Marie Leszczynska
surnommé Auguste le Fort. Dans l’objectif d’une expansion territoriale sur le dos de la Suède, il se ligue avec le roi de Danemark et le tsar de Russie. C’est le début de la guerre du Nord. Les alliés pensaient ne faire qu’une bouchée du jeune roi de Suède, Charles XII ; mais, pour son baptême du feu, ce dernier collectionne les victoires en battant tour à tour les Danois, les Russes et les Polonais. En 1702, ses troupes sont aux portes de Varsovie, tandis qu’Auguste II se réfugie dans Cracovie. Commence alors pour la Pologne une longue crise politique entretenue par deux camps rivaux : les partisans du roi Auguste et les sympathisants du roi de Suède qui compte désormais parmi ses rangs la famille Leszczyński
.
Destin royal inattendu
Stanislas
est missionné pour rencontrer le roi Charles XII, afin de négocier la paix avec les Suédois au nom de la confédération de Varsovie. L’entrevue a lieu le 31 mars 1704. Surprise : les deux jeunes hommes sympathisent ! Le roi de Suède devine un allié docile ; quant à Stanislas
, fasciné par la personnalité du souverain, il accepte d’être son candidat à l’élection royale. L’attrait du destin national a vite raison de ses hésitations.
Sans grande surprise, la diète d’élection proclame Stanislas
roi le 12 juillet 1704. Toutefois, le nouvel élu ne peut régner qu’après avoir prêté le serment des pacta conventa [6] qui précède le couronnement. Une affaire de quelques jours, selon Charles XII qui feint d’ignorer que le pouvoir de Stanislas
se limite aux territoires occupés par l’armée suédoise et que les opposants le considèrent comme un « antiroi ». En réalité, il faudra attendre plus d’un an !
Le 4 octobre 1705, le sacre du roi Stanislas
I er est organisé à Varsovie. Sur une estrade, deux fillettes, Anna
et Marie, ne perdent pas une seconde de la cérémonie. Stanislas
, drapé dans un grand manteau rouge doublé de zibeline et Catherine Opalinska, parée de ses diamants, impressionnent les deux enfants.
Sitôt les fêtes du couronnement passées, Stanislas
se trouve confronté aux réalités : Auguste II n’a pas abdiqué et compte bien gouverner depuis Cracovie, tout en espérant lancer une opération sur Varsovie afin d’enlever son rival. Stanislas
, lui, a pour unique soutien les troupes suédoises dont les exactions provoquent la colère de la population polonaise. Des deux rois, le nouveau est le plus mal loti.
On a perdu la petite Marie !
Se sentant menacé, il tente de mettre sa famille à l’abri. Peine perdue… La mère de Stanislas
, la reine et ses filles sont contraintes de se réfugier en Poméranie occidentale, à Szczecin [7] , alors possession suédoise.
Marie a deux ans et demi lors de cette fuite éperdue où elle va vivre une aventure rocambolesque. Après une courte halte dans une auberge, les fugitifs reçoivent l’ordre de reprendre la route et s’exécutent dans le plus grand désordre. Le convoi a déjà parcouru plusieurs lieues lorsque la gouvernante de la princesse s’aperçoit de la disparition de la fillette. Les voitures stoppent. On cherche en vain le bébé. Aucune trace ! Il faut retourner à l’auberge, mais Marie reste introuvable. Heureusement, un valet pense à inspecter les écuries. Et il découvre, dans une auge, la petite princesse abandonnée qui lui tend les bras en souriant... Cette mésaventure ne relève pas de la simple légende ; Marie la racontera beaucoup plus tard à Voltaire qui s’empressera de l’évoquer dans son Histoire de Charles XII.
Durant ce temps, Stanislas
, conscient de la situation désespérée dans laquelle il se trouve, signe sans hésitation un traité d’alliance avec la Suède. La manoeuvre s’avère payante et les émissaires du Saxon signent la paix le 24 septembre 1706. Auguste II abdique en faveur de Stanislas
; hélas, l’armée moscovite venue le soutenir envahit la Grande Pologne qu’elle ravage. Leszno, la ville des Leszczyński, n’est pas épargnée, sa population massacrée ou déportée, ses terres pillées, ses biens confisqués. La famille Leszczyński
est ruinée. Stanislas
doit se rendre à l’évidence : il n’est pas parvenu à rassembler les Polonais ni à réunifier l’État. Pour sortir de l’impasse, il envisage de négocier avec les partisans d’Auguste II en dépit de l’interdiction du roi de Suède, parti affronter les Russes.
Le 9 juillet 1709, la
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