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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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lassitude.
    — Une chose est sûre, s’il embête mes enfants, même du haut de ses six pieds et demi, le Télesphore va avoir de mes nouvelles. Il ne fera passer aucun de mes garçons pour un sauvage.
    — Tu ne devrais pas dire cela à un juge de paix. S’il lui arrive quelque chose, ensuite...
    — Tu sauras que j’ai une bonne raison de lui réserver un chien de ma chienne... A part ça, veux-tu une tasse de thé ?
    Depuis que les Lemay ont eu des ennuis avec les grenouilles de bénitier, je n’ai rien de mieux à t’offrir...
    Les deux hommes partirent d’un grand rire. Un peu plus tôt, la paroisse avait perdu le meilleur endroit où se procurer de l’alcool de contrebande. La campagne des secs devenait vraiment une nuisance.

    Chapitre 1

    Dans la petite salle à manger de l’appartement de la rue de la Fabrique, tous devaient se serrer les coudes. Cela tenait à la visite impromptue de Thalie. La jeune fille ne multipliait pas les séjours à Québec pendant l’année scolaire, aussi la maisonnée s’empressait de lui faire honneur.
    — Tes professeurs ne te font pas trop de misères ?
    questionna Amélie.
    — Ils semblent se faire lentement à la présence de quelques jeunes filles dans les classes. Maintenant, à part les longues heures d’étude, les choses se passent bien.
    — Je préfère encore vendre des rubans, déclara la jolie Monde en riant.
    Elle se réjouissait de sa nouvelle existence. Recevoir des clientes lui paraissait cent fois préférable à l’attente du bon parti au coin du feu, dans la grande maison paternelle de Rivière-du-Loup.
    — Et moi, je suis bien contente de t’avoir avec moi !
    déclara Marie en prenant l’assiette devant elle.
    Les jours où les convives se pressaient à la table, Gertrude ne suffisait guère au service. La maîtresse de maison assumait sa part des corvées de bonne grâce, tellement heureuse de voir tous les siens autour d’elle.
    — Je peux me rendre utile, commença Thalie en faisant mine de se lever.

    — Non, non, maintenant tu es une visiteuse, remarqua sa mère.
    — Alors que moi, je deviens comme un vieux meuble, ajouta Françoise.
    Elle avait dit cela en riant au moment d’apporter son aide, mais une pointe d’irritation perçait dans sa voix. Le mariage de son père avec sa patronne faisait d’elle la fille aînée de la maison. Certaines corvées ménagères lui incombaient désormais. On ne parlait plus d’elle en tant qu’invitée, comme c’était le cas deux ans plus tôt.
    — Je suis désolé de devoir vous quitter bien vite, déclara Mathieu, mais je me suis engagé...
    Le jeune homme se tenait près de Gertrude, encore occupé à lui expliquer la nature de son emploi auprès du substitut du procureur général de la province. La vieille domestique en retenait qu’il passait ses journées à ouvrir le courrier des autres.
    — Je viens de la grande ville pour te voir, plaida Thalie, et toi, tu vas courir la campagne en galante compagnie.
    — Tu viens voir ta maman. Et moi, je vais voir les parents de Flavie. Les dimanches servent à cela.
    — Comment vas-tu te rendre là-bas en plein hiver ?
    questionna Marie en posant son plat de service au milieu de la table.
    — Ma tante Elisabeth m’a prêté sa jolie voiture rouge.
    — Oh ! commenta Thalie, elle te prête son automobile.
    Exprimé de cette façon, la jeune fille laissait sous-entendre une histoire un peu tordue.
    — Voyons, ne dis pas des choses comme cela ! s’exclama Marie.
    — Mais je ne dis rien... Seulement qu’elle lui a prêté sa voiture.

    — Je connais ton humour !
    Paul, à l’extrémité de la table, regardait tout ce monde à assemblé. L’élargissement soudain de sa famille lui donnait parfois le vertige. Surtout, il se faisait bien lentement à la liberté de ton de la maison. Afin de changer le cours de la conversation, il demanda:
    — Du côté de Montréal, le chômage se résorbe, j'espère?
    — Au plus fort de l’hiver, les choses ne sont jamais faciles, répondit Thalie. On voit des hommes aller de porte en porte, offrir leurs services pour de petites tâches.
    — C’est la même chose ici.
    — Tout de même, la situation paraît meilleure que l’hiver ou l’été dernier. Les prix ont recommencé à monter dans les grands magasins, les choses devraient aller en s’améliorant.
    La jeune fille prononça les derniers mots en souriant, incertaine de ses compétences en économie. Au lendemain de la Grande Guerre,

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