhaitaient la voir. C’est donc avec le sourire que Marie-Anne-Victoire a pris la route des Pyrénées… malgré l’absence de Louis XV, car son ex-promis de quinze ans n’a pas assisté aux adieux !
    L’orphelin de Versailles
    L’adolescent est maintenant sur le trône de France depuis bientôt dix ans. Il a pris le relais de Louis XIV, son arrière-grand-père, qui s’est éteint le 1 er  septembre 1715 à soixante-dix-sept ans, au terme d’un très long règne de soixante-douze ans. Similitude : il avait cinq ans, le même âge que son bisaïeul lorsque ce dernier succéda à Louis XIII ; mais, à l’inverse de Louis XIV qui avait sa mère auprès de lui, Louis XV était orphelin.
    C’était encore un bébé de deux ans quand ses parents, le duc et la duchesse de Bourgogne [1] , moururent à quelques jours d’intervalle d’une épidémie de « rougeole ». Le duc de Bretagne, son aîné de trois ans, reçut alors le titre de Monsieur le Dauphin. Mais pour quelques jours seulement, car la malédiction s’acharna sur la famille : les deux petits princes souffraient de la même maladie ! Alors que neuf médecins multipliaient émétiques et saignées sur le dauphin, il rendit l’âme le 8 mars 1712. Le petit duc d’Anjou, lui, était resté bien au chaud sous ses couvertures, avec pour tout remède quelques biscuits et un peu de vin. Quand les médecins décidèrent de le saigner à son tour, sa gouvernante, la duchesse de Ventadour, s’y opposa fermement. Et le nouveau dauphin guérit, presque miraculeusement… Depuis, l’avenir des Bourbons est lié à l’avenir de ce petit garçon.
    S’il n’a gardé aucun souvenir de ses parents, le futur Louis XV a été marqué par deux personnes au cours de sa petite enfance : Louis XIV, imposant et tendre à la fois bien que prisonnier d’un environnement sévère ; et Madame de Ventadour, qui tient le double rôle de mère et de grand-mère. Proche de la soixantaine, la duchesse, encore fort belle, a plongé dans la dévotion après quelques années de vie dissolue, conséquence d’un mariage malheureux. Très liée à Madame de Maintenon, elle a obtenu ce poste de gouvernante grâce à la favorite. Quant à l’instruction du dauphin, c’est encore un protégé de la fondatrice de Saint-Cyr qui s’en charge : l’abbé Perot
. Il lui apprend à lire et à écrire, l’initie à l’histoire et à la géographie, lui inculque les premières notions d’instruction religieuse.
    « Vous allez être un grand roi… »
    L’élève se révèle studieux. Il adore la géographie et griffonne déjà des billets pleins d’affection à son arrière-grand-père. Mais Madame de Ventadour s’inquiète de sa timidité en public : « Très joli tout seul ; devant le monde, sérieux. Je veux l’accoutumer à parler, mais on y a bien de la peine. » Un handicap qui rappelle la timidité maladive de Louis XIII.
    Protégé, choyé par « Maman Ventadour », il reçoit son premier choc émotionnel lorsqu’il se retrouve dans la chambre de son aïeul pour la cérémonie des adieux. Sentant sa fin prochaine, Louis XIV a voulu s’entretenir une dernière fois avec le dauphin : « Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c’est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela ; j’ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l’ai soutenue par vanité. Ne m’imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets. » Le regard voilé par les larmes, le Roi-Soleil embrasse deux fois le petit garçon devant l’assistance en pleurs. Le dauphin sanglote aussi en quittant le chevet du roi.
    Le 1

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